LA CHEMINÉE
Philippe Larue
Médites-moi si les mots charmes ou vous brûlent les hêtres?
Sept heures ce matin, lorsque les brindilles sèches ramassées cette été, quelques vieilles boites à camembert et cépages froissées du journal de 1983, édifiaient le préambule aux histoires de la cheminée. La page nécrologique allait récidiver avec les incinérées, la page météorologique allait divulguer une chaleur étouffante pour la journée et celle des accidents, le remake d'un feu de forêt à l'intérieur de la cheminée.
À bien fouiner, les brindilles avaient cédé sous le poids du nid des tourterelles frénétiques par nuit amoureuse et craqué par des chants de ritournelles. La vieille, j'avais amalgamé la badiane avec anis et Jésus qu'avec les clous de girofle, l'abeille m'assurerait du Degas des cris joyeux des morceaux de pain d'épices moelleux sous m'Eden. Pensez-vous, un miel de forêt dégoulinant sur l'épîtres de seigle jusqu'à s'y cacher chez les Poussin, tout blanc oeuf...Et puis, j'étais majeur à présent pour y sucer ces enculés de propolis!
Point de requiem, juste un hymne à la vie inaugurant une symbiose parfaite: l'entremêlage du bois, l'oxygène et la flamme. Une fascination enfantine à observer les carmagnoles et mascarades d'écorces. Mes yeux brûlaient de cette rythmique, une réalité augmentée par l'apport d'une bûche. Pendant ce temps-là, pliés dans le moule, la farandole des ingrédients exhumait un bouillonnement à mon renifloir. Les premiers empyreumes du pain d'épices replongeaient mes souvenirs aux feux de joies.
Philosopher avec les hêtres, contempler le charme d'une nuit d'été, gamberger un bâton à jeter aux flammes, spéculer sur l'écorces oranges par trop pleins d'ânes robustes, mijoter devant de beaux yeux, etc...
Toute cette humanité dans la cheminée, simple chaleur fédérée et qui me procurait des soulagements aux cervicales endolories. Le corridor à saveurs était prêt à recevoir les premiers morceaux de pain d'épices.