J'tourne la page, chat.

elixir

Apparemment je me prend la tête avec un rien. Il paraît que j'ai l'esprit conditionné et que je suis naïve, normale. Je suis beaucoup de choses. Mais surtout (timidement, certes) déterminée.

Des fois le temps nous emporte et l'insomnie règne. Je fais des rêves de ta peau nue contre la mienne, de tes lèvres un tantinet un peu trop sévères. Mes yeux se ferment sous le voile de la passion tandis que les tiens restent grand ouverts. Tu ne penses pas de la même manière que moi et tu ne l'as jamais fais, dire le contraire serait renier la réalité. Je me mettais progressivement à nue tandis qu'avec beaucoup de réticence, tu étais encore drapé de carapaces, de questions et de contre-sens, bien que sans doute d'assurance. J'ai goûté une sorte d'absinthe enivrante sur la tiédeur de ta peau, je m'en suis soûlée jusqu'à avoir du mal à t'oublier. Maintenant, j'ai quelques difficultés à comprendre ce que tu as de particulier et il est fort vrai que tes mots étaient comme des lames acérées, qui déjà démontraient que tu voulais écourter le lien que nous avions tissé. Mais malgré tout ce que j'aurais à te dire, tu as choisis de partir. J'ai tenté de te retenir, à quoi bon s'acharner. J'aurais voulu t'ouvrir un peu plus mes bras et te laisser t'y étendre un peu plus. Te rassurer, te réconforter, te démontrer que tu n'as pas de raison de te replier et te donner des raisons d'être pleinement heureux. J'aurais voulu te faire sourire, rire, te rendre en colère (juste un peu pour voir ta mine boudeuse), inquiet, optimiste. Connaître par coeur cette palette d'émotions se dessiner sur les contours de ton visage, mais à présent j'évite de croiser l'horrifiante neutralité qui m'y ait accordée. J'aurais souhaité que tu me laisses le temps de te faire l'amour et de bien sottes promesses. Qu'il n'y ait plus de barrières entre nous. Mais tu n'as pas très bien compris tout ça, où peut-être que si, justement. Je ne me livre pas au premier venu et peut-être as-tu bien fait de partir si tu ne voulais que d'éphémères contacts charnels. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas être parti plus tôt ? Que ressentais-tu, j'ai du mal à me le représenter. Sur quoi hésitais-tu ? M'as-tu aimé puis ce lien c'est-t-il érodé ? Ou n'y avait-il vraiment rien et était-ce les plaisants contacts d'une confidente qui te retenaient ? Qu'importe, maintenant. Tes propos confus sont des échos du passé. Mais sous mes paupières, valsent milles images de toi occupant mes nuits. Et irrésistiblement, vers ton image mes yeux sont attirés. Éclats volés de sourires destinés à d'autres, pour moi rien que de timides dialogues à demi échangés, si rares et obligés. Je revisualise dans mes songes les courbes de ton corps, je me rappelle le son de ta voix. Pendant que dans mon esprit, tout ne soit pas encore brouillé par la distance du passé qui s'impose. Tes mimiques, tes mots s'estompent pour faire face au silence contemplatif. Et me voilà presque nue, dans l'aube qui se pointe, un air fatigué et un brin égaré. Les draps sont biens à leur place, s'ils ont été menacés un jour d'être chamboulés maintenant sont-ils placidement bien lissés. Je garde ma quasi nudeur, profitant du soleil qui réchauffe ma peau. Tu es derrière moi, persistent seulement quelques pensées. Et je compte bien laisser à terre les sombres étaux dans lesquels mon coeur était empêtré. Merci, tu ne t'en es peut-être pas rendu compte mais tu en as laissé beaucoup par terre dans ton sillon. Car je suis opportuniste  jusqu'au bout des ongles et malgré les doutes que ta présence a apportée (parce que le futur est important), j'ai beaucoup souri grâce à toi. J'ai repris confiance en moi, j'ai grandi... Et je ne regrette même pas le fait que tu m'ais brisé le coeur car c'est une expérience qui m'a endurcie. Je déplore juste ton absence et le fait que je n'ais pas pu te connaître encore plus, te rendre heureux dans la mesure du possible. Tant pis. Il y en aura d'autres que moi. Et je retomberai amoureuse, avec un peu moins de chaînes agglomérées à mon corps. J'aurai d'autres chances de faire sourire un autre, j'en suis consciente. Alors voilà. Je tourne la page. Désolée, merci, putain j'étais amoureuse, t'es qu'un ignoble connard, j'espère sincèrement que tu seras heureux, j'avance. Qu'est-ce que c'est bizarre, l'amour !

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