La chasse aux cervidés (Rouge Glace)
Caïn Bates
Ce mois des semences marquera d'un voile rouge les chroniques de tout le continent de la Capitale jusqu'aux Amorics. Voilà plusieurs jours que les hurlements des loups se rapprochaient peu à peu du campement. Deataigh ne semblait pas s'en inquiéter bien qu'il me surveillait sans cesse depuis peu, ne s'absentant qu'à de très rares moments et verrouillant la cave dans laquelle nous avions été installés après notre dernière migration dans la Schwarzer Wald.
Ma période de captivité s'achève prochainement et les patrouilles fianas se font plus nombreuses et les relèves sont aléatoires. Pourtant, la douceur du printemps a apporté avec elle un parfum enivrant qui a remplacé la fraîcheur morne de l'hiver, et ce parfum est reconnaissable de bien des manières: la Mort d'Iroise.
Et puis, l'aube est arrivé, celui qui a suivi ma dernière nuit aux ordres du Sanglier aux ramures. Quand j'ai quitté le camp fortifié, il était déjà loin, les gardes m'ont laissé partir sans sourciller bien que certains ont préféré éviter mon chemin. Une fois à une dizaine de mètres de la porte, j'ai adressé un dernier au revoir à mes hôtes et les premières flèches se sont mises à fendre l'air embrumé, s'abattant sur les hommes en armure de cuir, les femmes et les enfants. Bien sûr, ils ont tout de suite chercher à riposter mais les flammes commençaient déjà à encercler les rangées de troncs dressés tout autour des habitations, suivant les tranchées de poix ensevelies sous le maigre feuillage qui jonchait le sol. Et moi ? J'admirai le spectacle des chairs brûlées, arrachées, transperçaient pendant que les villageois hurlaient de panique.
C'était prévisible, ils savaient ce qui se passerait le jour où je serai à nouveau libre. Mais, avant de poursuivre ma quête vengeresse, il me restait une histoire à régler, une histoire mordante.