La fête

ristretto

Les quais de Paimpol sont en fête sous un soleil radieux.

Ca pète de couleurs gaies, pimpantes, flashy, de lumière et de strass, et du bleu, et du rouge, et des roses flamboyants,

ça clignote, ça clin d'oeil.

Les dix milles ampoules rendent plus bleu le ciel, et se moquent du soleil.

Dans les allées, les enfants, les ados, les mamans à poussette, les vieux endimanchés, les grand-mères claudiquant, les amoureux par deux et même le vagabond ont le sourire aux lèvres et les yeux qui pétillent.

Je croise la nostalgie dans le regard du vieux,

J'entrevois le souvenir, émoustillé sans doute, dans le sourire de la vieille,

Les jeunes mères sont tour à tour inquiètes, fières, attendries ; elles ne pensent pas à elles, ni aux fêtes passées, ni au futur, elles sont dans le temps des enfants.

Les jeunes hommes ça montre, ça démontre, ça roule… comme toujours.

Et l'image de mon père au stand de loterie..

Une petite fille en pleurs descend du train fantôme. Les cris et les rires sur les auto-tamponneuses. Les hurlements sur ces manèges , là haut dans le ciel, si haut ! Les voix au micro, de toute part, nous interpellent, promesse de gagner, peur ou rire garantis, vertiges et sensations fortes.

Ca sent bon la barbe à papa, le praliné et les beignets , les pommes d'amour sur le comptoir rondes et pulpeuses.

La fête foraine c'est mille soleils à elle toute seule.

c'est la joie sans complexe, c'est le preux chevalier qui gagne une peluche pour sa belle du jour, c'est le carrosse de cendrillon.

c'est fais moi rire

c'est fais moi peur

c'est je veux vivre à l'instant

je ne connais pas demain

je me fous d'être sage et des belles images

je voudrais être libre

Quand la fête s'éteint on sent le poids des chaines.


Yvette Aroca-Lehre (Ristretto) juin 2016

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