La fille de l'autoroute

miliana

Episode 1

Une petite famille part en vacances : Pierre et Marie, leur bébé Juliette, et la mère de Marie. Pour aller à destination ils prennent l'A666. Sans raison apparente, Pierre semble la craindre. A tort ou à raison ?

Episode 2

C'est un fait ! Marie a vraiment disparue. Elle est introuvable. Personne n'a de réponses. Où est-elle ? Que lui est-il arrivé ? La police est prévenue.

Episode 3

Marie se réveille dans un lieu qui lui est inconnu. Elle se demande ce qui lui est arrivé et ce qu'elle fait là. Elle se remémore ce qui lui est arrivé à partir du moment où elle est sortie du restaurant.

Episode 4

Marie s'aperçoit qu'elle n'est pas la seule prisonnière. Elle fait connaissance avec une autre femme qui est enfermée dans une pièce à côté. Elle se rend compte qu'elle est dans l'antre de l'enfer...

Episode 5

Pierre se remémore depuis sa rencontre d'avec Marie, et en conclusion essaye d'imaginer pour quelle raison elle aurait choisi de disparaître, si fugue il y a eu. Aussi, des souvenirs de l'A666 dans son enfance lui reviennent.

Episode 6

A contrario, c'est maintenant Marie qui se rappelle de sa vie avec Pierre, Juliette. Marie se montre inconsolable et perd peu à peu espoir.

Episode 7

Zoé a disparu de sa cellule, et Marie se rend compte que tout ce qu'elle lui a dit doit être vrai. Elle va essayer de monter un plan pour s'en sortir.

Episode 8

Marie fait mine de se mélanger à la communauté qui l'a enlevé. Elle fait connaissance avec le fils du chef. Elle apprend que dans le camp le surnom qu'ils lui ont donné est "la fille de l'autoroute".

Episode 9

Les policiers découvrent une porte cachée cadenassée. Pierre et Amélie reprenent espoir. Qu'y a t il derrière cette porte ? Ils finissent par être déçus.

Episode 10

Juanès accepte d'aider Marie à s'échapper. Après quelques mésaventures, Marie retrouve les siens. Les policier vont arrêter la tribu de cannibales.


Episode 1

  C'est l'été, un belle journée de juillet. La jeune Marie et son époux Pierre finirent de mettre le dernier bagage dans le coffre de la voiture. En refermant, Pierre conclua :

   _ Ca y est ! Je crois qu'on est fin prêt à partir !

Marie alla à l'arrière de la voiture pour s'assurer que sa petite Juliette de 6 mois était correctement installée et bien attachée. Elle fouilla dans le sac à côté qu'il y avait toutes les affaires du bébé (couches, biberon,...). Elle répondit :

   _ Oui, on a tout, on peut y aller.

   _ Dépêchons nous, sinon ta mère va nous attendre.

Marie acquiesca, et après dernières vérifications, elle monta en voiture du côté passager. Pierre, quant à lui, se mit au volant après être allé voir que la porte de la maison ainsi que les fenêtres étaient bien fermées. Et pour éviter toute problématique lors de leur absence, il a demandé à leur voisine de veiller sur leur petite maison. Il démarra la voiture pour aller chercher tout d'abord madame Gamon, la mère de Marie, à 5 kilomètres de là. En effet, ils partaient en vacances dans la grande maison campagnarde des grands parents de Marie en charentes maritimes. Ca allait être une assez longue route. Ils allaient sûrement arriver à destination aux alentours de 20 heures si tout se passait bien.

Trois minutes plus tard, madame Gamon les attendait sur le parking de son immeuble. Marie et Pierre descendirent de la voiture pour la saluer et l'embrasser. La mère de Marie, alla ensuite vers Juliette, et lui donna qu'un tendre baiser sur le front car elle dormait profondément. Elle demanda à sa fille :

   _ Je me mets à côté d'elle, ou tu préfères y être ?

   _ C'est gentil, mais je préfère être à côté de Juliette, au cas où si elle se réveille.

Sa mère lui sourit d'un air approbateur et lui dit :

   _ Ca ne m'aurait pas dérangé tu sais, mais je suis très contente que tu t'occupes si bien d'elle.

   _ C'est ma fille, maman. Et je l'aime.

   _ Oui mais à vingt et un ans, il y a des jeunes filles qui sont encore irresponsables. Vous vous êtes bien trouvés tous les deux avec Pierre. Vous faîtes un très joli couple et vous êtes des parents formidables.

La jeune femme sourit puis embrassa sa mère avant de s'installer à côté de sa fille qui continuait de dormir profondément. Pierre et Amélie montèrent dans la voiture, qui, quelques instants plus tard démarra. Ils roulèrent pendant environ une heure tranquillement, puis Pierre demanda :

   _ On continue sur cette route, ou on prend l'A666 ?

   _ l'A666, ça ira plus vite, non ? répondit Marie.

   _ Oui, bien sûr, mais... commença à répondre Pierre quelque peu troublé.

   _ Il y a un problème ? questionna Amélie.

Pierre se racla discrètement la gorge puis expliqua :

   _ Cette autoroute a une certaine mauvaise réputation.

   _ Ah bon ? Pourquoi ? demanda Marie.

   _ Je ne sais pas récemment, mais je sais que par le passé, il y a eu des disparitions inexpliquées. On dit qu'elle est maudite.

Amélie et Marie échangèrent un regard amusé.

   _ Allons, chéri, tu ne vas pas devenir superstitieux tout de même ! Ce n'est pas parce qu'une ou deux personnes se sont faites enlevées ou qui ont fugués, que cette autoroute est devenue infréquentable...

   _ Et puis, si elle était si dangereuse, ça se saurait. Il y aurait parfois des reportages sur les émissions de faits divers, ou dans ce style.

   _ Sans doute, répondit Pierre avec un sourire un peu crispé.

Il laissa passer quelques secondes puis reprit d'un ton plus gai :

   _ Alors, c'est parti !

La voiture suivit les panneaux indiquant l'A666.

Pendant que Marie jouait avec son bébé qui était enfin réveillé, Pierre regarda l'air inquiet le ciel se couvrir de gros et dangereux nuages gris.

   _ Qu'y a t il ? demanda Amélie.

   _ J'aime pas ça.

   _ Quoi ?

   _ Ca ! répondit Pierre en faisant un signe de la tête vers le ciel.

   _ Oui. Il va en tomber une bonne rincée bientôt... Ne me dis pas que tu as peur de la pluie, Pierre.

   _ Non.

   _ C'est peut être la première fois que tu vas conduire sous un déluge ?

   _ Non, pas spécialement.

   _ Ben alors ?

   _ J'aime pas ça c'est tout.

   _ Mon Pierrot joue son oiseau de mauvais augure ? le taquina Marie.

   _ Arrête ! Ne plaisante pas s'il te plaît, grogna t il.

Pierre attrapa le ticket d'autoroute qui sortit de l'appareil, et ne perdit pas de temps à redémarrer. Ca y est ! ils venaient d'entrer sur l'autoroute. Et au même moment, une grosse averse se mit à tomber. Le jeune homme mit en marche les essuie-glaces au maximum. Marie lui recommanda de rester très prudent au moins le temps que la pluie tombait à ce rythme et que l'on n'y voyait pas grand chose. Etrangement, la mélodie de l'averse se fracassant sur la tôle de la voiture avait fait se réendormir profondément la petite Juliette. Plus personne n'osait piper mot. Pierre alluma juste la radio en sourdine, histoire de faire passer le temps, et aussi pour qu'il reste bien concentré sur la route. Car rouler sous cette pluie, sans autre bruit, il trouvait que tout cela était bien macabre. Ecouter de la musique le rassurait d'un certain côté, et il espérait que l'orage n'allait pas se mettre dans la partie. Depuis, tout petit il le craignait. Pas spécialement les éclairs, ça non, il les trouvait même plutôt beaux à voir, mais il détestait plutôt les grondements du tonnerre. A chaque fois, il en avait des frissons dans le dos. Heureusement pour lui, et sans doute pour tous les conducteurs qui circulaient le jour même, les informations n'en prédisat pas. Et l'averse qu'il y avait actuellement ne devait durer que deux ou trois heures au maximum.

Ils roulèrent encore pendant une heure environ, et Amélie remarqua :

   _ Là, dans dix kilomètres, une aire d'autoroute ! On devrait s'y arrêter le temps que ça se calme.

   _ Oui, c'est une excellente idée ça. Un peu de repos nous fera extrêmement de bien, et on en profitera pour se restaurer, car je ne sais pas pour vous, mais je commence à avoir l'estomac qui rouspète.

   _ Je préviens Marie qu'on va s'arrêter bientôt.

En fait, celle-ci s'était elle aussi endormie. A son réveil, elle approuva tout à fait leur choix. Et puis son bébé aura sans doute besoin d'être changé. A peine cinq minutes plus tard, la voiture entra sur l'aire d'autoroute. Ils avaient de la chance, car ici il y avait un restaurant. Mais ils avaient aussi de la malchance car ils s'aperçurent tout de suite qu'il y avait énormément de monde qui s'était arrêté ici et avait trouvé refuge aussi bien dans le restaurant que dans le magasin qui était à côté. Pierre fit environ deux fois le tour du parking avant de trouver finalement une place pour se garer. Une fois à l'arrêt, il conseilla aux deux femmes de se mettre à l'abri, pendant qu'il s'occupait de Juliette. Promis, il n'en aurait pas plus de 5 minutes. Elles acquiescèrent et coururent jusqu'au restaurant. Il pleuvait encore très fort, et le vent s'était levé, mais malgré tout, il ne faisait pas froid, bien au contraire. Elles eurent du mal à entrer car le restaurant était bondé, et il y avait même quelques personnes qui attendait qu'une table se libère. Pendant qu'elles patientaient, Marie faisait avec ses yeux des va et vient entre le parking et la salle. Il y avait énormément de bruit. Tout le monde ou presque parlait, des voix lointaines criaient dans les cuisines. La folie qu'il y avait était indescriptible. Elle n'essaya même pas de parler à sa mêre car elle savait très bien qu'elle n'arriverait pas à se faire entendre. Sinon, la solution était de crier, voir hurler, mais la jeune femme était plutôt introvertie et évitait au maximum de se donner en spectacle, car elle se doutait bien que si elle tentait de donner de la voix plus que les autres, tous les regards allaient se tourner vers elle et ainsi, elle éprouverait une grande honte. Non, ce n'était pas son genre. Elle préfèrerait plutôt être transformée en petite souris.

Après quelques minutes d'attentes, quatre tables se libérèrent presqu'en même temps, et les personnes qui patientaient avant elles furent dirigées à leur table, puis ce furent leur tour. Pendant qu'une serveuse les emmenait vers une table qui se trouvait dans un coin, Amélie lui annonça qu'ils étaient trois et un bébé en plus, et que donc, ce serait vraiment très gentil de sa part si elle pouvait leur procurer un siège bébé. La grande serveuse brune répondit positivement, et après les avoir installées à leur table, elle alla tout de suite répondre à leur demande.

Amélie et Marie discutèrent un peu du mieux qu'elles pouvaient, et peu de temps après, la même serveuse leur amena Pierre et Juliette. Pierre l'installa dans la chaise qui lui était destinée, puis s'installa à son tour sur la banquette à côté d'Amélie. Mélissa, c'était le nom de la serveuse, leur donna les cartes, puis repartit pour s'occuper d'autres clients. Ils ne mirent pas longtemps à faire leur choix : 3 menus complets, et un menu poussin. Mélissa mit une bonne dizaine de minutes avant de revenir les voir. La pauvre ! ça se voyait, elle était débordée ! Mais Amélie remarqua avec contentement qu'elle se conduisait en vraie professionnelle. Elle ne manqua pas de lui dire. La serveuse sourit, puis repartit après avoir prit leur commande.

Le repas dura en longueur, mais peu à peu, le restaurant se vidait. Pierre fit un grand sourire puis demanda :

   _ Vous avez remarqués ?

   _ Oui, on s'entend à nouveau parler, répondit sa belle-mère en s'essuyant discrètement la bouche avec une serviette en papier.

   _ Non non, pas ça. Regardez par la fenêtre.

Elles obéirent, et virent qu'il ne pleuvait plus, que le ciel était d'un bleu azur sans l'ombre d'un nuage ou presque, que le soleil brillait de mille feux et que même des oiseaux chantaient.

   _ Il était temps, murmura Marie en finissant son verre d'eau.

   _ J'ai l'impression que l'après midi va être torride, fit Pierre. Il va faire une grosse chaleur. Dis, mon coeur, on a pris des petites d'eau pour la route ou pas ? je ne m'en souviens plus...

   _ ... Aïe... je ne me souviens plus non plus.

   _ Bon, c'est pas grave. Je vais aller en acheter à côté. Je n'en ai pas pour longtemps. Vous voulez quoi comme eau ? plate, pét...

   _ Laisse, maman, je vais y aller. Comme ça je vais me dégourdir les jambes avant qu'on reparte. Plate pour nous, et pétillante pour toi, c'est bien ça ?

   _ Oui, répondirent ils en choeur.

Marie vérifia qu'elle avait bien son portefeuille avec elle puis se dirigea vers la sortie. Il fallait qu'elle sorte. Sans savoir pourquoi exactement, elle se sentait un brin opressée. Juste avant qu'elle franchisse la porte de sortie, elle interpella Pierre :

   _ Tu vérifies que Juliette est bien au sec, d'accord ? Après, tu payes puis vous m'attendez à la voiture.

Son mari lui fit un geste lui signifiant qu'il avait compris. Amélie lui proposa de s'occuper d'aller changer la couche de Juliette pendant qu'il payait les repas. Il la remercia de bon coeur, puis se permit une à deux minutes de tranquilité avant de héler Mélissa qui passait près de lui. Il règla par carte puis attendit qu'Amélie revienne avec le bébé. Elle ne se fit pas attendre. Le contraire aurait été étonnant. En effet, Amélie avait en tout cinq enfants, Marie y compris. Elle avait ainsi l'habitude de changer les bébés. C'était une experte en la matière. Pierre se leva à leur arrivée, prit leurs affaires et ils sortirent. Sur le parking, il ne restait plus beaucoup de voitures et de camions. Le contraste entre leur arrivée et leur départ était assez impressionnant. Mais d'où ils étaient, ils se rendaient compte, que sur l'A666, il y avait beaucoup de passage, mais les horaires de repas étaient vraiment finis. En effet, il était à présent 15 heures 30. Il était largement temps de reprendre la route s'ils voulaient arriver avant la nuit. Pendant que Pierre rangeait le panier, Amélie installa confortablement la petite Juliette et l'attacha. Une fois ceci fait, ils attendirent que Marie revienne.

   _ Allons ! Vingt minutes sont passées maintenant ! Qu'est-ce qu'elle peut bien foutre maintenant ?! s'impatienta Pierre.

   _ Il doit y avoir du monde...

Il la regarda, éberlué, et lui fit remarquer le nombre de voitures qui étaient stationnées.

   _ Il ne faut quand même pas vingt minutes pour choisir des bouteilles d'eau quand même !

Il commença à tapoter ses doigts contre le volant de plus en plus rapidement. Même Juliette sentait que l'atmostphère était lourde, et elle commençait à ronchonner. Cinq minutes de plus passèrent. Pierre se leva enfin et se dirigea vers le magasin sans un mot, l'air très inquiet, car il commençait à se poser beaucoup de questions. Amélie attendit cinq minutes de plus avant de voir réapparaître son gendre... seul. Elle sortit à son tour de la voiture puis lui demanda quand il fut à sa hauteur :

   _ Où est-elle ?

   _ ...

   _ Tu l'as vu ? Qu'est-ce qu'elle fait ?

   _ ...

   _ Qu'est-ce qu'elle a dit ? Vous vous êtes disputés ?! Mais réponds, Pierre !!! cria t elle en lui secouant l'épaule.

Il sembla reprendre ses esprits puis annonça :

   _ Je ne sais pas... Elle... a disparu... Nulle part...

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