ALEA JACTA FUCK
Edgar Fabar
Comme dans un film d'épouvante,
les gens se répétaient
séparons-nous tout ira bien,
oui mais voilà Freddy Krueger
et ses copains les trucideurs.
Gandhi et les Hippies c'était fini
Il pleuvait des cordes sur la misère.
nous étions la génération Daesh
dernier espoir avant Alzheimer
J'AURAIS TOUT DONNÉ
POUR QUE LA TERRE TOURNE ROND,
MES ALBUMS DE RAP FRANÇAIS,
MES PETITS SOLDATS ET JACQUES BREL
MA DERNIÈRE CLOPE,
MANU CHAO ET MÊME LES JEUX DE MOTS
Fox news et Hollywood,
L'esprit Canal et Cahuzac,
Les Pasta Box,
La France de souche et le botox
La Fashion Week,
Les Balkany, Les Kardashian
Bernard-Henri Leviathan
Le British Petroleum
La Silicon Valley
Les luttes intestines de Palestine
Les "je suis pas racistes mais"
MAIS MAIS ALEA JACTA FUCK !
J'AURAIS TOUT DONNÉ
POUR QUE LA TERRE TOURNE ROND,
MES ALBUMS DE RAP FRANÇAIS,
MES PETITS SOLDATS ET JACQUES BREL
MA DERNIÈRE CLOPE,
MANU CHAO ET MÊME LES JEUX DE MOTS
Un matin un millénaire
L'univers semblait moins artificiel
Doucement je rebandais
je transpirais le napalm
j'allais souffler ce monde indésirable
Et les statuts de Pompéi se relevaient de leurs cendres
pour anéantir le système
A Wall Street on brûlait les banquiers et Marc Lévy
Même les parachutes dorés partaient en torche
C'était la mort du capital et du diamant
et déjà à la place de l'Élysée
on érigeait la statue de Bob Marley.
J'AURAIS TOUT DONNÉ
POUR QUE LA TERRE TOURNE ROND,
MES ALBUMS DE RAP FRANÇAIS,
MES PETITS SOLDATS ET JACQUES BREL
MA DERNIÈRE CLOPE,
MANU CHAO ET MÊME LES JEUX DE MOTS
Je sais pas pourquoi J'ai eu un doute,
Et si j'étais Truman prisonnier du show,
et si j'étais le seul à jouer à Jumanji.
Fallait être sûr
J'ai allumé ma télé : BFM était cassé,
leurs images étaient sépia
Les présentateurs chialaient,
le kidnapping avait foiré.
Quelqu'un avait raqué pour la rançon de la peur.
Les gens avaient muté
Ils recouvraient l'humanité
Ils sautillaient comme des grenouilles méthadonées,
Relax le temps avait jeté son TMAX,
Les mamies aimaient tout le monde
même les arabes un peu pédés,
A Paris c'était l'été même en juillet
Le périph avait fleuri
Les profs étaient heureux
Les kids des citadelles,
chassaient des Pokémons avec les flics
Un rire général s'élevait
Nous étions devenus des mecs cools
Dieu était parti faire chier les Martiens
Et Sardou fermait sa gueule.
J'AURAIS TOUT DONNÉ
POUR QUE LA TERRE TOURNE ROND,
MES ALBUMS DE RAP FRANÇAIS,
MES PETITS SOLDATS ET JACQUES BREL
MA DERNIÈRE CLOPE,
MANU CHAO ET MÊME LES JEUX DE MOTS
Il ne me restait plus qu'à retourner
sur les pierres où j'étais né,
sur ce petit muret surexposé.
A deux pas de la mer, je me suis reposé,
j'étais un caniche bouffeur d'infini
J'avais les yeux allumés
par un jaune qui n'en finirait plus,
Avec mes doigts de parfumeur
j'ai attrapé mon pinceau.
Pour dessiner ce tableau
sans cadre ni dimension.