KILLING A POSSIBILITY – PART 2 : EPHEMERA

lollapalooza

Ton orgueil, ta fierté, ta rage et ton caractère méditerranéens ont eu raison de moi, Giovanna. Un dimanche maudit à souhait, et quelques conneries dont je n’ai malheureusement plus le souvenir, ont suffi à me faire détester de toi. La lettre à Bibou exprimait un “instant”, il semble que cet “instant” soit révolu … 

En un peu moins de 24 heures, j’ai été confronté à la mort d’un proche, une énième embrouille familiale à gérer (dont je ne tirerai aucun bénéfice), à la pitié perverse de mes collègues et aux affres continuelles d’une vie sans le sou …. Et pourtant tu ne prends pas de gants. Tu annonces directement la couleur. Pas de visu bien sûr, plutôt par sms, c’est toujours plus simple … Je te réponds, hagard, que je suis complètement déboussolé par ce qui m’arrive depuis ces dernières heures, que je veux te voir … Peut-être n’aurai-je pas dû. Je fus alors confronté à ce dont j’avais le plus peur. Réduit à n’être qu’un énième  « Chevalier Blanc », avec tout ce qu’il peut y avoir de prétentieux et de condescendant dans ce putain de cliché … 

Aucune précaution n’est utile lorsqu’il s’agit d’entendre ces quelque mots : « Je n’ai pas envie … »

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Je sais beaucoup de choses, Giovanna …

Je sais que me dire « mais toi, toi, tu m’importes. » t’a coûté plus que de raison. Je sais que tu vas écrire. Je sais que tu vas me vomir. Je sais que tu vas me réduire à une simple passade, non pas à un coup d’un soir, mais à un coup de quelques semaines. Je sais que tu as volontairement évitée de te mettre à ma place, ressentir autrement certaines choses, alors que cela nous était nécessaire. Je sais que j’ai échoué à en faire de même. Je sais que tu as peur d’assumer quelqu’un d’autre alors que tu es incapable de te suffire à toi-même. Je sais que tu te diras « c’est mieux ainsi, je préfère rester chez moi ». Je sais que tu ne voudras plus me revoir … Tu as toujours eu tendance à couper court à toute relation qui ne t’aille pas. Je sais que les gens t’ont blessé, profondément. Je sais que j’ai pu te blesser, involontairement ou non. Je sais que tu fuiras dans les bras d’un autre pour oublier, moi ou quelque ce soit le fléau te torturant l’esprit, à l’instant. Je sais que ton unique distraction du moment est de faire un gros fuck à la populace tatouée « Giovanna ». Je sais que tu hais le monde qui t’entoure, avec les gens qui t’y entourent. Je sais que tu te hais, au point de créer ton propre monde sous ta foutue couette. 

Ce que je ne sais pas, par contre, est encore plus long à énumérer … 

Je ne sais pas si tu réussiras à me pardonner, sincèrement, sans rancœur ni ressentiment. Je ne sais pas si j’aurai la chance de te revoir. Je ne sais pas pour quelles raisons cherches-tu à fuir. A te fuir. Je ne sais pas si énumérer des concaténations te soulagera. Je ne sais pas si les jours passés ensemble t’ont apaisé, ne serait-ce qu’un peu, de la douleur constamment ressentie. Je ne sais pas pourquoi tu as voulu me revoir pour ensuite me rejeter bien plus violemment. Je ne sais pas pour quelle(s) raison(s) m’as-tu écrit ces magnifiques mots pour ensuite les renier. Je ne sais pas pourquoi tu t’obliges à condamner chez les autres ce que tu te permets chaque jour. Je ne sais pas si tu espères encore. Je ne sais pas si tu veux connaître le bonheur, ou si tu es encore capable de le reconnaître lorsqu’il se présente à toi.  Je ne sais pas si tu peux encore prendre plaisir à côtoyer ces animaux se désignant comme des « êtres humains ». Je ne sais pas si tu es sérieuse en affirmant être aussi nihiliste qu’Heidegger … Je ne sais pas en quoi tu crois, puisque tu affirmes ne croire en rien.

En fait, Je ne sais rien … Si ce n’est, peut-être, une chose seulement :

F. a sa propre histoire avec toi, la vit pleinement, et se fout sublimement du reste … F. n’a nullement besoin d’une soirée d’adieu, ni même de se faire tatouer ton nom sur l’un de ses putains de doigts …  F. n’a besoin que d’une chose, Giovanna … Que tu sois un tant soit peu heureuse, si cela est encore possible.

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