La guerre aux boutons

Gabriel Meunier

"La guerre des boutons" (film de 1962) dénonçait la guerre, le massacre de la nature... "La guerre aux boutons" l'actualise peut-être en allant encore un peu plus loin.
Bouton floral, bouton de mercerie, bouton-interrupteur...
Trois âges ?
Temps long géologique, temps court du marché, "temps réel" de l'électricité ?
Oui mais bien plus encore

Bouton bourgeon
Extrême fragilité angoisse du jardinier
Immense potentiel
Ecrit non écrit il se pliera aux éléments

Bouton de la mercière
Petites marchandises
Colportées bien avant les merceries
Toutes apparemment anodines mais distinctives

Bouton interrupteur
Concentré de puissance minuscule espace
Loin des yeux loin du coeur "drame de l'électricité"**
Facile à utiliser mais horriblement compliquée à fabriquer

Contre ce troisième larron source de nos maux
Illusion de la facilité
Apprendre n'est plus nécessaire
Source inépuisable de dépendances et d'inégalités
alors

OUI
Déclarons
La guerre aux boutons !


NB
Ne soyons pas naïfs. Le passage aux écrans tactiles (joyeusetés de l'obsolescence !) n'est pas fortuit. Avec l'écran tactile, l'utilisateur- au sens propre - a disparu ; il se confond avec la machine, il devient totalement décomplexé en faisant juste glisser son index ; il est déchargé de toute responsabilité ; il a définitivement perdu son humanité.
* La guerre des boutons est un film de 1962, d'après le roman de Louis Pergaud. S'il a fait rire plus d'une salle, sous des apparences burlesques l'auteur fait passer nombre de convictions (antimilitarisme, importance de la nature, de l'engagement...). A trente trois ans l'auteur est tué à Verdun.           "La correspondance de Louis Pergaud est un document historique et littéraire exceptionnel duquel émerge Delphine, figure lumineuse, belle et vaillante"(Edition Gallimard).
** Référence à une déclaration d'Alfred Sauvy, à propos de l'électricité.
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