Juin 2009

Boiserad

J'ai écris ce texte en 2009 alors que j'avais quatorze ou quinze ans et je ne l'ai pas modifié.

Tu souris dans ton sommeil, tu effaces, tu t'émerveilles.

Sur un silence tu réapprends le sens des mots "blessure, peine, douleur, haine". Lorsque tu cherchais ta calomnie, elle ne te montât pas aux crocs à la bonne heure, c'est à présent que tu regrettes cette branlante pudeur. Tu es seule, évadée au fond de ton lit. Avortée de tes sentiments, tu aurais cru ne plus être la morne victime des débris de ton courage ; et pourtant... Tu fuis, tu t'échappes à nouveau. Tu pars affronter une fois encore le fantôme de tes désillusions. Frémissante, froissée, vacillante et les pieds nues, tu enjambes la terre, l'eau, le bois, la roche : peu importe la forme de la douleur, elle n'est qu'éphémère à ton cœur. Dans ta grande épopée perdue, tu ne remarques plus les détails de la peine, tu as oublié que tu portes sur toi les déchets de nos vaines amourettes nocturnes sous forme d'une nuisette trempée d'émotions avariées. Blesses-toi contre les arbres mon amour, noie toi dans la saleté terrestre, écorche toi les lèvres sur des chemins creux gorgés d'épines ô ma belle, ma tendre, ma douce. Meurs à chacun de tes pas, laisse-toi agoniser contre les branches éraflant ta joue sur ta marche précipitée mais je t'en supplie, ne te retourne ni maintenant ni demain au matin. Hélas, chagrin éternel de mon cœur errant, nous ne sommes plus assez forts. Tes jambes, si belles et si grandes soient-elles ne peuvent plus t'arracher à mes bras de geôlier ô mon amour fané. N'as-tu pas encore compris ? Mon bonheur réside au fond du dégât de tes orbites alourdies par les larmes. N'as-tu donc pas appris ? Ton sourire habite la chair de ma bouche entrouverte. Nous n'existons que pour la douce perversité, le beau sadisme de ce monde. Je t'ai dans la peau comme tu m'as dans tes veines de putain, oui je te le dis ma chérie, tu n'es là que pour mon venin couleur carmin.

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