La guerre des roues
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Chapitre 1
Juin 2107, la City n'est plus qu'un immense champ de bataille. Deux camps se sont naturellement formés dans cet univers chaotique. Les 2, bipèdes soumis se déplaçant sur deux roues, sans relâche chassés par les puissants 4 dans leurs véhicules tout terrain, armés de canon à Guem. La nuit dans les rues où fourmillent les pirates modernes et les putains nauséeuses, naissent des enfants sans paroles, ni cris, des êtres destinés à l'esclavage. Ils n'ont ni avenir, ni passé, leur venue sur cette terre ne répond à aucun intérêt divin. Ils sont là pour travailler dans les grandes raffineries construites en périphérie des villes. Ils produisent la Guem. German était le fruit d'un amour brutal qui, toute sa vie durant, devait le hanter. De ses géniteurs, on lui rapporta non sans un certain plaisir, les mœurs décousus et la noirceur de leur existence . Sa mère se tenait toute la journée cuisses ouvertes sous la pluie ou sous le soleil ardent, ainsi contrainte au supplice par les 2 pour avoir fréquenté l'un des leurs. Totalement nue et attachée par les chevilles et les poignets à quatre pieux plantés en terre, elle n'était qu'un ventre à foutre pour tous les soudards, les alcooliques sans vergogne et plus généralement toute la population masculine des 4 qui venait en elle satisfaire leur bestialité. Elle crachait au visage des salauds qui ne faisaient aucun cas de son calvaire. Pourtant, contre toute attente, un jour l'un d'eux pris le temps de la regarder avant de la demander en union. Très risqué pour un 4, il pouvait être exclu de son groupe à tout jamais et subir l'opprobre de tout ses congénères. La nuit venue, profitant que la place était déserte, il revint pour la délivrer. D'une extrême maigreur, elle ne tenait plus sur ses jambes. Il s'appelait Germano, il était originaire d'une ethnie qu'elle ne connaissait pas. Il prit soin d'elle, lui redonna un prénom, Adélaïde, car même de cela, elle ne se souvenait plus. Jour après jour, elle reprit une apparence humaine et bientôt elle retrouva des bribes de langage. Germano et Adélaïde vivaient dans le centre de la City dans un abri secret construit par des mains amies. C'est là qu'une nuit, German vit le jour. Elle le sortit de son ventre seule et le présenta à son père qui le reconnut. Plus tard il devint un fils aimé et grandit sans encombre dans le dernier quartier de la City où il y avait une école. Sitôt les cours terminés, il rentrait chez lui par un réseau de souterrains et d'égouts pour s'adonner à l'étude de la mécanique. Il était âgé de vingt ans, lorsque Adélaïde mourut, emportée par une septicémie occasionnée par des plaies aux pieds mal soignées. Germano, ne supporta pas la disparition de sa compagne et se pendit au crochet d'une dépanneuse. German était orphelin et décida de sortir de son abri pour affronter la vie. Ce ne fut pas une chose facile, car des chefs particulièrement mauvais régnaient un peu partout. Il n'était donc question que de conflits, les uns s'opposaient aux autres, retranchés dans les faubourgs des villes sombres où seule régnait que la loi de la terreur. Après quelques années, German était devenu le chef respecté des 4, il savourait à chaque instant sa revanche, lui un fils de femelle 2. Il se déplaçait à présent dans une Rolls-royce cabriolet, décorée avec des peintures de guerre, arborant sur son capot des pinces de crabe. Été comme hiver, il hurlait, crispé sur son volant, cheveux au vent, son œil cruel à l'affût du moindre 2. Son armée, dotée des derniers armements anti 2, occasionnait des ravages dans le camp ennemi. Dès l'aube, les caporaux musclés, disséminés parmi la cohorte mécanique des Primo Embauchant, traquaient les paisibles 2, souvent inconscients du sort qui leur était réservé. Ces derniers maitrisaient rarement le langage et communiquaient tout aussi maladroitement entres eux. Handicapés par leur déficience intellectuelle, ils ne pouvaient tirer la leçon de l'hécatombe journalière qui creusait leurs rangs. Ils roulaient en file indienne - femmes, hommes, enfants - en direction de l'usine des 2, située de l'autre côté de la City. La mécanique simple et résistante de leurs monture d'acier, ainsi que la vélocité de leur conduite, permettait à certains de fuir au dernier moment lorsqu'ils sentaient l'odeur de la guem parvenir jusqu'à eux, c'était hélas un bien maigre instinct de survie. La guem, cette munition redoutable, était propulsée sur les Primo Embauchant par des canons automobiles, spécialement adaptés à la chasse rapide. Une fois recouverts de la glu translucide, les 4 les emmenaient les prisonniers collés à leur monture, selon ce qu'il était convenu de nommer : "la technique de l'araignée ». Ils étaient ensuite déposés dans un entrepôt situé au milieu des friches industrielles en banlieue nord. En une journée, il n'était pas rare de voir arriver une dizaine de fourgons remplis. Ce jour là, German fêtait ses 30 ans. La bière de Soulle coulait à flots sur les tables du banquet. Léchant leurs écuelles et rotant bruyamment, lui-même et ses soldats se racontaient des histoires grasses et sales de femmes et de jeunes pucelles vouées à la saillie. Ce n'était pas un monde barbare qui avait succédé au 22e siècle, c'était pire encore, car de pitié, le cœur de l'homme se trouvait dépourvu. German copula toute la soirée avec des rousses qui lui étaient réservées. Tenues en cage depuis plusieurs lunes, nourries à profusion et saoulées à la bière de Soulle, elles se donnaient sans réticence à deux ou trois en même temps, abruties par la musique des 4 qui se résumait à une longue et frénétique composition de hurlements motorisés qui rendait fou. Mais de cette folie, de cette fureur, de ces odeurs de viandes grillées et de cette chair toujours obscène, tous étaient friands. Vint la nuit et le sacrifice tant attendu. Pour fêter son anniversaire, German choisit une jeune femelle blonde. Elle fut déposée devant lui, encore soudée par la guem à sa monture, et il n'en croyait pas ses yeux. Jamais il n'avait vu pareille beauté. L'être gracile au regard terrorisé qui, lentement, sortait de son immobilisme, le fascinait. Il n'osa pas s'en approcher, comme on l'y encourageait. Il regardait la finesse de ses traits de jeune fille, incapable de la moindre violence, malgré l'orgie régnant dans la salle. Pour tout commentaire, German laissa jaillir de sa gorge un long rot sonore qui déclencha l'hilarité des convives. La jeune captive se réveillait et regardait autour d'elle le chaos indescriptible qui tenait lieu de décor. Elle était effrayée d'être à la merci des 4, aussi fragile qu'une brindille de paille dans l'œil d'une tornade. D'un instant à l'autre, elle serait plaquée à même la boue et couverte d'injures et de déjections. German se leva et frappa sa poitrine velue, cela signifiait qu'il désirait épargner la jeune fille. Il prit son bras menu et l'emmena jusqu'à sa chambre. Personne d'autre que lui n'était accepté dans ce lieu, à part ses rares soumises. La guerre des roues durait depuis de longues années et les réserves de Guem s'en trouvaient fortement entamées. Les 2 qui travaillaient jour et nuit ne fournissaient plus. Partout, par-delà les horizons du Nord et du Sud, l'armée des 4 n'avait de cesse d'étendre son pouvoir. Depuis la fin de l'ère du pétrole, un chimiste germanique, Wolgan Dustin, avait trouvé la formule d'un nouveau carburant raffiné à base de soja et bon nombre de prisonniers étaient désignés pour les travaux pénibles de culture et de récolte. Certains mourraient à la tâche, fortement affaiblis par les flagellations courantes, incapables de se rebeller. . La Rolls-royce de German était garée dans sa chambre secrète, recouverte par un drap blanc. Il en assurait l'entretien mécanique avec une quasi religiosité, travaillant torse nu avec des mains gantées de latex transparent. Il fit glisser le drap sur le capot du monstre pour l'exposer tel un phallus d'argent, à la mine déconfite de sa promise. Elle ignorait de toute évidence jusqu'à cet instant l'identité de son sauveur. Elle s'agenouilla et lui baisa les pieds, ce qui le fit grogner de suffisance. Puis, en guise de soumission, elle lui présenta sa croupe. German la dédaigna et invita l'élue à s'asseoir à ses côtés. Il lui parla une bonne partie de la nuit, bien qu'elle ne soit pas en mesure de comprendre un mot sortant de sa bouche. Par politesse, comme elle avait deviné qu'il s'intéressait à elle, elle secouait la tête régulièrement au hasard du long monologue. Les 4 voulaient rouler le plus vite possible au mépris du danger, ils ne respectaient plus les règles élémentaires de conduite et les accidents qu'ils provoquaient étaient rarement sans gravité. Plusieurs épaves de 4 finissaient de rouiller sur le bitume, abandonnées par leurs conducteurs. Avec le temps, les rapports entre 4 et 2 ne firent que s'aggraver. Progressivement laminés par une vie de labeur à laquelle ils avaient souscrit de plein gré, les 2 devinrent des proies faciles pour les chasseurs 4. Les 2 n'avaient plus d'ambition, et tout l'argent encore en circulation était jalousement conservé dans les poches ennemies. Dans le début de la matinée, German se tut enfin, contemplant la jeune fille en la faisant tourner sur elle-même comme une poupée. Il ne pouvait plus la regarder dans les yeux, son regard s'arrêtait à son cou d'une finesse extrême. Il devait se séparer d'elle, car il sentait monter en lui l'appétit de la chair fraîche. Elle ne disait rien, offerte, naïve, apeurée ! On frappa à la porte de la chambre secrète. Trois guerriers le saluèrent en lui présentant un plat de viandes grillées. Comme ils regardaient la captive avec envie, German grogna et s'élança vers eux pour simuler une attaque. Il ramassa la viande qui était tombée par terre et en donna des morceaux à la jeune fille. D'une main, il lui ouvrit la bouche et de l'autre il enfourna les morceaux directement. Il avait envie de plus encore et, comme elle se laissait faire, il l'allongea sur la table grasse. Elle sourit secrètement comme si cette position horizontale lui avait redonné un peu d'humanité. Il ne fit que la regarder, ses yeux absorbés par la blancheur de sa peau et le rouge brun de son sexe. Il se pencha pour la lécher en commençant par son visage qui, à ce moment là, avait retrouvé les traits de la terreur. Il descendit sur sa poitrine, dont il mordit sauvagement les mamelons. Il s'arrêta là, mécontent de lui, donna des grands coups de pieds dans la table et il continua son repas. Elle se leva et traversa la chambre secrète pour se diriger vers la porte, protégeant son sein sanguinolent. Elle sortit sans qu'il ne lui adresse la parole, elle était la première captive à pouvoir retourner vivante parmi les siens. Lorsqu'elle traversa le domaine de German, ses gardes se prosternèrent sur son passage, croyant qu'ils avaient devant eux une déesse revenue de l'enfer des morts. Elle avait évité l'écartèlement, l'embrochage de ses parties intimes par des godemichets titanesques, elle n'avait pas connu le supplice de la morsure des chiens qui attendaient encore dans leur cage. Tout cela lui fut épargné. Elle retourna chez les 2 sans exprimer le moindre sentiment. Mais pourtant la guerre n'était pas finie. Les 2 vivaient en périphérie de la City dans des terriers aménagés et prudemment clos par des grilles de fer cadenassées. La jeune fille se faufila dans son terrier et commença à manger quelques racines et vers de terre, ce qui représentait sa principale nourriture. Elle vivait avec son compagnon qui, comme elle, ne portait pas de nom. On ne pouvait pas dire exactement pourquoi ils continuaient à vivre ensemble, sans doute un réflexe primitif pour se protéger d'une attaque surprise. Les enfants naissaient dans les terriers et mourraient sous les tortures des 4, telle était leur destinée. La jeune fille s'accoupla à son compagnon tout en mangeant ses racines et en piochant dans sa réserve de vers séchés. Une fois l'acte accompli, elle le repoussa sans ménagement. Il s'agissait de rapports normaux entre les 2. Du fond de son terrier, alors qu'elle sentait venir le sommeil, elle entendit les pas d'une armée se rapprocher de sa grille. German était là, hurlant comme un enragé, De toutes évidences, il n'en avait pas finit avec elle et peut être avait-il une grande envie de se satisfaire. Ses soldats arrachèrent le cadenas et dégondèrent la grille. La jeune fille sortit en rampant sur ses avant-bras, ainsi qu'elle le faisait pour rentrer. Dès qu'il la vit, alors qu'elle s'était redressée couverte de terre collée, il la serra dans ses bras puissants, ce qui provoqua un grand trouble parmi ses soldats. Il ne savait pourquoi il agissait ainsi, car il avait très envie d'ouvrir son ventre pour y enfourner sa tête, pour lui manger l'intérieur. Il avait très envie de la pénétrer, de lui faire mal, d'entendre ses cris, ses hurlements dont il appréciait la sonorité commune aux femelles 2. En effet, les femelles 4 ne se donnaient pas de la sorte, il fallait offrir des cadeaux et montrer sa puissance d'une manière tout à fait particulière. Ainsi les prétendants devaient s'aligner debout devant la femelle choisie et présenter leur phallus en érection. Celui qui possédait l'organe le plus développé avait le droit de copuler. Chez les 4, les femelles avaient leur mot à dire au sujet de la procréation. Mais il n'était pas uniquement question de la taille des phallus, le mâle devait être puissant avec des muscles bien marqués et, si possible, il devait avoir une pilosité fournie. En un mot, la femelle 4 choisissait le meilleur spécimen parmi ceux qu'on lui présentait afin de satisfaire au mieux ses désirs tant de jouissance que de procréation. German serra la jeune fille contre lui et l'invita à prendre place dans sa Rolls-royce cabriolet. Le compagnon était resté au fond du terrier et n'avait rien fait, rien dit car, si tel avait été le cas, cela lui aurait coûté sa misérable vie. La jeune fille, figée aux côtés de German sur la banquette arrière du véhicule, fut couverte d'une cape blanche. Ils croisèrent des files de 2 qui se rendaient aux raffineries et Adélaide les regarda s'éloigner, indifférente à leur sort. German avait posé sa main noueuse et sale sur la cuisse de la jeune fille qui tremblait légèrement. Ils s'arrêtèrent en chemin et il insista pour qu'elle le regarde uriner sur le côté de la route. Elle n'éprouvait rien, mais ne le savait pas encore. Cette démonstration primaire de sa virilité aurait enthousiasmé n'importe quelle femelle 4, mais la jeune fille au regard translucide restait de marbre devant le mâle organe. Ils remontèrent dans la Rolls-royce, et en guise de soumission elle lui présenta son sexe souillé de la semence de son compagnon afin qu'il le sente. German frappa sa poitrine et se sentit envahi par une force plus grande encore. Arrivée dans son domaine, la jeune fille fut emmenée par des esclaves jusqu'aux salles de jets. Elle fut nettoyée, enduite de crème aphrodisiaque et préparée à l'accouplement par l'absorption d'une série de breuvages particuliers. Le soir tombait, les armées 4 continuaient leur chasse, les bidons de Guem prudemment attachés dans leurs fourgons. Beaucoup de soldats partaient en mission avec la tête saoulée par la bière de Soulle. Dans cet état euphorique, ils ne rechignaient pas aux pires exactions et n'éprouvaient aucune pitié. Les rues étaient presque désertes à cette heure, seuls quelques animaux se partageaient les restes des poubelles jetées à terre. Les torches surpuissantes des fourgons 4 balayaient lentement les recoins les plus sombres des ruines. German se souvenait de son enfance dans ce chaos. La jeune fille lui rappelait sa mère et c'était pour cette raison qu'il l'avait épargnée. Il la contemplait comme un objet rare. Et la guerre, les 2, la Guem et tout le reste étaient moins présents à son esprit lorsqu'ils étaient tous les deux. Il voulait la prendre pour épouse et lui donner des enfants mâles, auxquels il apprendrait l'art de la guerre, et c'était bien parce que cela était difficile qu'il se préparait à le faire. Il devait justifier son choix et batailler dur pour imposer la présence de la jeune fille à ses côtés. Il repensa au terrier dont il l'avait sorti, ses ongles cachaient encore un peu de terre. Elle ne ressentait rien pour lui, il s'en doutait à présent, car elle ne bougeait pas un cil lorsqu'il l'étreignait. Il se retenait pour ne pas lui faire mal, deux pulsions antagonistes mobilisaient toute son énergie. Il avait ce besoin irrépressible de l'entendre crier lorsqu'il lui fendait le ventre en deux, mais en même temps il la voulait près de lui pour femme. Elle resta impassible lorsqu'il rentra en elle par son ouverture ventrale et elle n'exprima aucun sentiment. Elle était allongée à même le sol sur une peau d'ours blanc d'une extrême rareté et il la besogna une première fois pendant une heure avant de répandre sa semence. Elle ne bougea pas. German décida de doubler les doses d'aphrodisiaques qu'il s'administra également. Des serviteurs 4 et des servantes s'occupèrent de la jeune fille, la caressant en tout point, lui chantant des mélodies étonnamment sucrées. Plus tard dans la nuit, le silence était revenu. Ils ne percevaient plus le bruit des canons dans les rues, ni les chiens-loups errants et hurlants à la mort. Ils n'entendaient plus les jouissances bruyantes et affolées des couples de 4. German oubliait les toisons abondantes et sales des femelles, leurs orifices suintant à l'odeur écœurante qu'il trouvait pourtant à son goût avant elle. Il ne pensait plus aux coups de pieds dans les bedaines pendantes des vieilles femmes saoules, les sexes monstrueux et parcourus de veines des soldats, leur gland énorme d'où perlaient quelques gouttes de futurs guerriers. Il oubliait aussi tous les 2 qu'il croisait chaque matin, et la joie peu commune qu'il éprouvait à les écraser sous les roues de son fourgon personnel. La jeune fille sortit de sa torpeur, ses joues devinrent rouges sous l'effet des puissants stimulants sexuels qui lui avaient été administrés. Son sexe avait doublé de volume et, soudain, elle n'avait de cesse de le regarder, de le toucher, en se demandant certainement comment cela était possible. German, qui se réjouissait de cet intérêt subi pour l'accouplement, vit arriver son heure de gloire. Lorsque de son plein gré la jeune fille s'allongea à nouveau en écartant largement les cuisses, lorsqu'elle entrouvrit son sexe aux lèvres hypertrophiées, elle le regarda en passant sa petite langue sur sa bouche. Il s'introduisit en elle pour la deuxième fois, bien décidé à lui laisser autre chose que sa semence. Il désirait plus que tout qu'elle le supplie en gémissant, qu'elle lui fasse honneur en reconnaissant que c'était lui le plus fort, qu'elle lui fasse comprendre avec ses yeux qu'elle n'en pouvait plus. Une heure plus tard, il arriva à ses fins et la jeune fille perdit la tête quelques minutes, devançant ses assauts, plantant ses griffes dans son dos velu et musclé. Elle l'inonda de sa jouissance, souillant la peau de l'ours sur laquelle ils se roulaient en tout sens. Enfin, ils restèrent longtemps sans bouger, étonnés l'un et l'autre de toutes ces choses étranges qui avaient défilés dans leurs cerveaux. Lorsqu'elle ouvrit la bouche pour parler, German posa sa main gigantesque dessus, en lui disant à l'oreille « C'est la guerre dehors ! » Elle répondit par un clignement de paupières.
Chapitre 2
Les 2 étaient ainsi faits que la jeune fille oublia bien vite son compagnon. Il lui importait dorénavant de rester fidèle à German et de lui faire honneur en toute circonstance. Elle fut présentée à la foule des 4 comme une nouvelle reine. Son corps fut protégé par une armure rutilante et sa chevelure fut mise en valeur, seul son visage gardait quelque chose de fragile et de triste. Surprise au début, la foule finit par acclamer le nouveau couple qui les saluait du haut de leur tour mirador. C'était de ce lieu prestigieux que German donnait ses ordres, lançant ses armées sur les champs de bataille. La jeune fille ne disait rien, comme tous ses congénères, son système de communication se résumait à quelques sons et gestes qu'elle apprit à German. Il se montrait patient avec elle, ce qui étonnait beaucoup ses plus proches sujets. Certaines de ses maîtresses riaient sous cape en regardant leur chef haut de 2 mètres et pesant plus de 120 kilos de muscles, apprendre sagement tel un jeune enfant dirigé par une frêle jeune fille. Elle fut baptisée afin de recevoir un nom, comme il était de coutume dans la société des 4. C'est German qui le choisit et, à compter de ce jour, tous devaient l'appeler Reinate. Elle apprit à vivre parmi eux, à supporter le mode de vie barbare des 4. Régulièrement, elle devait assister, en compagnie de German, à des sacrifices particulièrement cruels de 2. Elle ne disait rien, comme étrangère à la douleur de ses semblables. Des 2 masculins étaient embrochés vivants, puis rôtis sur d'énormes tapis de braises, avant d'être partagés entre les ripaillant. Les femelles 2 devaient subir les pires outrages et finissaient souvent leur vie en tant qu'esclave sexuelle. Face à tout cela, Reinate n'éprouvait aucun sentiment. Il lui arrivait certaines fois d'avoir son mot à dire sur le choix des châtiments. German s'enorgueillissait de faire confiance à sa femme et lui laissait le choix des armes, pinces pour arracher les ongles, écarteurs de bouches, fers à brûler les chairs, tout un éventail d'outils contondants complétant cette ménagère hors norme. Avec une grande application, Reinate observait longuement chaque instrument, pendant que German tournait en rond, impatient d'opérer. Ensuite, elle tendait l'objet de son choix et regardait sans émotion comment il convenait de s'en servir. Dehors, c'était la guerre depuis des lunes et des lunes. La violence, ancrée dans les paroles de chaque être vivant, s'exprimait à la moindre occasion. Les uns et les autres s'en donnaient à cœur joie, pillant les maigres réserves des 2, sommairement enfouies près de leur terrier. Il fallait que cette race disparaisse à tout jamais et avec elle leur insignifiant moyen de transport qui, par sa multiplication anarchique, précipita leur chute. Mais les 2 étaient devenus responsables de tous les maux de la société, leur surnombre occasionnant des embouteillages que les 4 ne voulaient plus jamais subir. La médiocre intelligence et, plus encore, l'absence d'agressivité des 2, les rendait indésirables au bon développement d'une société nouvelle. German ne faisait pas la guerre par plaisir, il la faisait par nécessité comme de nombreux chefs. Partout dans le pays, les 2 n'avaient été que les déclencheurs involontaires de cette violence trop longtemps contenue. Reinate mit au monde un garçon, bien lui en prit, car German aurait tué la fille indigne de sa semence si elle s'était présentée. L'enfant grandit, aimé par son père et sa mère et, quelques années plus tard, il devint le successeur de German sans que personne ne conteste cette légitimité. La guerre touchait à sa fin, il n'existait plus assez de Guem pour immobiliser les 2, toujours plus nombreux, malgré les tueries organisées depuis des années. German le deuxième, fils de German, décréta la fin des hostilités un jour de juillet. Il prononça un discours sur les télévisions régionales, n'épargnant pas sa peine. Son pouvoir de conviction était grand, car il parlait avec force en faisant de nombreux gestes, tandis que son visage exprimait à merveille les sentiments qu'il éprouvait. Les 2 retrouvèrent progressivement toute leur liberté d'aller et de venir, ils ne trouvaient cependant pas cela extraordinaire, juste normal. Ils ne parvenaient toujours pas à tirer l'enseignement des expériences de leur passé. Ainsi, quelques années plus tard, les choses recommencèrent à s'envenimer. La cohabitation posa à nouveau un problème et la guerre, issue des différences, se réinstalla tout naturellement entre les 2 et les 4. German le deuxième assista aux obsèques de Reinate, quelques heures avant de relancer ses armées dans la bataille.
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