La Chouette Effraie

Vous l'entendez avant de la voir,

Silhouette blanche sur fond noir,

Elle chuinte. La peur en vous s'immisce,

De longues ailes dans la nuit glissent...

Vol battu, silencieux, elle est la dame blanche,

La chouette effraie de vos nuits blanches.

Nimbé de roux, masque blanc en forme de coeur,

N'est-il pas humain ce doux visage penseur ?

Jadis compagne d'Athéna, oiseau d'augure,

A jamais liée aux mystères ds nuits sans lune,

Aux sorciers, aux revenants d'un autre monde

Quand à cris glaçants d'effroi, elle fait sa ronde.

Il y a longtemps, sur la porte des granges,

Par ignorance, les paysans crucifiaient ces anges.

Manteau brun doré, flammé de gris, émaillé d'ocelles

Blancs cerclés de noir, elle est pourtant si belle !

Immobile, ventre blanc moucheté de fines perles noires,

Là-haut, dans le clocher, elle n'attend que le soir.

Regard de jais scrutant l'invisible, nocturne chasseresse,

A la nuit, des rongeurs périront, poignardés par ses serres.

Laissez-lui donc ouverts combles, élglise, greniers,

De son sabbat d'amour, de son pas de fantôme, riez !

Bonnes gens, rendormez-vous ! L'ange de la nuit veille...

L'effraie, la dame blanche, jamais ne sommeille !

janvier 1998