La catin sublime

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La catin sublime



Vous les voyez ces ombres humaines qui strient les murs quand la nuit tombe. Ces ombres d’hommes qui se dérobent aux regards et glissent comme un souffle sur les trottoirs puants.

Ces créatures, sans poids, sans rien. Vides de l’hémorragie de solitude qui égraine les poitrine et les peaux. Sans rien.

Si ce n'est quelque chose qui tambourine encore, là derrière.

Ces hommes. Seulement guidés par ce trépas de trop-plein.

Guidés par la faim. Le parfum. Le parfum...


Vous la voyez, cette grande lumière à la porte et son sourire carnassier. Cette large ogresse, opulente de l'offrande qu'elle étale sans rougeurs, attendant les errants, à la porte. La bouche ouverte dans un grand rire béant de dents perdues.

La Femme, au poids des années de martyrs. Au poids antique du monde, roulant de désirs inavoués.


La catin sublime, sous ses dentelles noires.


 Elle n’est pas belle, elle est la Beauté, la Beauté nocturne, celle qui enivre les sens, et berce de douceur les petits crimes, les rapines de coeur...

Et la voix des amants perdus qui évaluent les lanternes avant d'y danser accordés.


Elle n’est pas humaine, elle est l’Humanité. L’humanité hurlante, enfantant les masses sans toits de crapules avortées, d'enfants sans âges entassés sur des lits jaunes dans lesquels leurs narines cherchent encore l'odeur.

Enfantant à la chaîne génies, meurtriers, artistes monstres. Qu'elle laissera pêle-mêle.

A sa porte, la mère des enfants de putains, celle qui tend ses immenses mamelles à la gueule des oubliés.


Son corps est la voûte des crépuscules. Ses yeux, la pureté en feu d’un horizon d’aube. Elle est l’étoile qui appelle. Dans la rue.

Dans le spectacle éternel d’une nuit où les quémandeurs d'altérité ont perdu leurs visages


    Nous sommes tous des ombres errantes qui strient les murs quand la nuit tombe. L’épiderme des consciences, à vif du manque, hurle qu’elles ne sont rien sans la lumière de ce regard. Obsession frénétique.

Perdus de solitude, nous nous retrouvons massés à sa porte, pendus à ses lèvres.

Perdus, elle est notre seule étoile.

La catin sublime sous ses dentelles noires.

  • On peut fuir la catin sublime autant que l'on veut, l'on écrit toujours sous les étoiles et entre ses jambes... un texte qui donne envie d'aller par les rues la trouver, cette sublime catin pour s'oublier avec elle dans l'éternité d'un soir

    · Il y a environ 13 ans ·
    Default user

    kacew

  • Tropisme masculin joliment "pathéthisé" (yes c'est un barbarisme, mais tellement bien venu ;) lo ptdr mdr et tout et tout.
    Hormis la "glauquitude" j'AdoooORE ! (voie même j'entends la juste note, poussée à l'harmonique en mode diurne). Bise à tous, les humainstes.

    · Il y a environ 13 ans ·
    Images

    hugues-stephane

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