La grole et lou rénard (patois auvergnat)
Jean Claude Blanc
La grôle et lou rénard (le corbeau et le renard)
Na grôle, un tzour, dutsée tsoubre un fao
un corbeau un jour perché sur un frêne
Tenia dien son bé, un froumèze
tenait dans son bec un chèvreton
Moussu rénard, qu’y farceur un bon pao
M renard qui est farceur un bon peu
Lui diguait coume à co
lui dit comme cela
Vous donnez pès votre ètse
vous faites pas votre âge
Oh ma fe non, s’est dzinte coume un tzour !
oh ma foi non, êtes belle comme un jour
Un simple tzuour, voudrio vivre touzour
Un simple jour, voudrais vivre toujours
Si vous trouvé pè un compaïre , yeu vous mariarai
Si vous avez pas trouvé un compère, moi, je vous marierai
Et que sera bliobeu, d’avant qui temps d’arraé
Et ce sera sûrement en fin d’année
La bétieu, pachinte
La bête, patiente
Mais la creuze, célèbre musichin
Mais je la crois, fameuse musicienne
Quou est pour acco, miffia te…
C’est pour cela, méfie toi
Hanne ! fazez vire, entendre votre voué
Allons, faites voir, entendre votre voix
Tsantez comme voudré, un frintché, un patoué
Chantez comme vous voudrez, en français, en patois
Te ferai sûr dédutser…
Je te ferai déloger
La grôle villez, co martsève
Le corbeau, voyez, marchait
Comme un mourcé de po
Comme un morceau de pain
Bada la gordze bada lou bée,
Ouvrit son bec, bouche bée
Lou froumèze tombé
Le fromage tomba
Dien la gorze de l’autre
Dans la gorge de l’autre
Qu’étia badée, touta grande
Qui était ouverte toute grande
Et quand l’ayait manzé, lou rénard levé la brande
Et quand il l’eut mangé, le renard leva la queue
Et diguez coume à co
Et dit de cette façon
Dadelles !
Naïves !
Villez pè, s’infoutent pè mao de votre à voué
Voyaient pas, s’en foutent pas mal de votre voix
Te fliètève, et dillez co por un froumètze
Te flattent, et disent ça pour un fromage
Adieu, yeu m’invo, te souhaite un bon mariètze
Adieu, moi, je m’en vais, te souhaite un bon mariage
Oh filles, mes milles,
Oh filles, mes mies
N’écoutè pès, lu garagnas
N’écoutez pas les garagnats
Vous vintent, vous trompont,
Vous vantent, vous trompent
Vous plant’ront tieu, comme d’ignoux
Vous planteront comme des oignons
2 ème version « corbeau et le renard » patois
« vétio, na fièble de la Fontaine, bian coutarzé, de par à tieu »
Voici, une fable de La Fontaine, bien répété, partout ici
Un tsour, na grôle dutsé soubre un garnassou
Un jour, un corbeau perché sur petit arbre
Tenio, qu’est na villé drôle
Tenais, c’est une chose drôle
Dedien son bé un tsabrérou
Dedans son bec, un chèvreton
Lou rénard, bon compaïre,
Le renard, bon copain
Que veut toutzours, sortir de son partu
Qui veut toujours sortir de son trou
Surtigué de sa tanaïre, et s’assaya soubre son tiu
Jaillit de sa tanière, et s’assit sur son cul
Oh le tzante eusé que yeu veuse
Oh, le bel oiseau, que je vois
Ce tsante autant comme est tsantieu
S’il chante autant qu’il est beau
Qu’ou est lou plus bel eusé de par à tieu
C’est le plus bel oiseau de par ici
Et la grôle qu’avait begu, lou court bouillou
Et le corbeau qui avait bu le court bouillon
Badé tout grand son goulaillou
Ouvrit tout grand sa gorge
Dien la poussaïre, lou trasbrérou
Dans la poussière, le chèvreton
Lou rénard s’approtsé, lou chintieuné
Le renard s’approcha, le sentit
lou viré, por far tomber lu artrezux
le tourna, pour faire tomber les artisons
et crezez me, por un froumètze
et croyez-moi, pour un fromage
qu’on est pè tiré la leçou
personne en a tiré la leçon
por monde !
pauvre monde !
tso pè trop parler et surtout
faut pas trop parler et surtout
porie drôles, cresez me
pauvres filles, croyaient-moi
n’écoutez pès lu garagnas
n’écoutez pas les garagnas
vous fliètent, vous vintent
vous flattent, vous vantent
vous plientent tieu comme d’ignous
vous plantent ici comme des oignons
JC Blanc octobre 2012 (fable en patois auvergnat)
Paroles du père Dugay, un instit du pays, hélas DCD