LA DÉRANGEANTE RÉALITÉ DE TON ABSCENCE
miramcity
Ta présence me réconforte
et tous matins
je la fais renaître
dans la dérangeante réalité de ton absence
puisque je veux avoir besoin
de savoir que tu es là.
Je me suis créé cette joie de t’imaginer
comme un complément à ma solitude
pour meubler le temps
en attendant que tu occupes l’espace vacant
dans la dimension de mon cœur.
Je te retrouve parfois
dans le parfum d’une autre,
dans son sourire
ou certaines courbes de son corps.
Je te retrouve l’instant d’un frisson,
d’un fugitif plaisir
dans mes contacts avec tes semblables.
Mais aucune d’elles n’est toi,
aucune dans son offrande
ne me touche globalement.
Aucune ne sait me donner la mort
et me ressusciter du souffle de son âme.
Aucune n’a le courage et la lucidité
d’aller au-delà des épreuves
des pièges et de la sublimation
que je provoque à leur intention…
Pour voir, pour savoir
quelle est la partie de leur conscience
qui sommeille encore lourdement
dans les limbes douillets
du conditionnement de leur identité.
Ta présence me réconforte
et tous matins
je la fais renaître
dans la dérangeante réalité de ton absence
puisque je veux avoir besoin
de savoir que tu es là.
Je te respire dans ma mémoire
car j’ai souvenir de t’avoir aimé
au cours d’une douce vie
il y a très longtemps déjà
au premier de nos passages sur terre.
Durant des éternités
je me suis languis de toi.
Certaines fois, je ne savais même plus
que nous avions partagé nos destinés.
D’autres fois, un feu me rongeait le cœur
sans qu’aucune compagne ne puisse l’apaiser.
J’avais l’exigence sévère
et l’intolérance facile.
J’écorchais les cœurs à l’abattoir de l’amour.
Je trahissais les sentiments
en les submergeant de culpabilité.
J’imitais les gestes de la tendresse
pour nourrir des dépendances
et transformer cruellement des valeurs morales
en une pâle copie
d’un souvenir éthéré qu’il me restait de toi.
Je souffrais dans mes désillusions
de vouloir te recréer
car je n’avais pas encore la sagesse
de respecter ton droit d’être ailleurs
d’être toi aussi, possiblement à la recherche de moi.
Ta présence me réconforte
et tous matins
je la fais renaître
dans la dérangeante réalité de ton absence
puisque je veux avoir besoin
de savoir que tu es là.
Je me fais parfois penser à un errant,
à un vagabond du mal à l’âme,
marchant dans les déserts de l’émotion
entre les mirages de l’amertume
à la recherche de ton oasis
J’ai souvent brisé ma voix
à crier ton nom
dans les douloureuses transitions
des moments d’hésitations entre l’ombre et la lumière.
Je me suis bercé de joie
dans la préparation de mes nouveaux voyages
car j’avais chaque fois la conviction
que je retrouverais ton essence
dans le miroir des yeux
d’une femme en attente
au coin de mon réveil.
Et je vivais comme un somnambule
en calmant mon impatience
avec les expédients que m’offrait la société.
Il m’est arrivé quelques fois
de me laisser couler au fond du désespoir
et de mettre fin brutalement
à la durée relative d’un mandat.
Je suis mort souvent, avant le temps,
alourdissant ainsi le poids du karma,
repoussant d’autant notre Ré-Union.
Ta présence me réconforte
et tous matins
je la fais renaître
dans la dérangeante réalité de ton absence
puisque je veux avoir besoin
de savoir que tu es là.
J’ai le goût quotidien de toi
dans mon incarnation actuelle
car le tissu de ta réalité
s’est moulé au fond de mon être
dans une complicité androgyne.
Ce n’est plus comme dans ce temps là
ou je me suis nourri de toi
et que ma sensibilité t’a reconnue
sous les traits d’une mère bienveillante.
J’ai souffert les affres de la jalousie
et j’ai ensemencé dans mon cœur
une haine mortelle pour mon géniteur.
J’ai renié mon rôle d’enfant
et sitôt que j’ai su marcher
j’ai couru me précipiter du haut de la falaise.
J’ai usé mon trop plein de rage
dans ma peau de fantôme
à hanter la nuit
avec les chaines de ma colère
le berceau sur lequel tu pleurais.
Je t’ai même poussé
à connaître toi aussi le désespoir
afin que tu viennes me rejoindre
dans un couloir parallèle de l’expiation.
Mais tu as su résister volontairement
avec le courage d’une soumission fataliste.
Ta présence me réconforte
et tous matins
je la fais renaître
dans la dérangeante réalité de ton absence
puisque je veux avoir besoin
de savoir que tu es là.
Dans cette longue durée
du temps de l’expérience
je commence finalement à comprendre
comment m’aimer et faire rayonner mon amour
pour attirer à moi la vivacité de ton amour.
Je n’ai pas fait que souffrir
dans ma quête de pèlerin.
J’ai surtout appris le discernement
de la grandeur et de l’ordre des choses.
Dans l’irrespectuosité de ma violence
j’ai bousculé des images de moi-même
jusqu’à me retrouver seul, dans mon unicité
n’ayant plus d’autres ennemis
que la vérité de ma solitude.
D’une guerre du feu à une guerre des étoiles,
j’ai conquis, assujetti, préservé, transformé
le cosmos de ma conscience
afin de m’installer à demeure
dans un point précis de l’univers.
Je n’ai plus la volonté de te rechercher.
J’ai rangé mon armure de guerrier
pour éviter de t’effrayer ou de te provoquer.
Il me reste la plume qu’une colombe m’a donnée
pour adoucir mon tempérament d’aigle
et donner à me perspicace lucidité
le pouvoir d’écrire les mots de mon attente.
Ta présence me réconforte
et tous matins
je la fais renaître
dans la dérangeante réalité de ton absence
puisque je veux avoir besoin
de savoir que tu es là.
Car tu es là
quelque part à la croisée du destin
avec la mémoire passive de ton origine,
avec le souvenir de notre première étreinte,
avec des promesses de plénitude.
Je laisse couler l’encre
comme un pont entre nous deux.
Mes phrases sont l’Arche de notre alliance.
Ma certitude de ta présence éveillée
est le sceau sacré de notre fusion.
La raison essentielle
du pourquoi j’habite une fois encore
le corps d’un homme
dans cette dimension de l’épreuve
c’est de sceller la porte des Poissons
pour me baigner avec toi
dans les urnes révélatrices
du Verseau qui recommence.
A l’image de tous les autres Ré-Unis
nous habiterons notre jardin
en osmose avec cette communauté d’ÊTRES
que tous nos voyages intemporels
nous ont permis de rallier
pour ce rendez-vous de la liberté.
Ta présence me réconforte
dans la dérangeante réalité de ton absence
que le temps se conjugue à combler.
Copyright Miram
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Merci Edwige, tu peux me dire: "Tu", je suis Miram et je suis heureux que ce texte puisse éveiller quelque chose en toi, c'est le but de toute forme de transmission. Je viens de t'adresser une demande sur Facebook. Ce que tu aimes dans ce texte me montre la mesure de ton intense sensibilité et ressentir quelqu'un vibrer c'est une richesse en soi.
· Il y a plus de 13 ans ·miramcity
C'est splendide et très riche ! "une plume de colombe et un tempérament d'aigle". Votre texte miramcity m'apporte personnellement une chose précieuse, inattendue et particulière à laquelle je n'avais pas pensé... La présence de ce refrain donne un rythme que j'aime beaucoup. Je pense que je reviendrai lire votre texte et vous remercie...
· Il y a plus de 13 ans ·Edwige Devillebichot