Juste avant l'aube

arnaud-luphenz

Extrait

A l'aube, un hôtel décrépit au bord du lac. Trois hommes se croisaient dans le hall en croix. Des murs à damiers, l'échiquier se mettait en place. Un peintre qui ne peignait plus, un clown au sourire sombre et un marchand de fables se faisaient face. Le réceptionniste, réveillé comme un dentiste, leur lança d'une voix atone :
- Le propriétaire vous attend en haut des marches.
Le trio s'exécuta sans demander son reste. La porte de la suite 19 était entrouverte. Le clown cogna tout de même trois coups, histoire de.
- Entrez donc... fit une voix défaite.
Un colosse voûté et dégarni les attendait. Il s'assit sur un fauteuil leur tournant le dos, derrière un vaste bureau. La chambre sentait bon la naphtaline.
- Celui d'entre vous qui restera en vie aura la récompense.
Le marchand dégaina un revolver et fit feu immédiatement sur le peintre incolore. Il se retourna vers le clown et sursauta. Le saltimbanque souriait de plus en plus jusqu'à ce que sa tête tordue se mit à enfler et que sa bouche ne devienne plus qu'un piège prêt à dévorer, un tourbillon en mesure de tout engloutir. Le marchand hurla et tira sans y croire. La balle atterrit dans le mur, il prit ses jambes à son cou.
- Alors, vieil homme ? Siffla le clown, blasé.
Hum, l'ironie fait d'un clown mon héritier. L'hôtel te reviendra, fils.
Très bien, alors laisse-moi prendre mon dû dès maintenant...


Signaler ce texte