La Chute

Ferdinand Legendre

Sous la toile les flammes lèchent,
Quelques bulles dorées crèvent en surface et finalement rien n'est plus insensé que de voler entre nos lèvres. Que de penser qu'il n'y a plus, à l'ombre des cœurs, qu'un couloir dont les ampoules, une à une se cassent. Alors que tu me regardes, de ton côté de la table, je vois le gouffre fou qui caresse nos entrejambes, j'entends ton mobile, sur lequel tu as vissé un silencieux. Je sais reconnaître au fond de ta gorge le sable, tes mémoires immobiles n'empêchent en rien que tu souffres car il n'y a jamais eu personne dans les cieux.
Une demi-seconde de vide et le fond de ton verre n'est plus que salive, il t'aurait fallu un peu de mer, autre chose que de la mauvaise bière, tu confonds tes cuisses, ta rivière, prétends m'offrir une autre rive.
Si tu t'accroches à mes habits est-ce l'ivresse qui pour nous parle ? J'ai en tête l'image de tes fesses, sur ma langue l'acide perle. Je n'y peux rien si le vent presse, et s'il fait gonfler mes joues, J'ai des nuages la caresse et mes démons en garde-fou. Tu sais broder l'incertitude, aurais-tu les fils des Moires ? De l'absence j'ai l'habitude, je me trouve beau dans le miroir, Et si j'ouvre ma fermeture quand tes silences en avalanches, viennent frapper contre mes hanches, et qu'il pleut sur mes écritures. Le sol se rapproche un peu plus, est-ce ton corps que je vais heurter ? Ils frappent à la vitre des bus, ces mots que je veux t'apporter.
Tu sais que l'ascendant refuse, Tu frappes deux fois contre mon torse, Double impact pour triple buse, on cogne les murs avec force, mais rien ne peut seulement céder, et je transpire dans la descente, on pourrait tenter de s'aider, mais il n'y a de prise sur la pente. Alors j'y enfoncerai mes doigts, peut-être même la main entière, tu sais ce que peut faire mon toit, je n'ai que faire de ces prières. J'ai l'air dans tous les orifices, et la cacophonie des sorts, je briserai les édifices, qui se dressent entre nous dehors, Je ferai taire nos chimères, à coups de langue et je me bute, au venin qui nous éviscère,


Car je ne peux stopper la chute.

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