La Fille sans rêve.

Julie Barant

Concours Lunii Une fille Une ville volante Un marchand de rêve Un appareil photo gonflable

Il y a bien longtemps, et très loin d'ici, existait le Royaume de Traum.


Au dessus de ce royaume, très très haut dans le ciel, trônait la ville volante merveilleuse de Alki.


Traum et Alki étaient deux pays liés par la magie. Lorsque les enfants de Traum avaient un rêve, et qu'ils y croyaient assez fort, des ailes leur poussaient dans le dos, et ils pouvaient partir vivre dans la merveilleuse cité de Alki quand ils le désiraient. Souvent, ils y passaient quelques années, puis revenaient à Traum les yeux brillants et un sourire jusqu'aux oreilles.


Lia vivait à Traum depuis toujours.


Elle n'était plus une enfant, mais elle n'avait jamais visité Alki. Petite, elle avait vu ses amis partir pour la fabuleuse cité volante, car il croyaient en leurs rêves. Mais comment croire en son rêve lorsque l'on en a pas ?

Elle restait donc à Traum, sans ailes.


Un jour qu'elle se promenait autour du village, elle vit approcher une drôle de carriole bariolée, conduite par un petit homme étrange.


Bien le bonjour Mademoiselle ! Comment-allez vous ? Oh mais… Je vois que vous êtes une future cliente ! dit il quand il aperçut Lia.


Quand il s'arrêta devant elle, Lia put lire la grande pancarte attachée au toit de la carriole.


Bonjour monsieur. Vous êtes marchand... de rêve ? Mais comment avez vous pu deviner que je n'en avais pas ? demanda t'elle, étonnée.

Et bien ma petite demoiselle, c'est mon métier ! Je parcours le Royaume de Traum et j'aide les gens à trouver leur rêve… Souhaitez vous m'en acheter un ?

Ce serait avec plaisir, mais je n'ai pas d'argent.


Elle allait repartir, quand le petit homme sauta de sa place, et se plaça en face d'elle.


Voyons mademoiselle, je serais un bien mauvais marchand de rêves si je m'arrêtais à un si petit détail… Faisons un marché voulez-vous ?


Avant que Lia n'ait eu le temps de répondre, il prit sa main, et y déposa un drôle d'objet tout mou et ratatiné. Il lui expliqua que c'était est un appareil photo magique. Cet appareil faisait de magnifiques, des photos qui sont à la fois des souvenirs et des promesses. Mais il se dégonfle à chaque photo et il faut alors le remplir du souffle de mille personnes heureuses. Comme il n'avait pas le temps de s'en occuper, est ce que Lia voulait bien l'assister ?

Ni une, ni deux, Lia grimpa dans la carriole et ils partirent.


Pendant que le marchand s'installait sur les places, et s'occupait de sa boutique ambulante, Lia allait à la rencontre des gens. Ils lui racontaient le moment le plus heureux, puis Lia leur demandait de souffler dans l'appareil.


Pendant près d'un an, Lia et le Marchand vécurent ensemble sur les routes, distribuant les rêves et récoltant le souffle de personnes heureuses. Petit à petit, Lia se mit à les envier un peu. Ensuite, elle se mit à espérer. L'espoir grandit en Lia, et sans même s'en apercevoir, elle transforma cet espoir en rêve. Et plus l'appareil photo gonflait, plus elle y croyait.


Un jour, l'appareil photo se mit à briller. Lia voulut courir jusqu'au Marchand pour lui montrer. Elle avait tellement hâte, qu'elle courait de plus en plus vite, bondissait. Soudain, elle sauta un peu plus haut, et ses pieds ne se posèrent plus sur le sol. Elle s'envola jusqu'au Marchand. Lia se posa devant lui, et jeta un oeil derrière elle. Des ailes ! Une magnifique paire d'ailes, brillantes et bleutées, avait poussé dans son dos !


Je vois que tu n'as plus besoin de mes services !” lui dit le marchand.

Mais… Je n'avais rien vu ! Oh merci, merci !”


Elle tendit l'appareil au marchand. Il réfléchit, puis plaça Lia devant la carriole. Il s'intalla à ses côté et appela un passant.


Monsieur ! Soyez gentil, prenez nous en photo ! Ma petite va enfin s'envoler !


Ebahie, Lia bafouilla.


Mais, il n'y a qu'une seule photo, et ce n'était pas pour ça que…

Taratata ! C'est fait exactement pour ce genre de moment !


Le passant appuya sur le bouton, et tandis que l'appareil se dégonflait de nouveau, la photo apparut dans les mains de Lia.


Ceci est un souvenir de notre temps passé ensemble. Mais c'est aussi la promesse que tu reviendras me voir, quand tu auras terminé de visiter Alki ! Allez, ne perd plus un instant ! Envole toi !


Très émue, Lia serra le marchand dans ses bras. Puis elle ouvrit ses ailes, et s'envola vers la cité volante.


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