La forêt de Bois de Rose

Eka Abassi

Un jour que la princesse se promenait dans la forêt, elle tomba amoureuse de la main d’un chasseur. Etait-ce le rayon de lumière, ou le souffle du vent, ou encore le chant de l’oiseau, ou la majesté de l’arbre…peut-être était ce tout cela à la fois. Il n’en reste pas moins qu’il y avait eu ce moment unique où elle avait vu la main du chasseur se porter à sa joue. Ce seul geste de l’homme allongé endormi au pied d’un arbre avait suffit à la rendre amoureuse. Elle était repartie au chateau avec gravée dans la mémoire, la main de l’homme, le corps de l’homme, au point qu’il lui aurait été aisé de le dessiner, d’en modeler chaque forme et d’en reconnaître le goût et la douceur, elle qui ne l’avait même pas touché. Une fois au chateau, elle annonça à son père son désir de se marier. Il lui semblait évident que le chasseur ne pouvait que l’aimer, ne pouvait que l’épouser. Le père aimait sa fille. Il ne lui avait jamais rien refusé. On fixa le jour des noces. On décora le chateau. On invita les courtisans. On fit venir le chasseur. Le chasseur refusa de se marier. Il n’était pas amoureux de la princesse. Le Roi essaya bien de le convaincre, de l’acheter en lui promettant la gloire et la richesse. Il en vint même à menacer le chasseur de mort. Mais le chasseur ne revint pas sur sa décision. Il n’épouserait pas la princesse. Quand elle appris la nouvelle, la princesse se mura dans un silence. Elle allait tous les matins dans la forêt pleurer au pied de l’arbre où elle avait surpris son chasseur. Le Roi désemparé renvoya ses conseillers, les devins et autres guérisseurs. Un jour qu’elle se rendait dans la forêt, la princesse inconsolable surpris des bucherons qui s’appêtaient à couper son arbre. Elle les en empêcha. Ils reviendront lui dit l’arbre. Je serai là dit la princesse. Tu pleures depuis tellement de jours ton chasseur, est ce ainsi que tu veux vivre? La princesse ne répondit pas. Tu es de ses âmes inquiètes que la peur de ne pas être aimées poussent à s’épendre de la main du premier chasseur venu.Tes larmes gardent vivant ton amour. Laisse moi porter ton fardeau. Les bucherons reviendront, m’abatteront et ma mort sera ta renaissance. La princesse refusa. Mais l’arbre pris son chagrin. Quand elle revint le lendemain, les bucherons l’avaient abattu. La princesse pleura son arbre. Mais comme il le lui avait promis se furent des larmes de guérison. Elles tombèrent sur les branches abattues. Chaque larme ensemença un arbre, et c’est ainsi que naquit la première forêt de Bois de rose. Il fut défendu d'abattre un seul des ces arbres dans tout le royaume. Ce n’est que bien après la mort de la princesse devenu reine qu’on su combien cet arbre était précieux. Coupé, son bois avait le parfum délicat des larmes d’une princesse guérie d’un amour impossible.

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