J'ai plus de mal à dire les choses qu'à les vomir... pourtant comment l'écrire ?
C'est dans la
respiration
des syllabes
qu'il y a le
manque évident
d'oxygène
rien que les
contractions
des poumons font mal
et pourtant
je dois respirer
ce qui vient
depuis la mémoire
ou ce qui passe
dans les environs
de ma tête
d'enfant...
Le mot m'épuise par la densité du sens évoqué et l'avarie qu'il génère...
J'y vais à reculons
pour cette raison
je déteste écrire et
revenir sur l'écrit et
particulièrement
le mien...
je déteste humer
l'écrit en cette
époustouflante langue
de Dante Virgile et
Pétrarque...
oh ! La traversée de l'enfer suivant l'ombre florentine sur la barque allant vers l'autre rive Virgilienne... ainsi que la montée du mont Ventoux et au loin le crépuscule des yeux évanescents de la douce Laure...
Ma langue maternell donc Mon désespoir inachevé résiste encore...
Je refuse de partager son intimité son joug de lanque naturelle que je ne reconnais
même pas
leurs mots me
brulent la peau
au dixième degré
je les redoute
comme la peste
ils sont intimement
liés à la pércolation
de mes souffrances
internes
je les ai prononcé et
écrites
dans la douleur
le spasme
la solitude et
l'angoisse d'en
mourir
et de devoir
encore et encore
crier ces mots
blessants
si vénimeux
dans mon corps
carié et
mon âme si
inesthétique
si fragile et
sans défense...
Des souvenirs j'en ai trop... et tous foutent le camp dans l'oubli du sang...
Les sons les odeurs d'encre de sang les paysages qui me faisaient si mal dans la chair dans le coeur... et toujours la cendre et l'ombre des mêmes feux en mots... aux tournures différentes mais la même signification le même stress il y a tant d'années que je laisse derrière moi si terrifiantes que je ne sais plus comment les hacher tant est si bien que je veuille vraiment les enterrer dans le prisme de ma mémoire les mots m'ont marqué à l'encre rouge et je suis marqué au fer rouge j'ai essayé d'écrire dans une langue d'un autre monde distant... mais vain cet espace génère quelque chose de supra-humain m'empêchant comme d'une malédiction surnaturelle à m'en défaire alors je me noie délibérement dans le jus de ce mal étrange...
Je me suis battu bec et ongles et j'ai perdu la guerre des nerfs...
Alors avec cette langue que j'écris pour que vous puissiez me lire me servira d'écumoire d'autres consonances viendront d'autres sons feront l'affaire et calmeront sitôt ma faiblesse d'en parler et la douleur tenace de devoir me taire pour cet instant titubant... je hurlerais si seulement je pouvais hurler à vie...
Il n'y a que l'insupportable silence qui puisse m'adoucir progressivement la chair...
Des mots l'insoutenable agonie des mots mais alors qui pourrait me comprendre vraiment sans le dire ou l'écrire en ce délestage ridicule de mot-à-mot ?