La fille en noir

sqark

Il s'agit d'un texte extrait du recueil "D'autres vivent encore".

Elle noue sur sa tête un étrange foulard
Coloré, piqueté de croix d'onyx, de bleu.
Sa place est toujours prise aux festins des fêtards,
Ces jours où l'on se goinfre avec dans l'œil un peu

D'humanité mais pas beaucoup de distinction.
Elle veut en dansant se séparer du corps,
Aller dehors lever les morts et les frictions.
Elle veut au sommeil dérober le trésor,


Cette amarre emmurée durcie dans la durée.
— Elle veut ignorer qu'elle perdra un jour
Ce jeu qu'elle refuse en riant, parfumée.
Elle veut des magies aux bières qu'on savoure !

Je m'en souviens, c'était lundi, lundi matin,
Qu'elle quitta le vaste tas, qu'elle tâta
Un peu de l'air moqueur qui murmure, mutin ;
Qu'elle trouva l'herbe oubliée puis la fuma !

Mais revoilà ses mains jointes sous le ciel creux, 
Revoici son foulard incrusté de carrouves ;
Mais elle est déréglée, elle a senti ce jeu
Qui veut changer la vie partout où l'on se trouve.


En goûtant la pitié sous son masque d'argile,
Elle se sut pareille à ce monde qui gît 
Et sépara l'appel des rumeurs de la ville
Et voulut tout quitter pour rejoindre sa vie.

Lorsque bien effrayée par son propre pouvoir
Elle eut conscience enfin du destin-aquarelle,
Elle fit au réel un ultime au-revoir,

Puis eut vent de ce monde et le monde eut vent d'elle !

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