LA FLÛTE MAGIQUE : ACTE V
Sébastien Bouffault
LA FLÛTE MAGIQUE
ACTE V
Scène 1 :
La Reine de la Nuit, Parmesan
LA REINE DE LA NUIT :
Ils se sont enfermés. Pas moyen de rentrer.
Ils sont futés les gars. Parmesan, viens m'aider…
Fais-moi la courte échelle… On y est presque, encore !
Mais d'où leur vient l'idée d'installer tous leurs stores
A trois cents pieds du sol ? Parmesan, que fais-tu ?
PARMESAN :
J'essaie de soulever : vous n'êtes point ténue.
LA REINE DE LA NUIT :
Arrête de penser, cela te rend idiot.
Dispose ainsi tes mains que je monte plus haut !
PARMESAN :
Comme ceci ?
LA REINE DE LA NUIT :
J'y vais !
Elle monte.
Mais que fais-tu connard ?
PARMESAN :
Vous êtes trop grosse. Mais tâtez-moi ce lard !
LA REINE DE LA NUIT :
Oublies-tu Parmesan à qui tu as affaire ?
Oublies-tu insouciant ce que je peux te faire ?
Elle sort un fouet de son pantalon en cuir.
LA REINE DE LA NUIT :
Que dis-tu à présent, petite couille molle ?
Tu es soudain moins fier, tes dents raclent le sol
Et tu te sens soumis. Que c'est beau la soumission !
Vois-tu, cher Parmesan, aucune relation
Ne peut être établie sans ce rapport de force.
On a besoin d'autorité : c'est ce qu'on dit en Corse.
Allez, tends-moi tes mains. Nous n'y arrivons pas.
Tu es beaucoup trop mou. Passons plutôt par-là…
Nous allons bonnement pratiquer ma méthode :
Le carnage assuré : cela date d'Hérode.
Elle brise la porte et pénètre à l'intérieur. Elle y découvre la salle du trône, vide.
LA REINE DE LA NUIT :
Montrez-vous bons à rien. Je veux parler au roi.
PARMESAN :
Je m'attendais à plus d'action. Je vais rentrer chez moi.
LA REINE DE LA NUIT :
Ils ont peur de nous deux mais je vais leur montrer
Ce que je suis vraiment : ils ne vont pas tarder.
CHANT 1er :
Écoute Parmesan,
Le chant d'une écorchée.
Qui dix années durant
Chercha sa liberté.
Prisonnière d'un père
Aux grandes traditions
Si fermes si sévères
Que je fuis la maison !
Pour me créer enfin,
Telle que je suis
Et tracer mon destin.
Au milieu de la nuit.
On m'appelle depuis
La Reine de la Nuit.
Prends garde à ma magie,
Si tu tiens à ta vie.
J'ai beaucoup travaillé
Développé mon génie.
En moi, j'ai tout changé
En premier lieu, ma vie.
Je fuis tout amour,
J'ai créé mon bordel
Dans une grande tour
Pas très loin de Bruxelles.
Pour me créer enfin,
Telle que je suis
Et tracer mon destin.
Au milieu de la nuit.
On m'appelle depuis
La Reine de la Nuit.
Prends garde à ma magie,
Si tu tiens à ta vie.
L'heure a sonné enfin
La vengeance est ouverte.
Si je n'ai pas mon bien,
Ce sera votre perte.
Je compte jusqu'à dix
Avant de tout détruire.
Evacuez les coulisses
Car beaucoup vont périr.
Pour me créer enfin,
Telle que je suis
Et tracer mon destin.
Au milieu de la nuit.
On m'appelle depuis
La Reine de la Nuit.
Prends garde à ma magie,
Si tu tiens à ta vie.
Scène 2 :
La Reine de la Nuit, Parmesan, Patato (descendant seul le grand escalier qui conduit à la chambre de Patata.
LA REINE DE LA NUIT :
Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un
Ils sont vraiment lâches. Il ne se passe rien.
PARMESAN :
Je vois quelqu'un descendre.
LA REINE DE LA NUIT :
Enfin, il était temps !
Donne-moi mon masque.
Elle respire comme Dark Vador dans La Guerre des étoiles.
Tu es bien imprudent,
De descendre ainsi, seul. Es-tu prêt à mourir ?
PATATO :
Je n'ai ni peur de toi ni même de souffrir.
Je défends Patata : nous sommes fiancés.
LA REINE DE LA NUIT et PARMESAN :
Déjà ?
PATATO :
Oui, ça va vite.
LA REINE DE LA NUIT
Je te hais abruti !
Tu vas goûter un peu à ma noire magie,
A ma grande puissance à mon côté obscur.
Parmesan, laisse-nous. Va voir dans la nature
Si j'y suis. Va voir !
PARMESAN :
Non, vous n'y êtes pas…
LA REINE DE LA NUIT
Non mais quel abruti. Je te tue scélérat.
La Reine de la Nuit lui flanque un coup de poing et il tombe par terre.
(Air du combat)
Parmesan arrive à esquisser tous les coups donnés par la reine de la Nuit. Celle-ci est finalement blessée à l'épaule.
LA REINE DE LA NUIT :
Aie !
Qu'y a-t-il sur ton front ?
PATATO :
J'ai ça depuis tout p'tit.
LA REINE DE LA NUIT :
Tu es Harry Potter ?
PATATO :
Non mais c'est mon ami.
LA REINE DE LA NUIT :
Tu es drôlement bon. Ne veux-tu pas rejoindre
Les forces obscures ? Car je vois en toi poindre
Un immense talent. Réfléchis à cela.
Avant qu ton ventre ne se brise en éclats.
Patato redonne un coup d'épée sur l'autre épaule de la Reine de la Nuit.
Celle-ci se relève difficilement.
LA REINE DE LA NUIT :
Aie. Je suis ton père.
PATATO :
Je n'en ai jamais eu.
LA REINE DE LA NUIT :
Tu en as forcément un.
PATATO :
Ah ? Comment le sais-tu ?
LA REINE DE LA NUIT :
Tu n'es vraiment qu'un con. Je n'ai plus de regrets
A te mettre en pièces. Tu vas bientôt crever.
Scène 3 :
Patato, la Reine de la Nuit, les trois anges.
CHANT 2ème :
LES TROIS ANGES :
Patato, lève-toi !
Nous te parlons français.
Car nous ne savions pas
Que tu n'avais jamais !
Étudié notre langue.
Lève-toi Patato.
Soigne ta mine exsangue.
Nous t'offrons ce cadeau.
Patato se lève : la Reine de la Nuit est comme paralysée.
Cette flûte magique
Que tu as oubliée
Surtout pas de panique,
Hier dans les WC.
Fais en donc bon usage.
Quelquefois la musique
A quelques avantages
Sur l'esprit maléfique.
Scène 3 :
Les mêmes et Sarabistro, Patata
Ils disparaissent. Patato profite de ce laps de temps pour se mettre à un autre endroit de la scène. Tout à coup, la Reine de la Nuit se meut à nouveau et plante son épée à l'endroit où était Patato. Celui-ci commence à jouer de la flûte.
LA REINE DE LA NUIT :
Arrête ça mon fils car j'ai mal à la tête.
Tu joues tellement mal, je t'en supplie, arrête.
Patato lui plante l'épée dans le ventre. La Reine de la Nuit s'écroule par terre.
(air triste)
LA REINE DE LA NUIT :
Qu'as-tu fais, mon enfant. Tu as tué ton père.
Enlève mon masque. Je repars en enfer.
Je vais bientôt mourir. Et oui, je suis un homme.
SARABISTRO :
Pendant plus de cinq ans. Tu m'as trompé, en somme.
LA REINE DE LA NUIT :
Je t'ai vraiment aimé. On m'avait opérée
Enlevé les parties. La poitrine gonflée,
J'étais une femme mais je ne t'ai rien dit.
SARABISTRO :
Non, tu ne m'as rien dit. Il valait mieux ainsi.
Tout cela est hideux. Tu mérites la mort.
LA REINE DE LA NUIT:
Tu deviens violent et c'est toi qui as tort.
PATATA :
Encore une question. De qui suis-je la fille ?
LA REINE DE LA NUIT:
Te voilà mon ange ! tes longs cheveux blonds brillent
Comme de l'or perlé.
PATATO:
Encore une question. De qui suis-je le fils ?
LA REINE DE LA NUIT:
Un peu de patience. N'enfoncez point la vis.
Voici l'explication de toute notre histoire.
Piou-piouna, où es-tu ? Bientôt pour moi le soir
Va venir me cueillir. Tout ce que j'ai à dire,
Je le dis dans ma langue et essaie de traduire.
Je me sens si faible et j'ai si mal aux dents !
Puis-je avoir un coussin et quelques cure-dents ?
Tous les personnages rejoignent la scène.
La Reine de la nuit commence á parler dans un langage inconnue. Piou-piouna traduit pour les autres.
PIOU-PIOUNA :
Patato est mon fils car je suis son vrai père.
Je tombai amoureux d'une femme mégère
Dont je vois encore les formes disgracieuses,
Son derrière rouge, ses moustaches soyeuses.
TOUS :
Mais c'est un singe !
PIOU-PIOUNA :
Un jour l'envie nous prit de faire un beau bébé
Et Patato naquit dans un champ d'ipomées.
Nous nous disputâmes, je lui laissai l'enfant
Elle m'appela porc, me traita d'impotent…
Je m'en revins chez moi et déçu par les femmes
Je vins voir mon docteur qui me changea mon âme.
Je devins hystérique et imbue de moi-même
Je ne supportais pas que tout le monde s'aime.
Je penchai du côté des forces infernales
Et créai mon bordel dans une rue très sale.
PATATA :
Et que devint l'enfant ? Est-ce vraiment le tien ?
Comment diable as-tu pu reconnaître un des tiens ?
PIOU-PIOUNA :
Il porte sur son front la marque indélébile.
Avant de le laisser à sa mère débile,
Nous avions joué tous les deux à l'avion.
Le prenant par les pieds au milieu des moissons
Je le fis tournoyer. Ses chaussettes glissèrent
Et son beau front heurta une pomme de terre.
PATATO :
Comment va ma mère ? Se porte-t-elle bien ?
PIOU-PIOUNA :
Pas si bien que cela, elle a un grain en moins.
PATATA :
Et moi, Olga, dis-moi… Qui sont donc mes parents ?
PIOU-PIOUNA (désignant Sarabistro):
Ton père est cet homme que tu vois à présent.
Il t'avait déjà fait quand je l'ai rencontré.
Demande-lui enfant, de tout te raconter.
SARABISTRO :
Ta mère est servante. J'ai caché cet amour
Car la tradition veut que l'on aime toujours
Quelqu'un de notre rang. Elle s'appelle Hélène
Travaille pour un prince, dans un grand domaine
De Wczysczy.
PATATO :
C'est pas vrai ? Mais c'est ma cuisinière !
TOUS :
C'est pas possible ?
PATATO :
Elle dit être vierge.
SARABISTRO :
Non mais quelle misère.
Elle croit encore que tous les enfants naissent
De la lune et du ciel. Non mais quelle faiblesse !
Comment ai-je pu moi, qui suis si cultivé,
Aimer une femme aussi bête que ses pieds.
Ne tournons pas le dos aux grands événements
Qui se préparent ici. Nous parlons vainement
De faits qui sont passés car plus personne au monde
Ne peut plus rien changer. Le tonnerre ne gronde
Plus dans ce beau palais. Le Bien a triomphé
Et les forces du mal ont été évincées.
Sarabistro prend Patato et Patata par les épaules.
(air musical heureux)
Nous voyons les anges qui emportent la Reine de la Nuit. Elle les fâche car ils lui font mal.
CHANT 3ème (FINAL):
SARABISTRO :
Nous chantons à présent cette éclatante victoire.
Patato a écrit une grande page de l'histoire
TOUS :
Le soleil, la lumière
Ont transpercé la nuit.
Nous voyons aujourd'hui
Pousser des pommes de terre.
PATATA :
J'ai enfin découvert
Qui sont mes vrais parents.
Patato n'est pas grand
Mais il a des yeux verts.
PATATO :
J'ai enfin découvert
Qui sont mes vrais parents.
Tu as de belles dents
Et tu as les yeux vairs.
PATATO et PATATA :
Et nous chantons
La chanson de l'amour…
Nous l'intensifierons
Un peu plus chaque jour.
Ils sortent de scène.
PIOU-PIOUNO :
Je t'ai trouvée enfin
Tu vas venir chez moi.
J'habite dans les bois
Possède un grand jardin.
PIOU-PIOUNA :
Je te suivrai partout
Te ferai la lessive.
Je suis compréhensive
Et douce comme tout.
PIOU-PIOUNO et PIOU-PIOUNA :
Et nous chantons
La chanson de l'amour…
Nous l'intensifierons
Un peu plus chaque jour.
CALVADOS :
Nous boirons mille verres
Au nom de l'amitié,
Ne sois pas si sévère
Envers ton grand sujet.
SARABISTRO :
Nous boirons mille verres
Au nom de l'amitié,
Si tu n'es pas pervers,
Je te respecterai.
CALVADOS et SARABISTRO
Et nous chantons
Le chant de l'amitié
Tout le jour nous boirons
Le vin sucré de la prospérité.
Tout le monde part, Parmesan se relève, seul sur scène et part en courant.
Eh bien ! Quel dépaysement par rapport au style auquel tu nous avais habitué ! C'est... renversant ! J'adhère moyennement, (excuse-moi, mais je préfère être sincère), mais je relirai la pièce car il existe certainement une lecture à plusieurs niveaux. Dans l'acte II, le refrain en allemand me rappelle une comptine autrichienne qui dit : "Fühlst du nicht wolh, dann pack deine Sachen und führ nach Tyrol". (J'ai laissé peut-être quelques fautes car je n'ai pas pratiqué l'allemand depuis la scolarité...) Mais ne te laisse pas démonter par ma réponse, continue ! Ma surprise est d'autant plus grande que je m'attendais de prime abord à un texte philosophique :) Je t'embrasse
· Il y a plus de 8 ans ·Sy Lou
C'est un texte du début des années 2000 :) voire plus ancien encore :) oui, bien différents de mon style actuel :) la série sur la philosophie est prévue pour octobre :) bisous :)
· Il y a plus de 8 ans ·Sébastien Bouffault
Merci pour ta sincérité et ton proverbe Bavarois :)
· Il y a plus de 8 ans ·Sébastien Bouffault
Alors attendons octobre :)
· Il y a plus de 8 ans ·Sy Lou