La bataille du passé

Florence Udé

La bataille du passé.

Une salle de cour normale, un cour de français rébarbatif et une classe qui somnolait. Une journée banal somme toute. Mathieu sentait ses yeux se fermer tout seul alors qu'il tentait de tendre l'oreille sur ce que disait le professeur mais ses paupière se firent lourdes sans qu'il n'y puisse rien changer. Le sommeil le gagna et sa tête retomba sur ses bras.

-Commandant nous sommes attaqués!

L'homme interpellé se retourna vers son second. Ses cheveux noir ébouriffé trahissaient son empressement à venir porter la nouvelle à son supérieur. Le commandant se passa la main dans ses cheveux blond, les repoussant en arrière, et un soupir échappa de sa bouche.

-Calmez-vous Arion. Ils ne peuvent pas faire grand chose contre notre armée. Ce n'est qu'une attaque suicide de leur par. Envoyez la cavalerie les calmer cela devrais suffire.

-A vos ordres commandant Mathieu.

Le commandant se retourna vers la carte étalé sur la table signifiant la fin de l'entrevue. La carte représentait le royaume de Naymar. Les différents champs de batailles étaient inscrit en rouge ainsi que la ligne de front principale. Cela allait faire deux mois que ce conflit durait et ils n'en voyaient pas la fin. Ce qui au départ n'avait été qu'une simple escarmouche entre paysans et seigneurs était devenu une guerre civile à laquelle l'armée ne pouvait mettre fin, elle même tiraillé entre les deux camps. L'armée perdait de plus en plus de terrain, le laissant aux mains des rebelles. Depuis le début des combats plus de 10% du royaume avait été conquis par les paysans épaulés par le royaume voisin Niara. Ce royaume leur avait fourni la logistique et les armes qui manquaient leur donnant ainsi l'avantage.

Mathieu soupira en baissant la tête. Comment ralentir l'avancé des rebelles tout en limitant les pertes humaines ? Il n'était ni pour les rebelles ni pour l'armée mais son grade obtenu à force de persévérance ne lui laissait pas le choix. Il ne voulait pas risquer de tout perdre alors que tant de monde comptait sur lui. Il commandait l'avant-garde et si elle se brisait alors les innocents ayant trouver refuge plus loin dans le royaume seraient à la merci des rebelles.

Même si Mathieu ne croyait pas tout ce que l'on disait sur les atrocités commises par les rebelles il savait que tout rumeur à un fondement de vérité et il avait lui-même était témoin de certaines d'entre-elle. Son dos se souvenait encore des coups de fouets avant qu'il ne réussissent à s'échapper. Mais il ne pouvait pas non plus se voiler la face vis-à-vis des exactions commises par son camp.

Dehors il entendait ses hommes se préparer à l'affrontement. Il devrait sûrement y participer lui-même. Il devait encourager ses hommes qui doutaient, ne rien laisser paraître de ses doutes.

Se redressant il sorti de sa tente pour rejoindre les cavaliers. Montant sur son cheval il sorti son épée et se plaça devant ses hommes.

-Cavaliers! Aujourd'hui encore nous allons nous battre pour la liberté des civiles qui croient en nous! Ceux qui nous attaquent espèrent nous voir faiblir mais nous ne leur ferons pas plaisir alors ôtez tous vos doutes de vos esprits et ne gardez que notre but : GAGNER !

Les soldats répondirent en hurlant et en claquant leurs armes contre leurs boucliers.

Mathieu se demandait comment ils avaient pu en arriver là. Partout où son regard se portait des morts jonchaient le sol. Les râles des blessés agonisants ajoutaient au concert des hennissements des chevaux effrayés. Lui-même était coincé sous son cheval. Ses jambes avaient été brisé sous le poids de sa monture qui l'avait protégé du coup mortel. Il sentait sa vision se brouiller et savait qu'il n'en avait plus pour longtemps.

-753 ! Ils ne sont pourtant que 753 ! cria t-il de désespoir.

A 753 ils avaient vaincus la meilleur troupe de cavalier de Naymar. Des larmes de désespoirs commençaient à perler aux coins de ses yeux. Il tentait de les retenir ne voulant pas offrir cette humiliation ultime à ses ennemis. Il entendait des pas se diriger vers lui, une lame se posant sur sa gorge. Relevant les yeux il vit le général de Niara qui le regardait en souriant. Le commandant cracha au visage du général tentant de lui ôter son sourire. L'homme s'essuya la joue sans cesser de sourire et s'accroupit à côté de Mathieu.

-Alors qu'est-ce-que cela fait de se savoir impuissant ? De se savoir incapable de se défendre Commandant ?

-Va te faire voir ! Je sais ce que vous voulez en les aidant mais même si ils gagnent vous ne dirigerez pas ce royaume ! Il resta toujours libre et hors de votre domination !

La lame se leva et s'abattit sur la joue de Mathieu la lui entaillant profondément sur toute la longueur de la joue.

-Nous avons mis assez de temps et d'argent dans cette révolution pour savoir que ces péquenots ne pourrons pas se défendre quand nous viendrons ! Et toi tu ne seras plus là pour le voir !

Le général se redressa levant sa lame perpendiculairement à Mathieu et l'abaissa lui transperçant la gorge. Le commandant senti son corps se tendre sous la douleur alors qu'il émettait un gargouillis et que son sang giclait sous la torsion que le général exerçait sur l'épée pour rendre ses derniers instants encore plus insoutenable.

Alors que la nuit envahissait son regard il entendit un dernier cris de désespoir:

-COMMANDANT ! Hurla Arion tendant la main vers lui alors qu'une lame le transperçait de par en par et qu'il s'effondrait au sol.

Une larme coula finalement sur la joue de Mathieu alors que son esprit quittait son corps.

Le général retira la lame de la gorge du commandant et l'essuya sur un morceau de tissus qu'il laissa ensuite tomber au sol. Un sourire victorieux s'afficher sur son visage. Il balaya le champs de bataille du regard. Les morts autour de lui le remplissaient de joie. Chaque mort affaiblirait ce pays le rendant plus facile à conquérir.

-Aahh !

Le jeune homme venait de se réveiller en sursaut au beau milieu du cour en hurlant.

-Mathieu Spassan expliquez moi ce cris, ordonna le professeur d'un air sévère en regardant l'élève !

-Je...je suis désolé monsieur, s'excusa Mathieu en baissant la tête.

-Il faudra plus que des excuses jeune homme. Vous allez aller expliquer cela au proviseur !

Mathieu prit ses affaires tout en gardant la tête baissé sans voir le regard compatissant de son meilleur ami Arion. Un nom bizarre mais assez joli.

Il sorti de la salle l'esprit encore embrumé. Ce rêve avait été tellement réaliste mais il ne savait plus de quoi il parlait à par le fait qu'il c'était senti mourir. D'ailleurs la douleur à sa joue étaient encore présente. Il passa sa main dessus et senti un liquide chaud. La ramenant devant lui il vit sa main taché de sang frais. Il resta quelques instants à regarder sa main sans comprendre avant que son rêve ne lui revienne brutalement en pleine tête. Fermant les yeux de douleur il senti le monde tourner autour de lui. Les rouvrant doucement il vit la lumière du soleil passer à travers l'ouverture de la tente alors qu'un homme entrait en courant affolé:

-Commandant nous sommes attaqués!

Passant la main sur sa joue il senti l'absence de coupure mais aussi une barbe de plusieurs jours bien entretenu. Son instinct lui soufflait qu'il avait déjà vécu cela et qu'il ne devait pas reproduire les même erreurs. Il se tourna finalement vers son second.

-Préparez les troupes, nous allons les attaquer en force !

-Toutes les troupes pour seulement 743 rebelles ?

-Oui il ne faut surtout pas les sous-estimer. Ils ont l'appui de Niara et ce n'est pas négligeable.

La lame sous la gorge du général de Niara, Mathieu savourait cette grande victoire. Ses hommes le félicitaient de sa clairvoyance qui les avaient évitaient de plonger tête baissé dans un piège et qui leur avait assuré la victoire. C'était la première victoire marquante pour leur camp depuis le début des conflits et elle marquait le renouveaux de l'armée.

Ailleurs les informations passaient en boucle un reportage sur les deux étudiants retrouvaient mort l'un d'une lame dans la gorge et les jambes broyaient alors qu'il allait au bureau de son proviseur et l'autre embrochait dans sa salle de cour. Une cellule de suivit psychologique avait été mise en place pour les élèves et la police enquêtait sur ses deux morts mystérieuses.

FIN.

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