La danseuse au bar

Quentin Bodin

Le corps se torse, se courbe sous l'anse de l'émouvoir
Qui scinde la chair et la force, pratique le divorce
Pour le pourboire. Elle prit un verre et sa gorge d'écorce
Se rappe au roc des montagnes, les coudes au comptoir.

Dans ce temple du frivole, du léger sévit l'alcool
Des vieux hommes, des chiens qui bavent pour une carcasse
Jetant billets, injures, à celle qui se dandine, la bécasse
Du pervers. Elle n'est désormais plus femme mais limicole.


La revoilà au bar, les jambes croisés cette fois-ci,
Les sens lâchés, léchés par les pores d'Amertume
Qui sur son visage dépose par vague l'amère écume
Des jours passés, lassé de ces tumeurs, de cette comédie.


Cette fois elle n'y retournera pas, ne frappera pas sur le sol
De ses pieds nus. Aujourd'hui elle ne sera plus esclave,
L'épave des vieux jours. Elle veut être de sucre, suave
Aux bons plaisir qui au soleil se dirige comme un tournesol.


                                                                                         Bodin Quentin
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