La France du milieu du 17e siècle

Dominique Capo

Thèse personnelle en doctorat d'Histoire, pages 21 à 27

La démographie de cette époque – natalité, nuptialité, et fécondité – est estimée à partir des registres paroissiaux. Ces derniers sont tenus par les curés dans chaque paroisse de France. Mais il existe également d'autres facteurs tout aussi importants, comme l'extension du célibat, l'âge des femmes au moment du mariage, ou l'intervalle inter-génésique – c'est-à-dire, du temps passé entre deux grossesses – qui entre en ligne de comptes.

Ainsi, certaines habitudes de vie peuvent jouer un grand rôle en matière démographique. La chasteté pré-conjugale, qui est l'un des préceptes rappelé avec le plus de vigueur par l'Église, est beaucoup mieux respectée à la campagne qu'en ville. En effet, à la campagne, la vie des jeunes gens est sans doute sans cesse contrôlée par la famille, par le voisinage, par le curé, ou par la communauté villageoise toute entière. En ville, au contraire, la pression sociale est moins forte ; d'où un taux plus élevé de couples illégitimes et de naissances hors mariage. Malheureusement, les enfants abandonnés y sont également nombreux, car leurs mères sont le plus souvent originaires de la campagne. Et beaucoup de jeunes femmes qui ont eu des relations sexuelles hors mariage, sont obligées d'aller en ville pour dissimuler leur grossesse.

D'un autre coté, le célibat est relativement répandu, puisqu'il concerne environ 10 % de la population en âge d'être mariée. Bien sur, ce chiffre inclut tous les clercs que les vœux contraignent à cet état. Mais, en ville, il existe de nombreux faux célibataires ; par exemple, de jeunes domestiques attendant de s'être constitué un pécule suffisant pour retourner au village, s'y marier, et fonder une famille. Une autre caractéristique encore de cette époque, est que l'on se marie assez tard : les femmes, vers 22 ou 23 ans, et les hommes, entre 24 et 26 ans. Et dans les milieux les plus aisés, le mariage peut être différé encore plus longtemps.

De fait, célibat important, le mariage tardif, et la chasteté pré-conjugale sont autant de facteurs généraux d'une baisse de la natalité. Sauf accident – et les accidents sont fréquents -, si la femme a 25 ans au moment du mariage, les couples ne disposent que d'une quinzaine d'années de vie féconde avant l'âge moyen de la ménopause féminine, aux alentours de la quarantaine. Dans leur grande majorité en effet, les femmes ne peuvent pas mettre au monde plus de six ou sept enfants. Or, cette fécondité naturelle est encore affaiblie par une intense mortalité infantile. Il faut alors deux enfants pour faire un homme. Ainsi, le taux de natalité est d'environ 40 à 50 %, et le taux de mortalité de 30 à 35 %. Ceci explique la faiblesse de l'excédent des naissances sur les décès, et la croissance limitée de la population.

C'est pour toutes ces raisons que les villes se trouvent le plus souvent en situation de déficit naturel. Leur taux de mortalité est beaucoup plus fort que leur taux de natalité. La mise en nourrice, une pratique courante à la ville, aggrave encore leur déficit : transportés le plus souvent dans des conditions d'hygiène et de conforts tout à fait déplorables, mal soignés, mal nourris, les nouveaux nés y meurent en grand nombre. C'est pourquoi la croissance des villes est essentiellement tributaire de l'immigration. Et les registres de mariages montrent que, dans les couples, plus de 50 % des garçons sont nés en dehors de la ville.

Associé à la chasteté pré-conjugale, le mariage tardif est une très grande originalité de l'Occident Chrétien de cette époque. Dans le reste du monde en effet, on continue à se marier extrêmement jeune. Cette particularité Européenne annonce pourtant de profonds bouleversements dans la vie sociale des individus, et surtout dans celle des femmes : pour elles, la fin de l'adolescence ne sera bientôt plus immédiatement marquée par le mariage et la maternité.


Aux alentours de 1650, le mois d'Octobre commence l'année agraire avec les semailles. On l'évoque également par la chasse, les pressoirs des vendanges, le ramassage des pommes, ou le glandage du cochon promené dans la forêt. Le mois de Novembre voit le sacrifice du cochon et l'arrivée du vin nouveau. L'Hiver qui va venir est le temps des veillées où l'on s'occupe autour du feu des travaux patients : casser les noix, peler les châtaignes, filer le chanvre, le lin, ou la laine. Les fêtes de Noël et le début de l'année arrivent au moment où les caves et les greniers sont pleins, et où les taches des champs laissent de la liberté. Ce bon temps se poursuit alors jusqu'en Février où Mars. C'est d'ailleurs à cette phase de l'année qu'interviennent les mariages ou les fêtes de famille. C'est à ce moment là qu'éclatent ici ou là les réjouissances plus ou moins bruyantes, plus ou moins prolongées du Carnaval. Par ailleurs, en Mars, il convient de semer les céréales de Printemps – avoine, orge -, de sarcler les blés d'Hiver, de tailler les vignes.

Tous les villages de France, quelle que soit la qualité de sa terre, vivent de leur grain. De fait, l'étape majeure est, bien sûr, le temps des moissons en Juillet et Aout. On moissonne à la faucille. Les plaines des grandes fermes à blés emploient des saisonniers qui viennent parfois de fort loin s'embaucher pour les récoltes. Une fois les dernières gerbes levées du champ, l'espace est laissé au glanage, privilège des pauvres gens qui ne laissent pas perdre un grain dans les chaumes. Les moissons sont alors suivies par le battage au rouleau de pierre, sur une aire de terre sèche dans les pays les plus ensoleillés, au fléau à grange dans la plupart de l'espace français. Cela permet en outre de répartir le travail sur plus de jours, et de se mettre à l'abri des orages d'Été. Un grand banquet marque, dans les bonnes fermes, la fin des travaux. La fenaison, les regains, et les moissons des céréales de Printemps survenant à différents moments de l'Eté, maintiennent ainsi longtemps par les chemins des troupes des saisonniers. Ils reviennent ensuite chez eux avec un petit pécule, ou plutôt, un sac de blé sur le dos. A la fin de Septembre enfin, il faut vendanger. La viticulture est en effet très étendue, car il faut approvisionner les villes, et le vin ne vieillit pas. De fait, les vignobles ont peu de réputation.

Aux abords des montagnes, l'Automne est la date du retour des troupeaux revenant des pâturages d'estive en altitude. De grandes foires correspondent alors à ces rendez vous. On y vend les fromages confectionné là haut. On y négocie aussi le croit de l'Été : veaux et agnelets. Partout, cette saison est un moment de rencontres. On y règle les marchés agricoles, les baux et les métayages. On embauche la main d'œuvre de l'année à venir : valets de ferme, domestiques, servantes ; et aussi dans les métiers, les apprentis et les compagnons. Ceux qui veulent se faire prendre se rangent donc avec un petit ruban au chapeau, ou épinglé sur le devantier dans les traditionnelles foires de louées. Et puis, Octobre revient avec les semailles.

Les plus fortuné des gens acquièrent des titres, et investissent leurs revenus dans la terre et les domaines de la campagne qui permettent de suivre les modes de l'existence nobiliaire. Les plus défavorisés eux mêmes, tentent par leurs costumes, leurs gestes et leurs paroles, de se rapprocher des attitudes, ou supposées, des gentilshommes ; par exemple : mettre une plume à son chapeau, porter les armes, ou régler ses querelles à vive voix. Tenir le haut du pavé, passer le premier dans un seuil, garder son chapeau, demeurer assis en public, sont des prérogatives de personnes de qualité qui, à leur tour, doivent céder le pas, se lever, ou se découvrir, devant un tiers de plus haute dignité. Pour une procession dans les rues de la ville, ou une messe dans l'église majeure, il importe en effet de savoir qui passe le premier.

On ne donne sa fille qu'à un égal ou un supérieur. Le mariage unit ainsi deux familles plus que deux individus. Le choix du conjoint est fait par les parents, non pas que l'amour n'ait pas sa place, mais il doit venir après dans la vie commune du mari et de la femme. Le mariage peut alors constituer un moyen de parvenir. Il fait parti d'une stratégie familiale patiemment mûrie, et conduite à travers les années et les générations. L'égalité convenable des conditions s'accommode toujours d'une légère ascension sociale de l'épouse, car celle-ci apporte, et ses beaux yeux, et, ou, sa dot. Le contrat notarié de mariage, très répandu – même chez d'assez pauvres gens – fixe la contribution des deux partis : la dot et le trousseau de la femme, et l'apport du mari.

A une époque où l'espérance de vie est courte, le père meurt généralement avant que ses enfants ne soient au travail. Il doit donc leur léguer très vite ses champs, sa boutique, ou son savoir faire. Il n'y a pas de place pour de longues adolescences et des jeunesses studieuses. Il faut très tôt se mettre dans les pas de ses prédécesseurs, dont on porte le prénom même. Le savoir des vieilles gens est rare et précieux. Ils ont connaissance des bonnes coutumes, et de l'expérience des anciens temps.

Dans cette France massivement rurale, l'ascension d'une famille commence généralement avec la diversification de ses activités. Un riche laboureur se mêle un jour de vendre lui même ses grains, de faire le roulier et le marchand. Il commence à prêter à ses voisins, à prendre un bail sur d'autres terres, à faire des affaires avec un seigneur des environs, ou à entrer en relation de commerce avec des gens de la ville voisine. Ce marchand laboureur met ensuite son fils au collège, et en fait un notaire ou un avocat. Le petit fils achète ensuite un office royal, et l'arrière petit fils achète peut être une charge anoblissant. Parallèlement, les filles épousent des gentilshommes d'épée ou de robe. Les fils portent le nom de leur terre, les cadets à la guerre ou au séminaire. L'éducation des collèges et la vénalité des offices ont leur bonne place dans cette trajectoire.

La plupart des maisons paysannes sont faites d'une pièce unique, avec une cheminée, une seule fenêtre – ou pas du tout. Leur mobilier est composé d'un grand lit, d'un coffre, et d'une table. S'y ajoutent peut être des dépendances : greniers, étables, granges, ou appentis à volailles. Mais toute la famille doit manger et dormir dans la salle unique. Il existe aussi, chez de riches laboureurs et dans les domaines exploités conjointement par plusieurs familles de frères et sœurs, de grandes bâtisses. Ce sont, en général, des maisons de maître susceptibles d'être mises en défense, portant fièrement le nom de la famille. Mais, même à cette échelle, on n'échappe pas à la norme d'une seule pièce par couple familial, et l'absence presque totale de meubles. Les parents couchent alors dans le lit fermé par un rideau. Les enfants, eux, sont sur des paillasses par terre. Et les domestiques sont dans la grange.

Les sites urbains, eux, mieux connus par des portraits de villes figurant sur les guides de voyage, conservent leur apparence médiévale. L'insécurité maintient les rigueurs des enceintes fortifiées. Les villes, et jusqu'aux plus petites bourgades, sont entourées de remparts ; l'occupation de l'espace y est intense. Un petit nombre de portes s'ouvrent en effet sur les faubourgs radiaux qui commencent à se développer le long des départs de chemin. Les rues sont étroites et sinueuses, suivent les pentes. Les places sont rares, irrégulières, et sans perspectives. Les parcellaires des maisons débordent sur la rue. Il y a malgré tout place pour les jardins des maisons bourgeoises ou des couvents à l'intérieur des murs. Mais, il faut monter au clocher pour les apercevoir dans les entrelacs des toits.

L'habitat urbain présente, lui aussi, des pièces uniques ; deux ou trois pour des marchands ayant une boutique ou un atelier. La promiscuité et l'inconfort sont la règle commune. Le bois domine dans la construction : charpentes et colombages, lattis et pans de bois, avancées d'étages sur rues, galeries et escaliers sur cour. La pierre ne sert qu'à soutenir un seuil ou une fenêtre. Le gros œuvre, lui, est en moellons, et les murs en torchis ou en plâtre. Les rares ouvertures étaient autrefois fermées par des meneaux de pierre et des volets de bois. Maintenant, on désire des fenêtres à petits carreaux qui font entrer la lumière. Si les pièces viennent à se diversifier, on a, en entrant, une salle commune où se tiennent les domestiques. Puis, chez les gens de qualité, il y a une antichambre et des chambres plus ou moins spacieuses, où une grande dame reçoit ruelle. La densité de l'occupation du sol et la médiocrité des matériaux, par contre, favorise les incendies. Ceux-ci peuvent alors brûler des quartiers entiers, avant qu'on réussisse à faire la part du feu. Ainsi, des villages d'habitat groupés, sont complètement détruits en une nuit, et leurs habitants réduits à la mendicité. On les appelle donc, « les quêteurs de brulé ». Les demeures des plus fortunés, elles, reflètent à leur échelle le même passéisme. Les châteaux de la noblesse sont encore des maisons fortes. Avec la paix civile et une nouvelle liberté d'existence, on cherche de fait à aménager le vieux décor fortifié. On abat un mur d'enceinte ; on dessine des bâtiments secondaires en U ouverts sur une cour d'entrée, avec les anciennes tours sur les cotés, ou de nouvelles fenêtres laissant passer le soleil. Les églises, elles, durant les guerres de Religion, et surtout à la campagne, avaient reçu des éléments de fortifications. Mais, désormais, un très grand nombre sont détruites ou endommagées.

Les régions françaises, majoritairement continentales, souvent montagneuses, n'offrent pas de communications évidentes. Malgré tout, les moindres courts d'eau sont parcourus dès que la saison le permet, par des flottages, des descentes de barques, et des coches d'eau. La Seine, la Loire, et la Garonne, mais également la Saône et le Rhône, emportent des trafics de voyageurs. Ils transportent aussi des gabares chargées de produits pondéreux, comme des madriers, des fers, ou du charbon. Leurs rives sont jalonnées de très nombreux villages en retraits de zones inondées, ainsi que des stations de batelleries.

Les façades maritimes, quant à elles, comptent pareillement des centaines de très petits ports s'adonnant à la pèche ou au cabotage. La plupart ne sont que des sites d'échouage à l'abri des tempêtes, et seuls quelques ports réputés disposent de quais empierrés ou de pontons de bois. L'immense majorité des bateaux ne dépasse d'ailleurs pas 20 à 30 tonneaux. Cela n'empêche pourtant pas les marins de se risquer sur l'océan pour aller de port en port, ou même, en Espagne ou en Angleterre. En fait, l'essentiel des transports maritimes des ports français – enlèvement de vins et des blés pour les pays du nord de l'Europe – est assuré par des vaisseaux anglais ou hollandais. Comptant 200 à 300 tonneaux, ils viennent par centaines acheter les vins nouveaux dans les premiers mois de l'année. Car, avec des bateaux de 50 à 100 tonneaux, les pécheurs français, eux, vont pécher la morue sur les bancs de Terre Neuve. Les plus grands morutiers – chacun d'une cinquantaine de navires – sont aux Sables-d'Olonne, à Saint-Malo, ou au Havre. Leurs patrons essayent de faire deux campagnes à Terre Neuve. Chaque année, les basques rapportent de la morue verte – salée ou séchée sur place – d'Amérique, puis, la vendent au Portugal, en Espagne, ou dans les ports de la Méditerranée. Mais, ils pèchent également la baleine dans les mers froides.

Les autres pèches les plus courantes sont : la sardine, depuis tous les ports de l'Atlantique, le thon depuis la Bretagne, et le hareng en Mer du Nord. Les poissons, salés ou fumés, facilement stockables et transportables, jouent alors un rôle essentiel dans l'alimentation des villes. Dans les conditions précaires de l'économie céréalière, les régions maritimes ont de fait une situation relativement privilégiée, avec des prix plus bas, et peu de risques de disette.

Les routes, elles, elles font l'objet d'une tentative de développement. La plupart des chemins ne sont pavés qu'à l'approche des cités. Les tracés exacts varient. A la mauvaise saison, il vaut mieux allonger sa route et passer par les hauteurs, alors que l'on choisit les chemins dans les vallées durant l'Eté. De Paris, partent des routes pour Amiens, pour Bruxelles, pour Nancy. Par Dijon, on peut gagner la vallée de la Saône par Moulins, celle de l'Allier par Orléans, en rejoignant la Loire. Par contre, il y a très peu de routes vers l'Ouest : on gagne la Normandie par la Seine, la Bretagne par la Loire, et le Sud-ouest par la route de Blois, Poitiers, puis Bordeaux. Le voiturage des marchandises lourdes est donc réduit. En effet, les grands chariots de rouliers à quatre roues, avec avant train pivotant, portant jusqu'à 15 quintaux, n'y avancent guère. Ils n'y progressent que de vingt a trente kilomètres par jour, mettant ainsi des semaines pour un long trajet. Cette limitation retentit donc sur les commodités des échanges, et aussi, sur le déplacement de troupes militaires dont les capacités stratégiques sont fort étroites. Sur les routes royales sont établis des maîtres de postes disposant d'écuries, et aussi, le plus souvent, d'une auberge et d'une forge. Protégés par des édits royaux, bien placés pour de fructueux négoces, ils sont souvent des personnages considérables dans leur canton. Il y a aussi la possibilité de confier des lettres aux messagers royaux circulant régulièrement entre les principales villes. Mais, tous ceux qui le peuvent – un corps de ville, un riche marchand, un grand seigneur – ont leur propre messager. Car, la vitesse de circulation des nouvelles urgentes correspond tout simplement à la vitesse de déplacement d'un cavalier.

Les marchands et les colporteurs, eux, ont leurs mulets chargés de balles ; ils fréquentent quelques foires célèbres : celles de Paris, bien sûr, à Saint-germain des Prés et Lendit (Saint-Denis). Dans l'Ouest, il y a celles de Caen et de Guillbady, près de Falaise. Il y a celle d'Amiens au Nord, Niort et Fontenoy en Poitou. Les quatre grandes franches sont celles de Lyon, qui, durant quinze jours, sont fréquentées par des marchands Italiens et Allemands. Les foires de Beaucaire sont les plus fameuses du Midi. Les bords du Rhône s'y couvrent, à la fin Juillet, de milliers de tréteaux. En outre, chaque petite bourgade a son marché ; soit des milliers dans le royaume. Les paysans des environs viennent y vendre leurs victuailles, herbes et légumes, laitages ou volailles, aux bourgeois du lieu. On y trouve parfois des colporteurs de mercerie ou de quincaillerie auxquels les paysans achètent des babioles ou des outils, avant de terminer leur journée dans les cabarets de la place. Quelques foires et marchés locaux sont spécialisés dans le commerce des bestiaux. Mais, c'est surtout pour la consommation des villes et des armées que l'élevage prend une envergure marchande. Il y a des négociants, des maîtres bouchers des villes de l'Ouest et du Centre. Il y en a de Normandie, du Limousin, et d'Auvergne qui s'associent pour envoyer des troupeaux sur pieds sur le marché de Paris, ou pour les régiments royaux de l'Est. Le cheval, moyen de déplacement ordinaire, bête d'attelage et de somme, est donc l'objet de grandes affaires à travers tout le pays. On dit pourtant que le royaume n'a pas suffisamment de bons chevaux, et il semble qu'il doive les acheter chèrement en Allemagne. Le Boulonnais, le Limousin, le Perche, certains cantons d'Auvergne et des Pyrénées ont une réputation enviable dans l'élevage et la sélection des bêtes.

Les plus grandes quantités de marchandises, et les plus grosses masses d'argent, concernent malgré tout les produits textiles. Il y a surtout les toiles de l'Ouest, puis, très loin après, les vins. Vers 1645, l'Angleterre émerge des guerres civiles, et les Provinces Unies, de leur interminable guerre avec l'Espagne. Ces deux puissances maritimes, dont les rivalités vont engendrer trois guerres navales en vingt ans, augmentent aussitôt leur présence sur les routes de l'Amérique ; et spécialement aux Antilles, dont les îles à peu près désertes vers 1630, commencent à révéler leur vitalité tropicale.

Signaler ce texte