LA BZZZ

Alicia Roda

GENRE : C'EST UN TEXTE, ENTRE POEME, MONOLOGUE INTERIEUR, ET RECIT

L'HISTOIRE (elle ne saute pas aux yeux...) : UNE ARTISTE SOMBRE DANS LA PARESSE, SUITE A UNE RUPTURE SENTIMENTALE. LA PEUR DE RESTER SEULE LA TENAILLANT, ELLE PASSE LA SOIREE AVEC UN AMI, AUTRE ARTISTE SEMI-RATE. ENSEMBLE, ILS NOIENT LEURS SOLITUDES, SE TIENNENT CHAUD DANS L'AME, MAIS NON PAS DANS LE CORPS. ILS NE CEDENT PAS A LA FACILITE DE COUCHER ENSEMBLE. L'AMITIE C'EST BIEN PLUS BEAU.TOUT A COUP, UNE GUEPE NOCTURNE LES EMPECHE DE DORMIR. LA FILLE DELIRE SUR CETTE GUEPE, QU'ELLE COMPARE A SON ANGE GARDIEN CHANCELANT. ELLE PREND CONSCIENCE QUE SA VIE, AUSSI POURRIE SOIT-ELLE, C'EST SA VIE A ELLE. ET QU'ELLE DOIT LA PRENDRE EN MAIN.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

               LA BZZZ

 

Je sombre

seule

pourquoi ouvrir les yeux

pourquoi sortir

pourquoi manger

consommer, se consumer

encore et encore

toujours et toujours

----------------------------

Je fais le fœtus

je me réchauffe

je somnole

patauge

fuis

régresse

sous ma couette

------------------------

Bien tard je m'extirpe

Amazone de 3è zone

chacune des minutes

sonne mon ennui

je me traîne

je tourne

et me retourne

j'ai la mort dans l'âme

et le poil dans la main

----------------------------------

Cette bohème que je hais

fuir mon foyer

un copain

un Mexicain

un photographe

un alcoolique

suppurant la solitude

alcool, confidences, tranche de vie

confidences, alcool et spaghettis

alcool, confidences, dors dans mon lit

-------------------------------------

Reste, reste, oh, reste

reste avec moi, ne pars pas

j'ai peur chez moi tu as peur chez toi

j'ai peur, nous avons peur, nos ex.

Séparations.

--------------------------

Je prends le canapé, toi les chaises

comme lorsque tu avais un atelier

toi les chaises comme lorsque tu étais artiste maudit

tu prends les chaises comme lorsque ton poil brillait dru

tu prends les chaises comme lorsqu'elles ne t'avaient pas toutes quitté

tu prends les chaises comme lorsque ton mépris ne se flairait pas à la ronde, ambition masquée de confettis mélancoliques

------------------------------

Tu la prends et je ne te regarde pas

ne me regarde pas

tourne-toi, oui, comme ça, tourne-toi

Non je ne me laverai pas les dents avec toi

Non, je ne boirai pas les croissants dans tes yeux

ne te serrerai pas dans mes bras

nous préférerons à deux, enserrer l'Angoisse, la tenaillante, la tenailleuse

une cigarette

ce soir je ne dors plus seule

enfin

pas d'épanchements

amis, amis, nous sommes zamis

ne tombe surtout pas amoureux de ma folie

ne tombe pas amoureux de mon trou,

je veux dire mon vide, ma vacuité

ma folie

ma séparation mon déchirement ma renonciation à lui à la réussite

parfois je voudrais qu'on m'enferme

ne plus penser, m'arracher les méninges

ne plus prendre de décision

ne surtout plus me nourrir trois fois par jour

rester dans un lit, qu'on s'occupe de moi et encore pour quoi faire

plus envie, plus d'énergie

--------------------------------------

Tu es là

ne tombe surtout pas amoureux

sous le vil prétexte que ça y est

ça y est, une Femme dans ton Noir

barrière entre nous

barrière

souffle d'ambigu

éteins donc la lumière

passe une belle nuit

Kiki

---------------------------------

Y QUE SUEÑES CON LOS ANGELITOS

-------------------------------------

" QUE LES ANGES VEILLENT SUR TON SOMMEIL"

-----------------------------------------

ZZZ

            ZZZZZ

                        BZZZZ

                                    BZZZZ?

comment ça "bzzz"?

c'est toi?

non, et toi?

qui est là?

                        BZZZZZZZZZZZZZ

quel est ce bruit au milieu de la nuit?

Aïe

Allume, allume, allume la lumière.

Où te caches-tu, Bzzz?

Non, là, là. Par là !

C'est un Ange !

C'est mon Gardien !

celui qui doit me protéger

me protéger de la nuit

me protéger de lui

me protéger de toi

me protéger de moi

me protéger de ma nuit

me protéger de la vie

mon Ange de Chasse

-----------------------

Une guêpe ! ô cruel ! l'Ange n’est qu’une immense guêpe noire, un frelon, pire encore

un oursin volant en plein hiver

ouvre ouvre

Elle, la guêpe titube

comme mon Ange de Chasse

elle zigzague

elle frissonne

elle abdique

KO

comme lui

elle est blessée atrophiée

mais elle prend son envol

ô vole

mon Ange

--------------

Mon Gardien s'envole

et me livre à la nuit

mon abyssale nuit

ma vie

ma sale vie

vie de chasse

LA MIENNE !

--------------------------

Signaler ce texte