La clameur de la Berge
lodine
Paris,
La clameur de tes berges est-elle aussi profonde le jour que la nuit ?
Comment se portent tes vagues, Oh ! Seine magique qui charrie
Souvenirs du présent,
Fantômes du passé
Images en devenir ?
Y-a-t-il sous tes ponts autant de notes qui se perdent que d’échos qui reviennent ?
Y-a-t-il des parfums qui surgissent au détour d’une rive
Pour s’évanouir dans le cou d’une femme qu’on enlace
Près d’une eau frémissante ?
Bateliers ! Où chantent vos rires ?
Vous qui chargiez en vos flancs noire suie et blanche farine
Sûrs du destin de vos barges pourfendant des eaux pourtant sages…
Où sont passées les joutes des frondeurs des dimanches ensoleillés ?
Les fleurs qui jonchaient de leurs mystères les pavés?
Où nagent les sirènes ?
Chantent-elles encore sous la pleine lune
Près du Pont des Soupirs ?
Oh ! Promeneurs du soir!
Entendez-vous le cliquetis des chaînes des forçats
Qu’on embarquait pour Cayenne ?
Là…
Tout près de la Cité…
La clameur enfle.
Ecoutez bien
Le murmure des amoureux
Le râle des amants
Le gémissement des victimes qu’on assassine
Là…
Sur les berges de Paris…
Mais tout passe, tout s’efface
Dans la clameur qui désenfle
Quand tombe la nuit sur les cieux de Paris.
Et puis, au petit matin frêle
Les joueurs de saxo installent leurs notes
Pêchent dans les limbes de leurs trop lointaines rives
Les accents qui touchent et dénotent.
Féconds troubadours de notre Temps,
Jouez pour les morts toujours vivants
Jouez pour les vivats des enfants
Jouez pour que cesse la fureur
Des secondes qui raflent tout sur leur passage.
Berges de Paris
Cueillez les divines flèches décochées par les Anges de Notre Dame
Transpercez la pierre dans le cœur des hommes ou des femmes
Faites-en jaillir le sang de la passion !
Brandissez-le vers les étoiles de la nuit
Ou du jour,
A votre guise !
Papillons de nuit désailés
Détournez-vous des reflets métalliques de la Seine
N’esquissez pas le fatal geste
Ecoutez la clameur qui enfle et désenfle…
Comme une vague…
Comme un souffle jamais fini…
Comme la vie.
Laurence Vasseur
24 novembre 2011