La foi y est

Fidji Broustet

J'ai ce jour là emprunté un petit sentier à la recherche du franc parler. Une idée comme une autre quand la journée est par un pâle soleil d'hiver éclairée et qu'une main dans la mienne est une douce chaleur. En parlant de chaleur..... Nous avons dans un pré trouvé une cheminée par le temps oubliée qui de ses ronces à notre attention s'accrocha pour nous en raconter des vertes et des pas mûres. Sur une pierre moussue nous avons posé notre derrière et regardé devant. Quelques pierres de taille patinées par le temps suffisent parfois à faire vagabonder les imaginations qui ne demandent qu'a passer le mur du son d'un passé bavard. Ce n'étaient pas des pierres tombales, tombées d'on ne sait où, mais plutôt des pierres pour château en Espagne quoique la tour de Babel qui mène jusqu'aux cieux serait plus dans mes cordes à nœuds... Un oiseau à la gorge rouge, petit compagnon habituel de ces errances est venu tout près de nos regards picorer quelques vermisseaux tandis qu'une pie nous signifiait qu'on la dérangeait... Je lâchais la main aimante pour la tendre vers l'âtre abandonné persuadée qu'il la réchaufferait aux feux de sa mémoire... Nos joues étaient déjà rougies par un vent discret mais frais, et de temps en temps j'essuyais une petite goutte qui perlait au bout de mon nez tout aussi fardé. Dans un baiser je fermais les yeux. Lorsque je les ouvrais une douce chaleur m'enveloppait, un feu crépitait dans la cheminée où dans un chaudron pendu à la crémaillère une soupe de souvenirs ne demandait qu'à tenir ses promesses de festin... Des gestes devançaient les mains alors que les pas se rapprochaient des pieds. Des bouches se décousaient face aux lèvres d'un alphabet conteur. L'envers du décor se retournait lorsque j'éternuais. L'espace était en apnée, adossé à l'ombre de la face cachée du temps. Le futur épaulait le passé pour s'éloigner de la mémoire du présent. La lumière des trous noirs éclairait l'esprit brillant du jour, alors que les neurones étaient en compote, sur la table des matières grises, prêts à être tartinés sur les insuffisances cardiaques des non-aimants... Des habits sans personne pliaient et dépliaient leurs coudes pour signaler leur présence à une paire de mitaines qui échangeaient leurs souvenirs de gerçures. Un vieux manteau râpé s'accouplait dans un coin avec une casquette tandis que deux mains en prière, le cœur entre les dents, regardaient s'éloigner la foi des anges amoureux de high-tech. Le hasard, pas très courageux, ne prenait pas de risque en souriant à la chance qui faisait la coquette en s'accrochant à la grille du loto. Le vide soutenait l'ossature du plein, histoire de se délier... Tandis que mes yeux allumaient d'autres images, tes frissons enlaçaient mes désirs et me sortaient de cette ronde du monde selon mon imagination fertile...

Extrait de mon livre "les mots derrière la porte" en vente sur TheBookEditions et par correspondance avec dédicace

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