Jus de tripe

lomel

J’ai détourné les océans

Du creux de l’île Asie noyée

Où les poissons condoléants

Ont affamé tous les foyers

J’ai vu des pygmées si petits

Qu’ils gambadaient dans les abysses

Dans mon herbier sont aplatis

Des maoris, des beurs, des suisses

J’ai dégusté du cannibale

Lors de visites de courtoisie

J’ai voyagé au fond des cales

J’ai côtoyé la Papouasie

Et ces geishas qu’on compte-rebours

Et qui trop arrosées jaunissent

Celles qui ternissent au coin d’un jour

Dans l’étau lourd de l’oasis

Elles qui vieillissent la tapisserie,

Ta sœur,

Et l’envers du crépi

Qui font les années sans pudeur,

Les litanies horribilis

Les maladies

De veine aryenne

Dans des mantras debilisis

Que Milady,

Si vaine et mienne,

M’a fait bouffer en syphilis.

Moi j’ai la lèpre et j’ai les lettres

Je tombe en bruine, colle au papier

Je vole au vent, cuisse le poulet

Le sot la laisse et mord l’arrête

J’ai fini là, ma Milady

Ma geisha noire, Mon hallali

J’ai boulotté en bourlinguant

J’ai balloté déboulonnant

Mes os sciants,

Mon inconscient

Et de tribord jusqu’à Cerbère

Et de babord, jusqu’à la terre,

Terre en demeure où je démords

Mon mal de mer pour toi, Pandore.

Signaler ce texte