La danse du sable vert

Sylvia Herbez

Admirant l'éclatante beauté du paysage au dessous de moi, je fus soudain transportée en arrière, dans mon enfance. M'apparaissait comme en rêve, la forêt tropicale, lieu de tout mon imaginaire. Disparaître dans l'immobilité de l'étendue verdoyante était pour moi comme entrer dans le ventre de ma mère, l'esprit de mon père. Entraient alors en scène les danseuses célestes du roi comme sortant de la pierre encore chaude du soleil. Ecarter les racines, toucher l'éclat des pierres de lunes comme autant de marches jusqu'au sommet du sanctuaire, je savais que j'atteindrai en quelques efforts le Grand Départ. Apparaîtrai-je seulement à ce roi, en haut du temple-montagne, qui, chaque nuit, attend la visite du serpent à neuf têtes? Deviner les ombres des sourires sur les pierres lisses des temples, mon esprit, à la magie des lieux, se laissa prendre et, laissant ma veste aux eaux du lac, je décidai d'entrer définitivement dans cette danse permanente des lianes étrangleuses d'Angkor.

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