La grande santé
Frédéric Wyczisk
Oui le progrès est toujours là mais il a changé de visage, une nouvelle mythologie se met en place qui remplacera toutes les idéologies défaillantes (communisme, national socialisme, communication, post-modernité....), il s'agit de l'idéologie de la grande santé ou santé parfaite encore plus globalisante et totalisante voire totalitaire que les anciennes idéologies.
La grande santé se caractérise comme suit :
- Santé de l'homme (prévention médicale généralisée, vaccination, thérapies géniques, hygiénisme, accompagnement du grand âge pour ne pas dire acharnement thérapeutique....)
un homme sans maladie et immortel d'où l'on aura extirpé les gênes malsains (cf thérapie génique, téléthon). Le risque d'eugénisme n'est pas loin.
Non content de s'intéresser à la santé physique il semble que l'on s'intéresse aussi de plus en plus à la santé mentale des individus dans les entreprises (gestion des risques psycho-sociaux, du stress, ligne verte vers des psychologues). Dans le même ordre d'idées il faut considérer aussi les nouvelles sciences cognitives qui commencent à prendre leur essor où il s'agit rien moins que de comprendre le fonctionnement du cerveau.
Il s'agit de construire un homme nouveau, un nouvel Adam, un homme surexcité plutôt qu'un surhomme dirait Paul Virilio (cf son livre "L'art du moteur"), D'ailleurs l'emblème de notre époque pourrait être le défibrillateur cardiaque que l'on installe un peu partout. Il s'agit de faire repartir après une disjonction, de réexciter les accidentés du travail ou du stress, ceux que l'on appelle les ressources humaines dans l'entreprise. Comme si l’homme n’était plus considéré que comme une machine, une ressource à exploiter.
Lucien Sfez avait déjà analysé celà dès 1996 dans son livre "La grande santé, critique d'une nouvelle utopie" à partir des différents projets de l'époque (Artificial Life, le séquençage du génome humain et Biosphère II)
Lors des rencontres « Sciences, culture et démocratie » du samedi 5 décembre 2009, j’ai beaucoup apprécié l’intervention du philosophe Jean Michel Besnier (cf son livre sur ce thème « Demain les post humains »).
- Et santé de la terre avec le projet écologique (lutte contre le réchauffement climatique, développement durable, principe de précaution, planète aux ressources limitée......)
Donc l'on voit que la notion de progrès loin d'avoir disparu devient maintenant totalitaire et englobe tous les champs de l'humanité , son corps et son esprit mais aussi son environnement.
Il s'agit d'une nouvelle mythologie, un nouveau paradigme, une nouvelle idéologie. L'homme a toujours eu besoin de se fixer des objectifs, des mythes fondateurs plus ou moins conscients.
Attention que cette idéologie de la grande santé ne deviennent pas mortifère et nous prive de nos libertés fondamentales. La propagande écologique bat son plein et les mesures contraignantes (taxes, vaccination fortement conseillé, campagne écolo et développement durable confinant au matraquage) commencent à tomber. Les intégristes écolos et les stakanovistes du tout vaccinatoire par exemple jouent leur plein rôle, les uns prônent une dictature, les autres en toute bonne foi parlent de santé publique mais la dimension politique est toujours là en arrière plan.
Le débat démocratique et un peu de recul sont un impératif. Soyons vigilants, sous couvert de grande santé (santé de l'homme et santé de la terre) il se peut qu'on nous prépare des lendemains totalitaires.
La fusion de toutes les recherches actuelles : nanotechnologie, neurobiologie, sciences cognitives, TIC : Technologie de l’Information et de la Communication, thérapie génique pourrait effectivement nous amener vers une post-humanité ou une sur-humanité. Mais n’est ce pas le propre de l’homme de s’aider de la technique et des prothèses (vêtement, chaussure, médicament comme prothèse chimique, lunette, montre (pour se repérer dans le temps) , GPS (pour se repérer dans l’espace), outil et machine outil programmable, robot, cyborg……).
N’ayons pas peur du progrès, ayons confiance en l’avenir et en l’homme. La réflexion éthique est une nécessité, tout ce qui est techniquement réalisable ne doit pas forcément être réalisé. La technique et le progrès doivent être encadré par le politique et le législateur.