La fille de la Mort et de la Tristesse

rar

J'ai rencontré la fille de la Mort et de la Tristesse

Elle marchait dans la rue, n'inspirait pas vraiment l'allégresse,

Son pas était rapide, sa silhouette minuscule.

On aurait cru une ombre, oui,

Dans un lugubre crépuscule.

La filiale et morbide fraîcheur de son passage,

Semblait un mauvais présage.

Qu'il étincelle ou pleuve,

Quand elle passait, le ciel,

Semblait toujours désolé.

Elle ne vous parlait pas ni ne vous regardait,

Elle était toujours seule,

Sans doute la peine qui la précédait,

Avait fait fuir ceux qui avant moi

L'ont rencontrée.

Je n'saurais pas vous dire si elle était belle,

La fille de la Mort, et de la Tristesse,

Quand elle est passée son parapluie

La cachait et il m'a semblé

Que par un mouchoir, ses yeux étaient masqués.

Si j'avais pu, je lui aurais parlé,

Sans peur de la Mort, sans peur de la Tristesse.

Chez moi je l'aurais invitée,

Peut-être préparé un truc à manger.

Une fois que je l'aurais comprise,

J'aurais tout fait pour la soulager.

***********

J'ai revu hier la fille de la Mort et de la Tristesse,

Hâtant la mienne, j'ai stoppé sa course,

L'ai invitée chez moi.

Appris d'elle ce que je ne savais pas.

Elle m'a dit comme la vie est dure,

Quand on naît de mauvaises natures. 

Comme elle effraye les gens

Et comme elle le regrette.

Elle m'a expliqué qu'elle avait compris,

A quel point la naissance est prison,

Et toute l'énergie,

Qu'elle avait employé,

Pour cesser de pleurer

et de vouloir mourir,

N'avait, en vrai,

Eu aucun effet.

Après le café et le récit de sa vie,

Elle a d'abord souri, puis s'est rapprochée.

Dans l'oreille et dans un murmure improbablement chaud,

Elle m'a avoué, comment la soulager.

Avant de repartir elle m'a serrée dans ses bras.

On s'est dirigées vers la porte,

Celle du balcon : une porte fenêtre.

En un instant elle était prête.

Alors doucement, mais fermement,

Amicalement, là, vers le vide je la projète.

Signaler ce texte