La Gloire dans la Boue

chevalier-neon

-Dis, tu crois que je vais vivre longtemps ?

-Mais pourquoi t’en inquiètes-tu autant ?
N’as-tu pas peur de trouver la réponse                                             et de te sentir jeté dans des ronces ?

-J’ai juste si peur de voir inchangé                                                      ce monde trop égoïste et volubile.                                                  J’ai peur que le temps ne puisse manger                                        les tares de son entêtement indocile.

-Alors tu le recracheras avec ta bile
et tu grandiras avec ton dégoût ?

-Je ne veux pas devenir un humain facile
qui finira dans son sang en ragoût.

-Parce que les humains qui deviennent moutons
sont du bétail destiné à être égorgé.
Seulement si tu oses lever le menton,
s’ils voient que ta fierté a été reforgée,
sais-tu seulement ce qui t’attend ?

-Oui j’ai déjà rencontré Satan.
Il m’a déjà poussé nu dans les orties,
acculé dans mes derniers retranchements.
Je vis dans les espoirs de trouver la sortie
mais il faut que se révèle franchement
ce monde tapi derrière les mensonges.

-Un désillusionné qui fait de doux songes ;
Comment est-ce encore possible ?
Tu es mort trop jeune pour te relever…
Tu es trop facile comme cible
et je sais comment ils voudront t’élever…

-Tu te trompes ; je lis en leur âme,
je peux voir en eux le visage du problème.
Mais sa solution est dans les flammes
d’une Géhenne dont ils ont fait leur emblème.

-Alors tu espères que n’apparaisse
une solution qu’apportera l’évolution.
Mais c’est la laideur que le temps engraisse
et la solution est dans la dissolution.

-Alors je devrais ne pas vieillir,
je devrais seulement me résigner ?

-Bien avant cela ils vont cueillir
ces fragiles proies déjà désignées,
et de vieillir tu n’auras pas l’occasion ;
tu n’es déjà plus un enfant pour eux.
Tu vis pour être tourné en dérision ;
ne te regarde jamais dans leurs yeux…

-Qu’y verrai-je alors se refléter ?

-Tu n’y serais plus qu’une ombre inhumaine et sans contours.

-N’y a-t-il là donc rien à regretter ?

-Rien que les colombes mortes dans les nids des vautours.

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