La fontaine est aux innocents

bemol

J'irai manger des madeleines

à la Fontaine des Innocents...

Elles sont si fondantes ces madeleines,

il n'y a pas besoin d'être roi.


Je me poserai sur le bord de la fontaine,

et je regarderai son eau clair...

J'y tremperai le doigt, peut-être,

j'y mettrai les pieds, sûrement.


On l'a dit jolie cette fontaine,

et c'est sans doute vrai

puisque les fleurs y poussent :

roses, pivoines, orchidées, iris,

et mêmes quelques chrysanthèmes,

et un tournesol.


Je ne sais pas si j'en cueillerai une

mais je les sentirai,

une à une...

Je prendrai mon temps,

puisqu'elles prennent le leur

sous le regard des passants.


Une madeleine à la main,

les pieds dans l'eau,

le regard sur leurs pétales

et le nez dans leur parfum.


Les passants ne verront rien,

puisqu'ils ne voient jamais ce qui est bien.

Et pour ceux qui me verront,

qu'importe,

puisqu'ils ne regardent pas de toute façon.


Ils sont trop bien chaussés,

de vraies semelles bien confortables.

Quand ils se trempent les pieds,

c'est seul et à l'abris des regards,

ils se cachent même de leurs femmes...


Moi je m'en fous,

puisque les fleurs sont belles...

Et s'il le faut,

je les éclabousserai les passants.


Ouai, c'est décidé !

J'irai tremper mes pieds

dans la Fontaine des Innocents,

là où les fleurs sont belles

et le parfum enivrant.


Et j'apporterai des madeleines,

celle du roi de Lorraine

puisque lui les trouve fondantes !

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