La curieuse métapthore du plateau de Kebab

John Smith

« Certains passe leur vie dans l'assiette, persuadés que le monde a comme seule opportunité ce qui est à porter de vue. Ils sont comme ces vaches qui regardent les trains, passif, ne comprenant rien à ce qui les entourent, animées par aucune créativité ou curiosités. Ils ont opté pour la stratégie de l'imitation sociale, devenant une sorte de mélange de tout ce qui traine, en répondant parfaitement à l'offre et la demande du groupe, afin de s'accomplir par la différence. Sans le savoir, c'est la seule chose qui les pousse à agir, c'est aussi la raison de leurs profonde et permanente désespérance. Ils ne savent être seulement ce qu'ont leurs a appris, c'est pour cela qu'ils ne seront jamais autre chose que des vaches inconscientes.


Parfois, par chance, quelques-uns deviennent critiques, ils sortent de l'assiette pour atterrir sur le plateau et y découvrent la vaste étendu des possibilités qu'ils ignoraient alors. Ils tentent de parler aux autres, à ceux qui ne savent pas, ils gigotent, prennent des initiatives pour convaincre afin de leur offrir des nouvelles perceptives. Comme tous, ils craignent que le combat qui les pousse à agir soit le mauvais, ils refusent de réfléchir et de risquer de constater l'absurdité de leurs actions, de leurs passions et en somme, de tout perdre.

Ce qui anime ces gens, c'est l'espoir de vivre mieux, ils sont persuadés qu'il y a un progrès à travers le changement. Ils se savent malheureux, il y a un vide en eux que l'ignorance ne peut plus remplacer, ils deviennent donc croyants. Une foi qui dure le temps qu'ils comprennent que cela ne leur sera d'aucune utilité, puisque rien ni personne ne changera ce monde avec des motivations aussi maladroites et personnelles. Ils deviennent alors stupides, arrogants, égocentriques, qu'importe au final, puisqu'ils ne font que légitimer leurs inévitables retour au plancher des vaches.
C'est ainsi que ceux qui sortent de l'assiette finissent toujours par y retourner.


Mais les gens comme toi et moi, on n'est ni vache, ni révolté, nous on est sorti du plateau de kebab.
Tous ces corps s'agitent autour de nous, on est entouré de passions, de coutume, d'obligation, d'apparente évidente. Mais notre recul nous a appris une chose : tout cela n'est qu'un spectacle dont les acteurs préfèrent se mentir plutôt que d'arrêter leur rôle, ou les véritables enjeux sont des tabous, ou la pensée, la réflexion et l'intéligence sont remplacées par des réflexes stupides propres à ceux qui ne veulent surtout rien remettre en cause.

On sera toujours entouré, mais on ne sera jamais intégré.

On aura beau vouloir être comme les autres, aimer comme les autres, pleurer comme les autres, on sera toujours à l'écart. Nos pensées nous ramènent inévitablement à la réalité parce que nous sommes conscients de nos rôles, des causes qui déterminent nos désirs, des masques que nous portons tous les jours. Ils nous arrivent même parfois, comme aujourd'hui, de les enlever. Dès lors, nos instants de pure lucidité, qui nous effrayait tant autrefois, deviennent habituelle et interminable.
Et ça nous suivra toute notre vie, ça va nous bouffer, nous perdre dans le vide des questions existentielles, jusqu'à notre abandon total...

Simplement parce nous avons admis notre mort prochaine, alors qu'eux resteront jusqu'à la fin convaincu qu'on peut vaincre la mort en arrêtant d'y penser


Mec, sur l'assiette, il faut de l'ignorance pour ne pas voir le plateau, mais une fois celui ci-atteint, c'est la folie qui te permet de rester à l'abri du réel. Mon cher, nous sommes sortis du plateau de Kebab, tu es un homme de raison dans le monde des fous. Que vas-tu décider d'accomplir de ta vie ?" »


C'était prévu pour être une conversation intéressante avec Jules, de cœur à cœur, d'esprit à esprit comme j'aime le dire, initialement prévu pour parler de manifestation étudiantes. On a abordé ce sujet bien après, mais ça n'avait plus d'importance en somme, tout a déjà été dis.

  • Joli mélange de sociologie et d'humour. ;)

    · Il y a plus de 8 ans ·
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    tabellion

    • Oh, c'est gentil, merci !

      Oui, oui, c'est une manière d'écrire facile pour parler de ce genre de sujet, qui est toujours délicat de rendre intéressant.

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Black windows 542931

      John Smith

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