La glissade positive

coco-nbks

Se laisser glisser, accueillir les événements de la vie les bras grands ouverts, sans se poser trop de questions, penser à l'avenir, tenter de se projeter maintenant que la situation est stabilisée.

Le jeudi 7 avril, je signe mon CDI. L'accomplissement d'un travail acharné, d'une année difficile dans la capitale. Je pense être fière de moi, mais pas autant que mes proches. Je n'ai pas l'impression d'avoir accomplis un exploit, même pas un objectif. Mon objectif premier s'est éloigné encore un peu plus suite à cette signature. Alors oui un CDI c'est bien, ça devrait réjouir tout le monde et moi plus particulièrement. Que je ne suis pas contente serait vous mentir, mais depuis cette nouvelle, l'amertume, les regrets et la nostalgie du passé sont bien plus présent que la joie et le bonheur.

Il y a un peu de tout en réalité, j'ai ce goût indescriptible dans la bouche, vous savez, ce goût légèrement amer mais acide également. Ce goût qui te pique la mâchoire et qui te fait grimacer comme après avoir bu une « tek paf », ce shooter à base de tequila. Du sel, un shoot de tequila, et tu croque dans un quartier de citron. Bref, vous m'avez compris.

Je suis consciente que ma vie est bien meilleure que celle que j'avais il y a 4 ou 5 ans maintenant (le temps passe si vite, on est vite dépassé, fait chier), mais en moi réside cette étrange nostalgie  du passé, comme une envie d'y retourner. C'est atroce, je sais. J'ai beau regretter ces événements, ce n'est pas pour autant que je changerais quelque chose si je pouvais y retourner. Après tout c'était peut-être mon destin, je devais peut-être la rencontrer, elle et à ce moment-là de ma vie. Ça devait peut-être se passer comme ça, ça devait peut-être se finir mal comme ça. Le destin veut peut-être que je vive avec ce souvenir-là. Ne t'en fais pas, je n'opposerai pas de résistance. Je capitule, je vivrai réellement avec ces souvenirs, avec ce passé et ces regrets qui feront peut-être de moi une éducatrice d'enfants avec autisme, hors pair, avide de résultats, de progrès des gamins.

J'ai l'impression de devoir quelque chose à mes proches et à toutes les personnes que je côtoie. D'avoir des comptes à rendre à tous ceux que j'ai pu toucher, abîmer, froisser, heurter choquer... J'ai épuisé mon cota d'erreur pour ma vie toute entière je crois. Les sorties de routes, les faux raccourcis, les impasses, cul-de-sac et sens interdit, je n'y ai plus droit.

Alors je vis à mon rythme, ni trop vite, ni trop lentement, ni à gauche, ni à droite, juste au milieu, sans oublier de regarder dans le rétroviseur de temps en temps. Tel un jeune permis, frileux lorsqu'il se retrouve seul au volant de sa toute première voiture, qui transpire et tremble lors de son premier dépassement de camion sur voie express par temps de pluie, qui prie pour ne pas faire d'aqua planning. La seule différence entre lui et moi c'est qu'il en est à son premier véhicule, son premier achat. De mon côté, je n'ai plus qu'une seule barre d'essence. Un faux pas et c'est la panne sèche. Donc no panic, je vis, tout simplement en essayant de ne pas trop me poser de questions.

Aller de l'avant. C'est ce que je tente de faire depuis que j'ai sorti la tête de l'eau. J'essaie de prendre les choses comme elles viennent et de retenir que le positif et m'en servir pour l'avenir. Voilà, j'essaie, j'y mets du mien, je prends même parfois du plaisir à le faire ! Comme quoi.

Je suis heureuse aujourd'hui. Tout du moins, je pense l'être. C'est le principal, n'est-ce pas ?

Après tout, ce présent, je l'ai bien cherché...

Il paraît qu'il est bon de toujours avoir des rêves et que l'espoir fait vivre. Je vais peut-être devenir centenaire si je me sers de ce rêve, foutu en l'air par mes propres mains, en espérant toute ma vie qu'il se réalise un jour.

Inch Allah !

Je vais bien, ne t'en fait pas.

 

 

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