Jours les plus longs à cuire au four
Jean Claude Blanc
Jours les plus longs à cuire au four
Enfin l'été débarque à l'heure
Eclatent en juin, charmes et clameurs
Pour égayer merle enchanteur
Que d'hirondelles à tire d'ailes
Viennent pigmenter le bleu du ciel
Pas de gamberges existentielles
Sachant déjà battre le rappel
En cet espace naturel
Où on oublie le matériel
Inutiles seau, râteau et pelle
Que pour nos mômes, la mer est belle…
Pleine de déchets, d'huiles essentielles
Mais s'en arrangent de bouts de ficelles
Marins pêcheurs, qu'y gagnent leur sel
Pilleurs de maquereaux à grande échelle
Les nuits plus courtes que les jours
Où le soleil nous cuit au four
En ce solstice de bon aloi
Lui déclamer l'Hymne à la Joie
(De Beethoven, artiste sourd)
Hélas ne dure que 6 mois
Déjà décline de plus en plus bas
Est entamé compte à rebours
Après l'hiver, le printemps
(Evidemment pas très savant…)
Période où poussent herbes des champs
Prochaine étape blondeur des blés
Ainsi le moment de moissonner
Plombés de chaleur, les paysans
Le soir décline, doré de lumière
Grâce aux étoiles crépusculaires
Sur le pas de la porte, vais prendre l'air
Aller au pieu, n'y songe guère
Serait gâché, pure atmosphère
Atteint le sommet de l'ivresse
En ce moment où les bêtes paissent
Dans leur prairie de fleurs à foison
Et de fruits mûrs, de champignons
Mon âme en paix aussi paresse
Même pas peur des mouches qui piquent
Les chauves-souris, chassent ces moustiques
Bien que mal voyantes, si instinctives
Conservent en elles mémoire vive
Font la police, en cas de panique
Pôle Nord, pôle Sud en balance
Prévoir l'automne, y'a pas urgence
Jouissons de suite, sans faire de calculs
Car dès demain, c'est la bascule
(Plus on avance, plus on recule
Comment veux-tu que je t'enc…)
Ignoble grossier joue les gros nuls
Mais ne crains pas le ridicule
Tellement souffrant de la canicule
Font qu'à leur tête les planètes
Dont on ne risque pas d'en être maitres
Malgré baromètre, thermomètre
Et les lunatiques prophètes
On doit se faire à cette idée
Tout ce qui tombe des nues est béni
Descendu par minou le messie…
En guise de flingue, un chapelet
Curetons, greffiers mal renseignés
Sur ce climat n'y peuvent rien
Fatalité et destiné
Peuvent pas lutter ces calotins
(Excusez ce jeu de mots païen)
Même Lucifer accusé
D'avoir l'univers chamboulé
Causant violents raz de marée
Que de poubelles nos cités
Soumises aux règles du progrès
Quelle sauvageonne évolution
Ce renouveau un vrai poison
Dont on se vante d'en être champions
(Mais n'y voyez pas d'allusion
A notre mignon, vertueux, Macron)
Juste un instant, rêvons un peu
Que nous sommes espèces de bienheureux
Selon les croyants, c'est grâce à Dieu
Et pour les autres que vœux pieux
Le Paradis dépend que d'eux
Alors cherchons pas la misère
Là sous notre nez, ça pue la Terre
Farcie, pourrie d'engrais d'enfer
Ce que suggère ce symbole
Où l'on passe sans transition
Du maillot de bain, au cache col
Coulent plus les sources, en mortes saisons
Subsistent encore les traditions
Dont nous enfument les idoles
En vérité, on tourne en rond
Sans se tourmenter, on a du bol…
Notre existence parsemée d'épreuves
De rudes écueils, la science est veuve
Nous appartiennent pas les chefs d'œuvres
Nés de nos anciens, nous vantons pas
Justes locataires, de leurs exploits
Nos créations pas très extra
Que formidables pour les médias
Si généreux, simple touriste
Qui nous visite à l'improviste
De-ci de-là, admire nos crottes
Car c'est de mode, être bon hôte
Acceptant tout, pardonne nos fautes
Tellement affable donne la réplique
Quand c'est la fête de la musique
Mais frelatée, pas con public
Lui qui préfère l'authentique
Vieux chat-huant en mon pays
Où je ne sors que la nuit
Demeure seul à cogiter
Pourvu que persiste cette envie
De laisser propre nos sentiers
Certains se plaisent les saloper
Sans penser à leur dynastie
Jardin d'Eden, clôturé
Même plus Saint Pierre qu'en a la clé
Que laisserons-nous à nos enfants
En héritage pour l'avenir
Larmes pour pleurer, rebâtissant
Pas de monuments, ni même d'empires
Que béton armé, hauts bâtiments
Buildings austères, où l'on expire
A comparer, la Tour d'Argent
Vraiment ça Trump, énormément…
Ne boudons pas notre plaisir
Pour cet été, nommé désir
Qu'est de retour, à l'horizon
De nos stupeurs, de nos frissons
« Courrons z'y vite, il va filer »
Gardant en nous cette émotion
Le Cœur à rire pas à chialer
Pour exaucer mes illusions
Me satisfaire de mes passions
Comme par miracle s'enracine
Un jeune chêne, près de ma maison
Vais le choyer, n'a pas bonne mine
Même si je dérange les cornichons
Incultes péquins qui en rigolent
Vert écolo, suis dans le ton
Genre Professeur Tournesol
Qu'a pas besoin d'une boussole
Charmante soirée, rire et chansons
M'inspire nana, femme à lunettes
Grecque du Pirée, du meilleur…
Rituel oblige, sans la quéquette
Pour recevoir légions d'honneur
Car son vrai nom, c'est Mouscouri
Mais sans « la gueule de métèque »
Du regretté coq Moustaki JC Blanc juin 2018 (temps de vivre vieux Jojo)