La détresse I

aren_seondi

Court texte écrit un jour où ça n'allait pas trop, provenant d'un roman en cours d'écriture. Le style est lourd, le message est lourd. A lire un jour de pluie, à ne pas lire si le moral est bon.

« Le déchirement que l'on ressent à ne plus savoir pourquoi nous existons. La sensation de n'avoir plus aucun but, de ne plus comprendre. Je regrette. Je me questionne. Et si ? Je n'ai pas peur. Je suis juste fatigué. Je ne comprends plus. Il n'y a aucune logique. Je suis triste. J'essaie d'avancer, d'oublier mais les mots restent, les images aussi. Je ne veux plus être là pour personne. Je veux juste vivre ma propre vie et voir sa fin poindre le plus tôt possible. C'est tout ce que je demande. Je ne pleurerai pas, non. Pas cette fois. Je ne pleurerai pas. J'irai au devant de la mort, la chercher et la saluer. Ce monde n'a plus besoin de moi. J'ai cru pouvoir servir quelque noble cause mais je suis inutile, indésiré. L'Homme a tendance, malheureusement, à faire aux autres ce qu'il ne veut pas qu'on lui fasse, ni ce qui lui a été fait. Je ne suis pas de ce genre. Pourquoi j'épargne quand on m'attaque ? Pourquoi je baisse les armes quand on me menace ? Je ne sais pas, vraiment pas. Je regrette. Je me questionne. Qui suis-je ? Suis-je faible ? Suis-je fort ? Est-ce mon orgueil qui parle ? Je ne sais pas. Je ne veux plus être là. Plus jamais. Si je pouvais fermer les yeux et m'endormir. Si je pouvais me réveiller dans un endroit sûr, chaleureux, où se trouve celle que j'aime. Si je pouvais mourir en paix, sans abandonner personne. Ni mémoire, ni devoir. Je dois, oui, je dois. Je dois faire énormément. Sans arrêt, sans cesse, je dois. Je dois parce que je peux. Aujourd'hui je ne peux plus. Je veux me reposer. Aussi longtemps qu'il me le faudra. Je suis fatigué de devoir. A trop devoir, je ne veux plus qu'une chose, mourir. Je ne suis plus libre. Je ne l'ai jamais été. Et je cherche les prisons, quelles qu'elles soient. C'est inconscient, mais au réveil de chaque matin, je me sens prisonnier. Ma liberté m'a été prise. J'étais libre, et je n'en avais pas conscience. Je n'en ai jamais profité. Faire ce que l'on veut, aller où l'on veut. C'est impossible pour certains. Pour moi je ne sais pas ce que ça fait, de se dire que tout est permis. D'espérer l'avenir, de l'attendre. En moi il n'y a que de l'espoir, dévoré petit à petit par le désespoir qui grandit chaque jour. Je ne comprends plus rien. Je n'ai plus la force de lutter, contre tout, contre moi. Je ne comprends plus rien. Je veux y croire, je ne cesse d'y croire. Qu'un jour tout finira et que je recommencerai tout depuis le début. Si seulement c'était possible. Refaire des choix, choisir une autre voie. Une voie vers la liberté. Ce serait mon plus grand souhait. Car aujourd'hui je ne me bats avec rien. Je dois créer mes armes, les créer de toute pièce et les affûter. Elles ne sont jamais très résistantes, non, jamais. Et mes espoirs sont rapidement détruits. Mais chaque jour, j'espère. Je ne me laisse pas abattre si facilement, j'y crois. Hélas rien ne me soutient d'autre que mes utopies. C'est difficile parfois. Car je suis seul. Et je ne comprends plus rien. A trop vouloir aider les autres, je me suis condamné. Le devoir. Le devoir par le pouvoir. Ce sera ma plus grande perte. A deux doigts des abîmes, je sombre facilement. J'appelle souvent au secours, à l'aide. Non, je ne le fais pas. Aider, ne pas être aidé. Etre le rocher sur lequel ils peuvent s'appuyer en tout temps, c'est moi. Mais un rocher qui coule… peu de gens peuvent le retenir. Alors je m'allège, je me dis que tout ça n'est rien et que tous ces problèmes sont de biens piètres problèmes, risibles, au fond, comparés à ceux des autres. Les autres, ceux qui ont une telle importance à mes yeux sans que je ne sache pourquoi. Je ne comprends plus rien. Je veux être libre. Libre de tout, libre de moi. Je suis fatigué de chercher une échappatoire, chaque jour, à chaque instant. Je suis fatigué de me refuser. Je suis fatigué d'être un rocher. J'aimerais avoir un rocher sur lequel m'appuyer. Mon père aurait pu être ce rocher. Mais il est là sans être là. Encore un autre problème. Bien sûr, il était là quand j'avais besoin de lui. Mais je n'avais pas envie d'avoir besoin de lui. Comment peut-on aimer son père et le considérer comme un étranger ? Pourquoi ne me parle-t-il pas ? Pourquoi me laisse-t-il là sans mot dire ? Alors qu'avec tout autre il discuterait ? Pourquoi ai-je la sensation désagréable qu'il ne m'aime pas, que je n'ai cessé de le décevoir ? Pourquoi ai-je le sentiment de ne pas être tel qu'il aurait voulu que je sois ? C'est sûrement mon problème. La reconnaissance du père. Que je n'aurai jamais. Et que je cherche en vain. Oui, j'en ai conscience depuis longtemps. Mais qu'y faire si ce n'est essayer de l'obtenir ? Je m'en veux d'être moi. Je m'en veux profondément d'être moi. Je donnerai n'importe quoi pour ne plus être moi. Pour être ce que tout le monde veut que je sois. Parce qu'au final, chacun me trouve un défaut différent. Alors je me questionne. Je regrette. Je ne veux plus être moi. Je cherche à devenir quelqu'un d'autre. Quelqu'un de meilleur. Sur tous les plans. J'essaie, je m'acharne. Je n'ai aucune confiance en moi. Aucune. Je sais ce que je vaux. Mais je n'ai aucune confiance en moi. Qui a confiance en moi ? Qui aurait des raisons d'avoir confiance en moi ? Je déçois quotidiennement. On attend beaucoup de moi. C'est ce qu'on me dit régulièrement. A force, je crois dur comme fer que je ne vaux rien. Déjà enclin à m'effacer, je suis à présent une ombre. Une ombre dans la pénombre. On vient me chercher quand on a besoin de moi, et en bon rocher je réponds présent. Toujours. Puis on me range dans un coin. Je fais ce qu'on me demande, ce que l'on attend de moi. J'essaie. Je m'acharne. Mais je suis fatigué d'être moi. Je veux être quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui supporte l'indifférence. Car je ne supporte pas l'indifférence. Je suis là. Je suis là ! Je dois me battre pour être là. Toujours. Je suis là… Ne m'ignorez pas. S'il vous plaît, ne le faites pas. Je manque d'attention. Je ne sais pas pourquoi. Pourquoi ? Je ne veux pas être qu'un rocher. Je veux qu'on m'apprécie pour ce que je suis. Pas pour ce que j'apporte. On m'utilise, je le conçois. Je l'accepte. Mais ne m'ignorez pas. Je ne le supporte pas. A deux doigts de l'abîme, je sombre facilement. Je ne manque pas de courage, je n'ai rien à perdre. Cette faculté d'aller au devant du danger, je l'ai parce que je vais au devant de la mort. Et que je veux mourir. Je veux mourir. Je veux que tout s'arrête. Je n'ai pas peur. Je n'ai peur de rien que de blesser les autres. Je trouve ça triste. Incroyablement triste. Et je m'abhorre. Profondément. Je veux m'endormir et ne pas me réveiller. Que pour tout recommencer. C'est ce que je veux. Ca n'a rien d'égoïste, c'est juste moi. Un service que je demande. L'un des rares, que l'on me permette de partir sans m'en vouloir aussi pour ça. Mais personne ne l'accepterait. Personne ne comprendrait pourquoi. J'ai tout semble-t-il. Je ne l'ai jamais constaté, jamais remarqué. J'ai tout semble-t-il. Quelle blague. Je peux tout faire ? Je suis doué ? L'illusion me fait rire. Je ne cesse d'expliquer les heures passées à m'entraîner seul. Je ne cesse, mais personne ne me croit. Personne ne veut me croire. Personne ne me croit. Comme personne ne croira à mes sentiments. Je reste une ombre dans la pénombre. Une ombre que l'on sort quand on en a besoin. Je suis fatigué d'être moi. Je suis fatigué d'être moi. »

 

  • Je ne sais que dire...
    J'ai adoré. Le style, des phrases courtes, qui se répètent comme un écho... Pour vous faire entendre !
    Et pourtant j'ai failli détester. Que la vie ait pu vous amener à avoir ce genre de sentiments !
    En tous cas, Bravo, vous avez réussi à m'émouvoir. Merci :)

    · Il y a plus de 8 ans ·
    14447419016251

    bouille-de-lune

    • Je vous en prie. Merci à vous !

      · Il y a plus de 8 ans ·
      429

      aren_seondi

    • Je vous en prie. Merci à vous !

      · Il y a plus de 8 ans ·
      429

      aren_seondi

    • Je vous en prie. Merci à vous !

      · Il y a plus de 8 ans ·
      429

      aren_seondi

    • Je vous en prie. Merci à vous !

      · Il y a plus de 8 ans ·
      429

      aren_seondi

  • J'ai bien aimé :) On sent que tu devais vraiment ne pas être bien écrivant ce texte poignant ou alors tu sais réellement bien te mettre à la place de tes personnages ! Bravo ! :)

    · Il y a environ 9 ans ·
    Eoi0cxuqubfft1rnr3cx

    trompette

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