LA FLÛTE MAGIQUE : ACTE IV

Sébastien Bouffault

Avant-dernier acte, courage !

LA FLÛTE MAGIQUE

 

ACTE IV

 

Scène 1 :

Patata dans sa chambre á l'étage) en train de potasser un livre pour jeunes filles saines, Sarabistro sur son trône en train de siroter une liqueur. Il est un peu guilleret. Il a l'air pensif. Il se lève bientôt. Calvados, Patato et Piou-piouno.

 

(Air de Sarabistro saoul dansant avec Calvados)

 

On entend frapper à la porte. Sarabistro appelle les gardes mais personne ne vient. Il est obligé d'aller ouvrir la porte lui-même.

 

 

SARABISTRO :

Un moment, un moment…

 

PIOU-PIOUNO :

                                               Sarabistro, mon roi !

 

Ils s'agenouillent tous les deux.

 

PIOU-PIOUNO :

Nous venons pour sauver la belle Patata.

 

SARABISTRO :

Elle est en un lieu sûr. Vous pouvez repartir.

 

PATATO :

Non, pas sans l'avoir vue. Je veux voir son sourire

Ses belles dents de lait,

 

PIOU-PIOUNO :

                                               La blancheur de ses mains,

Le parfum de sa bouche et l'odeur de ses selles.

 

 

SARABISTRO :

Laissez-moi, je vous prie.      

 

PIOU-PIOUNO et PATATO:

                                   Mais enfin, où est-elle ?

 

 

SARABISTRO :

Je suis un peu distrait et des cellules grises

Me font défaut. Je ne sais plus où je l'ai mise.

 

Les deux amis tombent par terre, de désespoir.

 

SARABISTRO :

Vous avez voyagé pour sauver la princesse.

Je suis sensible en fait à toutes vos prouesses,

Mais je dois vous avouer que vous sentez très fort

Et qu'il serait bien mieux après ces longs efforts

D'aller laver un peu dans ma salle de bain

Vos corps si fatigués par un si long chemin.

 

PIOU-PIOUNO :

Tu as raison grand roi. Nous prenons soin de nous.

 

SARABISTRO :

C'est par ici Messieurs. Et veillez bien aux poux…

 

Scène 2 :

Sarabistro, Calvados, avec la présence de Patata à l'étage.

 

SARABISTRO :

Qui sont donc ces pecnots ? Ils puent c'est incroyable !

Calvados, viens me voir ! À l'odeur effroyable

Qu'ont laissé ces deux glands, saurais-tu déceler

Quelque esprit courageux ?

 

Calvados reniflant un peu partout dans la pièce…

 

CALVADOS :

                                               Ils sont très motivés.

Vous devriez Grand roi, convoquer tous vos prêtres.

Afin de décider ce qui devrait en être.

 

SARABISTRO :

Tu as raison, ami. Fais sonner la clochette…

 

CALVADOS :

À vos ordres mon roi, je trouve ça si chouette.

 

(air des clochettes de Calvados)

 

(air de l'arrivée des prêtres)

 

Scène 3 :

Les prêtres, Sarabistro et Patata dans sa chambre.

 

SARABISTRO :

Je vous ai convoqués aujourd'hui pour vous dire

Que deux grands Étrangers, venus sans prévenir

Dans notre grand château, sont apparemment prêts

Á sauver Patata, ce qui signifierait

Éliminer le mal, pourquoi pas aujourd'hui.

Vous savez qu'avant-hier, la Reine de la Nuit

A failli enlever ma fille Patata.

Mes soldats n'ont pas pu tirer dans ce gros tas.

Je sais qu'à l'heure actuelle elle prépare un coup

Pour dérober encore á mes yeux si jaloux,

L'enfant que j'aime tant et dont elle est la mère.

Nous devons vite agir avant que sa colère

Ébranle tous nos murs. Nous devons être sûrs

Que ces deux Étrangers ne soient pas des ordures.

C'est pourquoi je propose une série d'épreuves

Dont l'ami Calvados que le génie abreuve

Aura l'immense joie d'organiser ce soir.

Merci mes conseillers, merci de vos conseils

Vous pouvez à présent vous dorer au soleil.

 

(air des prêtres)

 

 

Scène 4 :

Sarabistro, Patato, Piou-piouno et Patata dans sa chambre.

 

PATATO :

Nous nous sommes lavés. Nous sentons le savon,

Le coco Chanel 5, sentez-moi, je sens bon.

 

SARABISTRO :

Vous ne sentez pas bon, non. Vous ne puez plus.

Merci bien pour votre bain. Cela vous-a-t-il plû ?

 

CHANT 1ER :

 

PATATO :

J'aime le bain moussant.

 

PIOU-PIOUNO :

                                   Et moi le Jacousi.

 

PATATO :

Les gels-douche parfumés

 

PIOU-PIOUNO :

                                               A la menthe, à l'anis…

 

PATATO et PIOU-PIOUNO :        

Lalalalalalalalala

On se sent si bien

Lalalalalalalalalala

Après un bon bain.

 

 

 

 

PATATO :

J'aime les soins hydratants

 

PIOU-PIOUNO :

                                   Et moi les tomates farcies,

 

PATATO :

Tous les trucs anti-vieillissement

 

PIOU-PIOUNO :

                                               Le chou-fleur et les sushi.

 

PATATO et PIOU-PIOUNO :        

Lalalalalalalalala

On se sent si bien

Lalalalalalalalalala

Après un bon bain.

 

SARABISTRO :

Vous sentez bien meilleur. Êtes-vous fatigués ?

 

PIOU-PIOUNO :

Non, pas du tout mon roi. Je suis plein de santé.

Je croyais que ta fille avait été ravie.

 

SARABISTRO :

Elle est ravie par moi, c'est pour sauver sa vie.

La Reine de la Nuit veut en faire une pute.

 

PATATO :

La pauvre enfant chérie.

 

SARABISTRO :

                                   Et lors d'une dispute,

Elle a juré bien fort de revenir un jour

Pour emporter son bien et la parer d'atours.

 

PATATO :

La Reine de la Nuit, Ô Grand roi, c'est ta femme ?

 

SARABISTRO :

C'est à elle en effet que j'ai jeté ma flamme.

Elle n'était pas encore horrible et hystérique,

Elle était pure, sobre, elle était sympathique.

Elle est tombée un jour dans les forces du mal,

Elle a fait de la Nuit son fief, son idéal.

Elle a créé aussi son propre grand bordel

Dans lequel elle emploie des milliers de pucelles

Qui dansent toutes nues devant plein de goujats.

Et c'est un tel destin qu'attend ma Patata

Si nous n'arrivons pas à supprimer le mal.

PATATO :

Je me sens déjà prêt. Donnez-moi le signal.

Je suis Prince de sang, au Royaume Wszyszy.

 

PIOU-PIOUNO :

Et moi grand éleveur de tomates farcies !

 

 

PATATO et PIOU-PIOUNO :

Ensemble nous vaincrons sur les forces obscures,

Pour rétablir enfin l'ordre de la nature.

Cri de guerre ridicule.

 

SARABISTRO :

Si tu tues ma femme, je te donne la main

De ma fille, Prince. Quant à toi, petit nain,

Je te promets aussi de te trouver quelqu'un.

Mais avant tout cela, vous devrez ce matin

Passer de petits tests pour prouver votre ardeur

À combattre le mal et à ouvrir vos cœurs.

 

Sarabistro disparaît, la scène devient obscure et mystérieuse. On entend au fond de la scène Sarabistro qui se dispute avec Calvados. Ils ne disputent pas en vers.

 

 

CALVADOS :

On avait dit ce soir. J'ai encore rien préparé moi !

 

SARABISTRO :

Écoute, tu ne vas pas commencer. Tu improvises, voilà tout. Je n'allais pas tout de même les faire patienter pendant six heures. Tu leur fais passer trois tests. Je dois promener Bijou.

(un chien jappe) Alors, bon courage, tu es un grand garçon. Je demande à ce qu'on te prépare trois bouteilles de Kir royal pour te récompenser.

 

CALVADOS :

Allez promener votre chien, je m'occupe des tests. J'ai déjà quelques idées en têtes.

 

Scène 5 :

Patato, Piou-piouno, Calvados.

 

CALVADOS :

Bienvenue visiteurs. Épreuve du silence.

Ce n'est pas le moment de sortir votre science.

 

Calvados essaie de leur faire peur mais les deux ne peuvent pas s'empêcher de rire.

 

CALVADOS :

C'est parfait visiteurs. Épreuve de l'amour.

Dépêchons-nous un peu car on est à la bourre.

 

Patato est á gauche de la scène. Il est en compagnie d'une femme et il vomit devant son laid visage. Ensuite, il l'envoie promener à l'aide d'un grand coup de poing. Piou-piouno est en face d'une vieille dame. Il s'agit de Piou-piouna déguisée qui lui tient ce langage.

 

Scène 6 :

Piou-piouno, Piou-piouna (habillée en vieille femme)

 

PIOU-PIOUNO :

Allô, y-a-t-il quelqu'un ? Il fait un froid glacial.

 

PIOU-PIOUNA :

Je peux te réchauffer…

 

PIOU-PIOUNO :

                                               Tu as perdu ton châle,

Dis-moi, tu es âgée. Quel âge as-tu mamie ?

 

PIOU-PIOUNA :

J'ai quatre-vingt huit ans.

 

PIOU-PIOUNO :

                                               Je t'en donnais cent huit.

 

PIOU-PIOUNA :

Merci du compliment. Je me sens bien en fait,

Malgré mon vieux dentier. J'ai aussi toute ma tête.

Alors viens dans mes bras, mon si beau chevalier.

Car dans mes bras poilus, je veux te réchauffer.

 

PIOU-PIOUNO :

Il aurait mieux valu une plus jeune fille,

Mais pour un seul câlin, en couvrant les pupilles,

On peut substituer à ce cageot branlant,

Une femme au teint frais et aux très belles dents.

Pourquoi ne veux-tu pas que je t'embrasse, chérie.

Mais, tu as un masque ? Ah, tu m'as bien menti.

Enlève-le un peu que je vois ton visage.

Tu es magnifique. Tu es d'un tout autre âge !

 

CHANT 2ème :

PIOU-PIOUNA :

PIOU, PIOU

PIOU-PIOUNO :

PIOU, PIOU

PIOU-PIOUNA :

PIOU, PIOU

PIOU-PIOUNO :

PIOU, PIOU

PIOU-PIOUNA :

PIOU, PIOU

PIOU-PIOUNO :

PIOU, PIOU

PIOU-PIOUNA :

PIOU, PIOU

PIOU-PIOUNO :

PIOU, PIOU

PIOU-PIOUNA :

PIOU, PIOU, PIOU, PIOU, PIOU, PIOU, PIOU, PIOU

PIOU-PIOUNO :

PIOU, PIOU, PIOU, PIOU, PIOU, PIOU, PIOU, PIOU

PIOU-PIOUNA :

PIOU-PIOUNO

PIOU-PIOUNO :

PIOU-PIOUNA

 

PIOU-PIOUNA :

Nous nous sommes trouvés enfin.

 

PIOU-PIOUNO :

Je faisais confiance au destin.

 

PIOU-PIOUNA :

Allez, vas-y, prends-moi la main.

 

PIOU-PIOUNO :

Allez, vas-y, tends-moi tes seins.

 

PIOU-PIOUNO et PIOU-PIOUNA :

Non, pas encore il est trop tôt.

Tends-moi ta joue, c'est bien plus beau,

C'est plus mignon, c'est plus marrant.

En amour, il faut être patient.

 

PIOU-PIOUNA :

En amour, il faut être patient,

 

PIOU-PIOUNO 

En amour, il faut être patient.

 

Arrivée de Calvados qui est le père de Piou-Piouna.

 

CALVADOS :

En amour, il faut être patient,

Il faut surtout être intelligent.

Ma fille rentre à la maison,

Tu ne connais pas ce garçon.

 

PIOU-PIOUNA :

Papa, il a de si beaux yeux que je ne peux point le quitter.

Son haleine est si fraîche et j'aime ses jambes écartées.

 

CALVADOS :

Son haleine est fétide, elle sent la bouche d'égout,

Ce type est vraiment crade, il ne m'inspire que du dégoût.

 

CALVADOS et PIOU-PIOUNA :

Non laisse-moi, je l'aime.

C'est une puanteur vivante.

J'ai trouvé quelqu'un qui m'aime,

Il faudrait que tu le sentes.

 

CALVADOS :

Il suffit ma fille, rentre á la maison !

Et dis adieu á ce poltron.

 

 

Soudain, SARABISTRO s'entrepose.

                                                             

SARABISTRO :

Il suffit Calvados. Laisse ta fille en paix.

Ne vois-tu pas, monstre, que ta fille lui plaît ?

Laisse développer cet amour qui est né,

Contemple-le et observe-le progresser

Comme une jolie fleur au pays de l'Amour.

Cet homme que tu vois et qui lui fait la cour,

Est rempli de talents. Il aura de surplus

Mon appui financier, de très nombreux écus.

 

PIOU-PIOUNA :

Merci beaucoup mon Roi, vous me sauvez la vie.

 

CALVADOS :

Et si dans ce bonheur, je trouvais quelque appui…

 

SARABISTRO :

Voilà quelques écus pour calmer tes ardeurs.

Je me réjouis, enfants, de l'immense bonheur

Que vous m'offrez ici.

 

CALVADOS :

                                   Mais tu es hors du jeu.

 

PIOU-PIOUNO :

Qu'est-ce qu'il dit le soûlot ?

 

SARABISTRO :

                                   Il a raison, le vieux.

En aimant PIOU-PIOUNA, tu n'auras pas ma fille.

Elle est pourtant si belle, si belle et si gentille !

 

PIOU-PIOUNO :

Puis-je voir son portrait ?

 

PIOU-PIOUNA :

                                               Oh, tu n'es qu'un goujat.

 

 

SARABISTRO :

On ne badine pas avec ces choses-là.

Ton ami Patato est désormais le seul

Sur qui je puis compter ! Préparez son linceul,

Au cas où, par malheur, sa vie serait ôtée.

Ton cœur est enfin pris. Tu n'es plus motivé

Pour défendre le roi. Tu as d'autres desseins

Embrasser Piou-piouna et lui toucher les… reins…

Es-tu prêt Calvados pour la troisième épreuve ?

Dépêchons-nous, enfant, car j'ai bien peur qu'il pleuve.

 

(air de musique)

Calvados monte à l'étage pour donner quelques consignes à Patata qui descend aussitôt, croyant qu'elle aura à faire à son prince charmant. Elle revêt un masque.

 

Scène 7 :

Patato, Patata.

 

PATATO :

C'est endroit est désert et me met mal à l'aise.

Je vais chanter un peu tant  tout cela me pèse.

 

CHANT 3ème :

PATATO :

Je rêve de te voir

Montre-toi, n'aie pas peur.

Fais briller cet espoir

Qui est né dans mon cœur.

 

Je te sens près de moi,

Ô quelle sensation,

Et même quelquefois,

J'ai de curieux frissons.

 

PATATO et PATATA :

Aucun bonheur n'existe

Mais à moins d'être deux

Car l'on est toujours triste

Quand on est seul heureux.

 

Tout se partage et tout se vit

À Nouméa ou à Paris.

 

PATATO :

Il m'a semblé entendre

Une voix étrangère.

Mais qui peut donc surprendre

Mes pensées si austères ?

 

Je rêve de te voir

Montre-toi, n'aie pas peur.

Fais briller cet espoir

Qui est né dans mon cœur.

 

PATATA :

Je ne suis qu'une voix,

Et qu'un esprit de l'air

Léger comme la soie

Je suis là pour te plaire.

 

Tu ne peux me trouver

Qu'en fermant tes beaux yeux,

Aller et tâtonner

Tout mon corps délicieux.

 

Une huitaine d'acteurs monte sur la scène et sert ainsi de cobayes : il s'agit bien entendu d'un blind test.

 

Approche-toi mon cœur.

Plus près de moi encore.

Je ressens la chaleur

De ton sublime corps.

 

Voici plusieurs silhouettes

Une seule est la mienne.

Choisis la plus coquette

Et ta joie sera pleine.

 

PATATO :

Ce corps est bien trop mou. Celui-ci est trop dur.

Je crois que c'est un chien, un morceau de verdure…

C'est une belle femme aux formes généreuses.

Je suis persuadé qu'elle peut me rendre heureuse.

Est-ce toi Patata ?

 

Elle retire son masque.

 

PATATA :

                                   C'est bien moi mon chéri.

 

Elle lui retire son masque.

 

PATATO:

Tu aurais préféré un visage plus joli…

 

PATATA :

Mais je dois faire avec. Il y a sûrement

En dessous de ces poils un peu plus d'arguments…

PATATO:

Tu es très excitée. Calme donc tes ardeurs.

 

Scène 8 :

Patato, Patata, Sarabistro, Calvados.

 

SARABISTRO :

Vous vous êtes trouvés mais il est bientôt l'heure

D'affronter, Patata, ta si terrible mère.

 

CALVADOS :

Tu as tout réussi. Tu dois en être fier.

 

SARABISTRO :

Déjà gronde le vent et s'approche l'hiver.

Je sens monter en moi tourmentes et colère.

La Reine de la Nuit a déjà pénétré

Notre si bon palais. Magne-toi de parler,

Calvados, je sens comme une odeur de mort.

 

CALVADOS :

Cela pue en effet. Tu n'as pas vraiment tort.

Je tiens donc à te dire, ami, preux chevalier…

 

Coup de tonnerre.

 

SARABISTRO :

Nous n'avons plus de temps. Allons nous préparer…

Et que commence enfin…

 

 

TOUS :

Et que commence enfin…

Et que commence enfin… Le dernier acte V.

 

FIN DE L'ACTE V

 

 

 

                                   

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