La créature

mooona

Bon au départ j’ai pensé, ça y est cette fille est dingue, complètement dingue, mais qu’est-ce que je fous putain ?

Puis cette fille complètement dingue j’vous disais, s’est approchée de moi, elle a sourit avec ses lèvres très rouges et ses dents très blanches et elle s’est avancée vers moi avec cet air encore plus dingue. Elle a soulevé une cascade de cheveux blonds colorés et à froncé ses sourcils noirs d’un air provoquant mais tellement attirant. Elle a fait la moue, me scrutant de ses yeux émeraude soulignés de noirs et de cernes prononcés datant de plusieurs nuits tardives. Ses cils d’un mètre de long se soulevaient et s’abaissaient follement faisant battre ses paupières de manière frénétique. Je restais subjugué, impossible de bouger, mon cerveau ralenti, ne savait plus quels ordres donner à mon corps que celui de laisser battre à toute vitesse mon cœur menaçant d’exploser. L’usage de la parole m’était étranger et je ne pouvais plus que rester là, à continuer de l’observer, continuant de me dire que cette fille était complètement dingue.

Plus elle s’avançait, plus j’étais pris au piège. La créature aux longues jambes égratignées, éraflées, vint poser quelques doigts aux ongles vernis de rouge carmin sur ma joue mal rasée. De son autre main,  elle bringuebalait une bouteille à moitié vide, de vieux vin rouge au goût amer, laissant au passage quelques tâches douteuses sur ma chemise blanche à moitié déboutonnée. J’avais certainement trop bu pour avoir les idées claires, mais je sentais que me laisser aller à ce petit jeu n’était pas la bonne conduite à adopter. Cependant je me laissais faire, oubliant les règles de bienséances, m’abandonnant à d’autres plaisirs un peu moins vertueux. Je me laissais diriger par l’envoutante déesse  au parfum d’ivresse, de sueur et de tabac aux mélanges de fruits enivrants.

Le sol tanguait sous mes pieds et la musique assourdissante balançait un vieux blues rythmique des années 60. Elle me guidait avec lenteur, sensuelle et tentatrice, elle laissait se glisser dans un coin de sa joue droite par moment, une fossette aux faux airs de victoire. M’attirant  et m’éloignant contre elle, je me vis contraint à esquisser quelques pas de danse, maladroit et définitivement sou. Son cops effleurait le mien par moment, laissant écraser ses petits seins contre mon torse découvert.  Je sentie bientôt ses lèvres très rouges se cogner contre ma bouche trop sèche avec violence. Le baiser fut furtif mais intense, une chaleur dévastatrice m’envahit tout entier, brouillant davantage mes pensées. Je décidais de reprendre la relève et l’embrassait avec la même brutalité qu'elle avait usée pour coller ses lèvres contre les miennes.

C’est à ce moment que j’ai perdu la notion du temps. Nous sommes restés à nous embrasser longuement et précipitamment à la fois,  sans aucun doute pendant 1000 milles ans, ses bras m’entourant fermement la taille, la bouteille battant mon dos incessamment, je n’y prêtais guère d’importance, mes mains se glissant dans ses cheveux emmêlés...

Le réveil fut brutal. Un mal de crâne lancinant se fit ressentir et la mémoire rappelant les évènements de la veille ne répondit  que par fragments, bribes d’images et de sensations, de senteurs et de souvenirs flous, morcelés mais bizarrement encore chauds.

Tout ce dont j’étais à peu près sûr, c’était que cette fille était complètement dingue. Et qu’elle m’avait convertit le temps d’une nuit aux douces folies festives. Je tournais la tête, et compris, un peu tard, que l’histoire n’était pas finit. Des mèches blondes s’échappaient de sous la couette qui se soulevait au gré d’une respiration régulière et discrète laissant deviner une inconnue profondément endormie.

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