KILLING A POSSIBILITY – PART 1 : LETTER TO BIBOU

lollapalooza

24 heures après avoir reçu un sms coupant court à notre brève histoire, je reçois une lettre. Une lettre adressée à Bibou … Bibou, c’est moi. 

Me considérant comme un ersatz d’écrivain, je ne peux ressentir qu’un immense plaisir en devenant moi-même sujet d’un écrit. De surcroît, lorsqu’il s’agit d’une déclaration d’amour … La première, ni plus ni moins. Et pourtant …

Et pourtant, je commence à être terrifié … Je ne commence pas en fait, j’ai suis pétri d’angoisse depuis quelques temps. Je sens que je ne vais pas pouvoir tenir, que je m’attache beaucoup trop à elle, et que cela devient dangereux. Elle est en train de me changer, et je déteste cela. Je me sens nu face à elle … Pas bon du tout. Je me sens systématiquement obligé de m’adresser à Giovanna avec des putains de pincettes : Entre deux phrases, son regard empli de tristesse me prend à la gorge à chaque fois … 

Habituellement, il m’est nécessaire de connaître l’histoire de chacun pour lier connaissance, pour m’y attacher, voire même pour trouver les raisons de détester la personne concernée … Aucunement avec elle. Je ne ressens pas ce besoin en sa compagnie, au contraire. J’ai peur de savoir quels maux la dévorent ou l’ont blessé dans sa chair … J’ai l’impression de voir mon reflet. 

Ses mots furent simples, mais terriblement efficaces : 

« Fais-moi jouir sans substances, sans acides, rend-moi folle par post-it, apprend-moi la patience, je t’apprendrai la ponctualité. Souris quand je te demande de ne pas aller travailler, parce qu’aujourd’hui, aujourd’hui, c’est pas pareil, chéri, aujourd’hui c’est pas de la rigolade, aujourd’hui, c’est particulier, je l’ai su, comme tous les matins, quand le réveil a sonné. Ne me laisses pas toute seule même quand je te le demande, quand je dis oui dis non et dis non quand je dis oui, c’est un ordre. »

Comment réagir à cela si ce n’est être heureux en lisant ces quelques mots … Ou être encore plus horrifié par ce que nous pourrions tous deux devenir. 2 âmes déchirées peuvent être bénéfiques l’une pour l’autre … Encore faut-il qu’elles soient ouvertes l’une à l’autre. Elle ne m’accorde aucunement sa confiance, me traitant de menteur à la moindre occasion. Comment réussir à lui faire comprendre ce que je ressens et souhaite pour elle sans avoir à la changer … 

Qu’adviendra-t-il lorsque je ne suffirai plus à ses attentes, lui devenant insupportable ? Qu’arrivera-t-il lorsqu’elle me demandera de la laisser seule, face à son passé et ses angoisses ? Le simple fait de la savoir continuellement blottie sur son lit, ruminant ses histoires révolues, ses regrets, ses haines, fuyant le monde, de jour comme de nuit, me tue lentement … Je l’ai bien trop fait par le passé pour ne pas savoir quelles en sont les conséquences. La laisser ainsi signifierait l’abandonner, tout simplement. Elle m’affirme, à chaque fois que nous nous retrouvons, qu’elle aime rester seule, dans sa « bulle », n‘être dépendante de personne … Ses paroles ne me semblent aucunement sincères.  Giovanna fait face à un poison la tuant progressivement, jour après jour, pensée après pensée. 

J’ai bien peur de ne pas pouvoir obéir à tes ordres, Giovanna. Que faire si tu devais les renier BB ?

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