La demande

lorine

Cette nouvelle est issue de la série : "La petite fille aux yeux dorés".

   Un jour, pendant le petit déjeuner, quelqu'un frappa à la porte. Rena, la vampire, soupira et revêtit son visage de jeune fille sage pendant qu'Audria allait ouvrir. Rena entendit l'expression de surprise de sa mère adoptive et tourna la tête vers le nouveau venu.

   Un homme plus vieux qu'Audria entra dans la salle à manger sans attendre que cette dernière ne l'y invite. Il était très bien habillé. Ses vêtements devaient avoir été confectionnés dans un beau cuir et dans une soie de qualité. Ses longs cheveux blonds étaient bien coiffés et sa barbe naissante lui donnait un air tout à fait séduisant. Ses yeux marrons respiraient de suffisance et de confiance. Il eu un sourire goguenard en voyant Rena et ses formidables yeux dorés.

   – Que puis-je pour vous ? Demanda Audria.

   Il s'assit à la table où était installée Rena, devant elle.

   – Je viens vous faire une proposition qui – je suis sûr – vous comblera de joie, répondit-il.

   – Je vous écoute, dit Audria en s'installant à côté de de Rena, en face de l'homme. 

   – Vous n'êtes pas sans savoir que je suis le chef d'une des familles les plus influentes de la région.

  – Malheureusement, je ne sais pas qui vous êtes, le coupa Audria.

   Son seul but avait été de le blessé dans son orgueil. Elle ne supportait pas ce type de personnes. Elles qui ne se gênaient pas pour se moquer des gens qui n'avaient pas leur chance et qui ne vivaient que dans l'espoir de grappiller un peu de gloire en marchant sur les autres.

   – Et bien je suis le seigneur Madric, conseiller de notre cher Duc et, de la part de mon fils, je viens demander la main de votre fille.

   Rena se retint de laisser échapper la moindre expression de surprise. Si elle s'était laissée aller, elle serait sans doute entrain de le regarder maintenant avec la bouche ouverte et les deux yeux ronds comme des billes.

   – Pourquoi votre fils n'est-il pas venu lui-même ? demanda Audria.

    – Mon fils, est à la capitale, près du couple Royal.

   – Peu importe, ma fille est encore bien trop jeune, répondit Audria, beaucoup moins chaleureuse qu'à l'arriver du seigneur Madric.

   – Ne me prenez pas pour un imbécile, elle a l'âge de devenir une femme mariée, ne lui faites pas faire la même erreur que la votre dit-il, cherchant à la blesser.

   Audria était blessée, Rena le sentait et cela la rendait folle de rage. Sa faim de vampire se fit rapidement sentir. Elle regarda la jugulaire de l'homme, appétissante et sa carotide pulser au rythme des battements de son cœur.

   – Pourquoi moi ? Demanda Rena.

   – J'ai entendu parler de vos formidables yeux et de cette maladie étrange qui rendait votre croissance beaucoup plus lente que la normale. Je veux le meilleur pour mon fils et cela passe par le fait d'avoir à son bras une femme belle et jeune pour de longues années, expliqua-t-il le plus sérieusement du monde.

   – Je ne suis pas un objet, répondit Rena qui avait de plus en plus de mal à contenir à colère.

   – Vous croyez être quoi de plus avec votre rang actuel ? Je vous offre la prospérité et un bon mariage ! Tonna l'homme qui n'avait vraiment pas l'air d'aimer qu'on lui tienne tête.

    – Votre « place » ne nous intéresse pas, répondit Audria qui avait bien compris le refus non verbale de sa fille. 

   – Ah je comprend, vous avez pris ma visite pour une demande, il y a un mal-entendu. Ce n'était pas une demande mais une annonce. Vous n'êtes pas sans savoir que le Duc a le droit de vie et de mort sur tous ses citoyens. Il peut prendre à votre place. Il en a le pouvoir. Si je lui demande de marier mon fils à votre protégée, il le fera.

   Et il se leva et s'en alla sans un regard pour les deux femmes. Il claqua la porte derrière lui, les laissant seules dans le silence et le sillage de sa cape de cuir.

   Rena fulminait. Jamais depuis sa naissance en tant que vampire, personne n'avait essayé de lui imposer quelque chose, de la faire prisonnière d'une union qu'elle ne voulait pas, essayer de l'écraser. Elle était le chasseur, l'âme nocturne et libre, la vraie maitresse des lieux. Elle les dépassait en âge, en force et en culture et ce petit merdeux enrubanné venait d'essayer de l'écraser elle et sa chère Audria. Il allait le payer tellement cher. Une fois de plus les mortels la dégoutait. C'était la goutte de trop.

  Rena se tourna vers Audria et lui promit, les dents serrées :

   – Tu voulais changer les choses sans savoir quoi faire et bien ne t'inquiète plus, tu vas pouvoir le faire parce que je vais t'offrir ce Duché, je vais même t'offrir ce pays entier. Plus personne ne m'enfermera !

   Un nuage de fumée noire prit sa place et s'enfuit de la maison par la cheminée avant de finir sa course dans la forêt des hiboux. Ces derniers s'envolèrent en masse avant que le silence ne revienne.




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