La déraison
nevada
La vallée prenait des formes qu'on n'aurait pas soupçonnées : rose, tendre, vingt fois la vie et les cendres qui s'en vont. Il suffisait de sentir en soi, hors de soi, l'horizontalité suivrait, empreinte comme ça d'un goût du risque qui ne s'ignore pas, blanchi, dans la gorge, voulu, immaculé sens du temps. Tu dis grandi, tu ris, tu te fiches d'hier, tu n'entends plus la divine divinité sortie des têtes des grands — la barbe blanche, la blouse trouée, les joues giflées, les têtes des vieux cons. Tu marches crabe, à gauche, dessous, au-de-vent : sur les marches du grand palais à venir, ça glisse comme un soleil.
C'est pas si laborieux quand ça parle du temps qu'il fait. Ça s'accroche pas comme quand on demande ce qu'il y a au fond de cette tête-là, au fond de ce cœur-là, au fond tout au fond de ce gouffre bleu. (Si l'eau n'en sortait pas salée comme un chagrin d'enfant trop sage, les pas seraient moins lourds et les empreintes moins là.)
Systématiquement la nuit viendra poser dessus les yeux sa fatale déraison : dis-moi pourquoi le noir met de l'eau sur tes joues. Dis-moi même pourquoi ta manière de voir le monde n'est pas celle des capsules de bière.
Ne plus s'entendre avoir envie, manger la frontière entre toi et la partition du monde : tu voles comme celui qui meurt avant d'avoir pu figer l'air entre ses doigts.
Tu collectionnes les soifs d'ailleurs.
Quelle originalité ! J'aime bien.
· Il y a plus de 14 ans ·bibine-poivron