La destruction d'un monde (extrait)

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Entête.

    Pour la première fois, un homme entrait en elle. Quand l’hymen se déchira

un léger filet de sang s’écoula, venant rougir le sexe de son amant.

                                            …, de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yahvé

                                            Dieu façonna une femme et l’amena à l’homme.   

                                                                                                   Genèse ; 1, 2,22. 

Première coction.

1.

    C’était l’été et au dessus des champs de pavot de la vallée de la Salouen, au sud de la Birmanie, le soleil crachait tout son feu. La saison de la récolte de la résine brute approchait et les paysans Birmans se préparaient pour ce surcroit d’activité.     

    Solidement accroché à la tige d’une opiacée, un cocon s’éventrait lentement.

La chrysalide avait achevé ses nombreuses mutations physiologiques et laissait place à un magnifique papillon. Sa tête apparue en premier, toute humide. Il s’extirpa péniblement de l’enveloppe de soie où il s’était enfermé à l’état larvaire et déroula sa large voilure couvertes de fines écailles.

    Quand le soleil l’eut totalement séché de ses chauds rayons, le lépidoptère déploya majestueusement ses ailes parées de vives couleurs. Le déplacement d’air provoqué par le battement de son envol fut imperceptible.

2.

    Dans l’univers, la terre suivait son inlassable rotation autour de l’étoile solaire.

    Le froid et la grisaille étaient tombés sur la vieille Europe et personne, dans la ville que surplombait un épais manteau de nuages gorgés d’eau, ne pouvait encore soupçonner l’ampleur de ce qui allait advenir.

3.

    Adam.

    Je suis la première et la dernière génération. Le sixième jour IHVH me modela à son image avec de la glaise. A la naissance du monde, je fus scindé en deux principes opposés et ne ferais à nouveau qu’un à la fin des temps.

    Je fus établi par IHVH dans le jardin d’Eden pour le garder et le cultiver mais, j’en fus chassé par la ruse du serpent et par la convoitise de la femme qui avait été tirée de l’une de mes côtes pour que je ne sois pas seul. Pour l’avoir écouté et avoir  mangé le fruit de l’arbre que IHVH m’avait défendu d’approcher, le sol fut maudit.

Et, puisque je fus tiré de la glèbe, je fus destiné à retourner à la glèbe.

4.

    Le vent soufflait sans interruption depuis trois jours complets et les oiseaux se regroupaient sur les fils électriques à basse tension pour migrer en direction des pays du Sud.

    C’était le matin et le soleil d’automne se levait sur les toits de zinc des habitations collées les unes contre les autres. Les nappes de brumes planant dans l’air diffusaient la luminosité de manière blanchâtre comme si la ville toute entière était enrobée d’un linceul.

    Le ronronnement régulier et permanent issu de l’incessante activité humaine montait vers l’empyrée où la lune trônait encore livide aux cotés de l’astre du jour.

    Dans les rues, tel le flux sanguin d’un organisme vivant, la circulation battait au rythme des feux rouges. Tout le monde vaquait à ses lucratives activités : les livreurs déchargeaient leurs marchandises, les écoliers (un micro-ordinateur portatif sur le dos en guise de cartable) entraient dans les cours de récréation, les prostitués s’en allaient dormir, les facteurs partaient en tournée, les camions poubelles se gorgeaient de déchets… Ce n’était déjà, à cette heure matinale, qu’un tohu-bohu que l’approche de l’hiver ne freinait pas.

5.

    Adam n’avait pas fermé l’œil de la nuit, d’étranges pensées avaient tournoyé dans les méandres de son cerveau et l’avait tenu éveillé jusqu’à ce que le jour pénètre dans sa chambre.

    Depuis quelques jours, ses crises de somnambulisme devenaient plus fréquente, comme si son organisme présentait les mutations que l’univers allait subir.

    Assis sur son lit, il était plongé dans une douce torpeur.

6.

    En cette fin de XXIème siècle, le monde subissait le contre coup de la rage des hommes. Aucune station du globe n’était épargnée par l’holocauste généralisé (guerres civiles, corruption, criminalité galopante, affrontements ethniques, cyber menaces , famines, pollution , invasions, guerres chimiques, intégrisme, émeutes, révolutions, guerre de religion, pauvreté mutations génétiques, menace nucléaire et bactériologique…) qui tel une pièce de monnaie qui tournoie sur elle-même, et dont le mouvement s’accélère avant de s’arrêter, allait mener cette civilisation pourrissante à sa fin.

7.

    Des cadavres…

                    La suite ?... Récit de 114 pages attendant un éditeur.   

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