la cave

rechab



Saurais-tu me tenir la main,

pour m'accompagner dans les espaces

inconnus,        où la lumière s'étiole ?

C'est une aventure,

qui a le goût des choses

cachées, à l'abri du grand air :


il faut se tenir aux murs,

descendre avec prudence

les marches menant au sous-sol.

La lampe en haut de l'escalier

est bien peu efficace

au fur et à mesure que l'ombre

prend une plus grande place.


On tâtonne pour trouver les dernières marches,

suivies d'une courte pente.

Il faut suivre les parois humides,

et on arrive à une porte en bois,

qui fut autrefois verte,

et que je trouvais entr'ouverte.

         Le temps que je m'habitue à la semi-obscurité,

je distinguais le jour à travers les soupiraux :

du jardin,         foisonnaient plantes et fleurs.


         Un peu sur la droite de la porte,

         je trouvais l'interrupteur,

donnant un éclairage fade

sur une série d'étagères,

et le sol en terre battue.

A part la vieille chaudière,

posée sur son socle en ciment,

le temps semblait s'être immobilisé,

comme en témoignaient les bocaux

couverts de poussière

et des outils curieux

dont on se demande à quoi ça sert.


La chaudière était arrêtée,

la gueule ouverte,

il est vrai qu'on était en été.

         Dans cette cave,       depuis longtemps

on n'y avait pas pénétré :

des légumes entreposés

y avaient séché,

et de la voûte pendaient

des voiles informes,

vestiges de toiles d'araignées.


Tout un coin était occupé

par le poids obscur d'un tas de charbon .

Des cristaux noirs irréguliers

semblaient avoir succédé aux boules polies ,

dont quelques unes roulaient sous les pieds.


J'avais appris à l'école qu'il s'agissait

d'anthracite, un nom savant

évoquant les profondeurs du sol,

auquel répondait la bauxite et les stalagtites :

           un minerai sans doute venu de bien loin ;

       je n'aurais pas imaginé,

même avec la meilleure volonté,

qu'il suffise de creuser

sous la maison,    pour en trouver.


Aussi , j'ai poursuivi mon cheminement

et deviné la silhouette lugubre

de ce qui devait être

une ancienne pendule

à laquelle manquait son balancier .

Elle n'indiquerait sans doute

plus jamais l'heure.


Peut-être appartenait-elle

à d'anciens propriétaires qui l'avaient oubliée.

Je me suis dit en moi-même,

qu'ils avaient oublié l'heure … !


C'est alors que j'ai pensé

qu'en dehors d'ici,

le temps continuait son récit

et que je ferais peut-être bien,

de regagner les endroits plus familiers.

J'avais cette fois, des points de repère :

j'ai fait le chemin à l'envers,

repassé devant la chaudière,

évité les toiles d'araignée,

retrouvé l'escalier,

débouché au grand air.

Je n'avais plus qu'à secouer mes souliers

couverts de poussière.


Tu aurais  dû venir,

qui sait  ce  que nous  aurions pu découvrir !



  • J'aime beaucoup ton texte qui me rappelle des souvenirs similaires avec des images identiques et des émotions aussi intemporelles... Merci pour cette fabuleuse visite à la cave !

    · Il y a plus de 3 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

    • Après cette plongée ( et ces impressions communes des lieux des "profondeurs"---
      il était temps de revenir à la "surface"

      · Il y a plus de 3 ans ·
      Tulip  avr  21  03

      rechab

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