La gueuche

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Ça va être son heure. Minuit, l’heure des zombies. Original. Moi, je suis en plein down. Triste, dépité. J’ai toujours détesté le froid et là, il caille vraiment. Je pouvais passer la nuit sur Paname mais nan, il a fallu que je me bouge le cul dans cette ville de merde où je suis à cette heure-ci un des seuls blancs becs. Je sais que je vais louper mon RER et ça me fait grave chier. Une nuit entière aux abords de la gare de Saint-Denis, relou ! Et ça craint.

Je frotte mes mains l’une contre l’autre pour me réchauffer, le genre de trucs que tout le monde fait mais qui ne sert à rien. Je sautille sur place et ça me flingue. Je suis mort, plus d’énergie. J’ai toujours le visage de mon ex en tête, en train de me dire « Bastien, je te perds en ce moment ». Elle avait tiré la sonnette d’alarme, j’aurais dû l’écouter. J’étais encore combattif pendant cette période. J’ai préféré m’enfoncer avec mes potes. J’ai envie de chialer. Plein down !

                                                     *

Elle sort du parking Vinci, seule. Mon cœur s’emballe. J’allume une gainze. La gueuche est en plein pic. Elle longe la Rue des Chaumettes en se dandinant et en chantant des trucs imbitables. Elle délire, la meuf. Je la suis, à quelques mètres derrière. Pas besoin de me faire discret, elle est à côté de la plaque.

Elle passe devant les barricades érigées par les cracktons, je change de trottoir. Ils sont tous renois et certains sont hyper agressifs. Les toxicos ont bloqué le passage avec des poubelles et des caddies de supermarché, ça leur permet de gagner un peu de temps pour planquer la dope quand les poulets débarquent. Un nuage de fumée se dégage de ce squat à ciel ouvert. Barbecue, ou simplement un feu pour se réchauffer. Ouais, c’est plus probable.

La gueuche est toujours en train de délirer, elle chante ou elle parle toute seule, complètement chépère. A force de mater le trottoir d’en face, je m’aperçois au dernier moment que je fonce droit sur un groupe de cailles.

-Attention toi ! Me fait un rebeu à casquette.

Je baisse les yeux et trace comme si de rien n’était. Saint-Denis by night est stressante. J’aurais kiffé avant, me faire des petites missions pour voir ce qu’il s’y passe. Mais maintenant que je suis dans cette freebase de mes couilles et que j’ai passé pas mal de temps ici, c’est tout le contraire. Je suis accroc à Saint-Denis et en même temps je déteste cette ville. J’angoisse.

Je retourne sur le trottoir de la gueuche, une fois que le terrain de chlagues est bien derrière moi. La meuf que je piste est une renoi très maigre. Sa gueule est ravagée mais je ne l’ai jamais suffisamment approchée pour pouvoir la détailler. J’imagine les ratiches en vrac, les plaques et les chtars sur la gueule. Elle est à mi-chemin entre le tapin et la clocharde. Dans le milieu, on appelle ça une pute à crack ou une crackwhore.

Elle ralentit sa marche. Premiers signes de la descente ? Je ralentis aussi pour rester derrière elle puis je rallume une cigarette. Elle arrive sur la Rue de la République et entre dans le Mac Do. Je reste dehors en l’attendant même si je caille ma mère. Le fast-food va bientôt fermer mais je n’ai pas faim et pas envie de claquer ma thune dans un burger. Je fume discrètement en planquant ma clope dans ma main comme si je tenais un joint. Ici, tu te fais taxer toutes les deux secondes. Ça ne loupe pas, un black me grille en force et ramène sa gueule vers moi :

-T’as une cigarette l’ami ? il me demande.

-Ouais !

Je lui en lâche une, il ne me remercie pas et se casse. Un groupe de petites cailles ont l’air de s’embrouiller devant le fast-food. En réalité, c’est juste leur manière de communiquer. En voyant des cracktons leur parler, je pige que ces mecs sont des refourgueurs. Ils en ont plein les poches. Je n’ai pas connu l’époque où les Modous africains se chargeaient de ce business. La bonne époque. Maintenant, ce sont ces putains de parasites qui revendent le poison.

Grosse déprime. Une nuit galère à Saint-Denis, plongée dans la quête de la galette. Le froid. Les souvenirs stressants de mes darons qui me dégagent de chez eux, mon ex que je kiffais qui se barre, mes potes d’enfance qui m’éloignent, mon confort qui se perd, les moments à la fac, les petits restos sympas, la santé…

                                                     *

La gueuche sort du Mac Do et passe juste devant moi. Elle est lente. Je sais qu’elle souffre. Jamais je ne l’ai vue de si près. Elle est franchement dégueulasse avec ses lunettes noires qui cachent difficilement un gnon en forme d’œuf d’autruche. J’imagine qu’elle a dû se faire éclater la gueule.

Elle salue quelques types et reprend sa route sur la Rue de la République. Saint-Denis de merde ! J’aurais été plus heureux à l’époque, quand le business était dans le 18ème. Ça m’aurait évité des galères comme cette nuit. Fait chier ! Nan, je ne dois pas me laisser abattre. C’est juste un produit, rien de plus. Je cogne contre un mur. Presque envie de me flinguer.

Je croise deux chlagues, des blacks sûrement antillais, la tête baissée et les yeux rivés sur le trottoir. La quête des résidus de cailloux, phase terminale du junky. Je les plains, sérieux. Finir dans cet état, la merde ! La gueuche que je piste s’arrête. Qu’est-ce qu’elle branle ? Rien. Elle s’arrête juste.

Je me colle contre un mur et allume une clope. Il ne m’en reste plus des masses, je vais devoir les économiser un peu. Je n’ai plus une thune. En fait si, 7 euros 25 que je garde pour plus tard. Il m’aurait fallu cinquante euros pour éviter de me retrouver dans cette galère. Cinquante putains d’euros et je serais resté à Paname, au chaud, à me défoncer le crane. Plein down !

                                                   *

Trois flics tchatchent devant le Foot Locker. L’un d’eux me dévisage. Sa tronche me dit quelque chose. Je n’ai jamais eu affaire aux poulets ici, c’est juste qu’on a déjà dû se croiser plusieurs fois. Ce n’est pas très bon, ça. Quand la police commence à te repérer et à imprimer ta tronche, tu as du mouron à te faire. J’en suis sûr, ils savent ce que je fous ici. En tout cas ils s’en doutent.

La gueuche reprend son chemin. Je la piste. Elle avance très lentement, de plus en plus fébrile. Elle a cessé de délirer. Pourtant elle aimerait bien rester perchée. Alors quoi ? Elle en a sur elle ou pas ? Je suis sûr que oui. Qu’est-ce qu’elle attend pour se fonceder ? Elle prend une rue à droite, je la suis toujours sans la quitter des yeux.

Une nuit galère à Saint-Denis, dans le froid et la grosse déprime. Je suis seul. Plus de famille, plus de vrais amis, ma meuf qui s’est barrée, ma routine de merde…Plein down ! Je n’ai vraiment pas la patate. Je tremble et j’ai mal au bide. Je rallume une cigarette. Plus que trois ! Après je devrai gratter mais ce sera très dur ici. La faune nocturne de Saint-Denis est plus en galère que moi.

Je me rends compte que je connais cette rue. Il y a une crackhouse pas loin. Enfin je crois, je ne suis jamais rentré dedans mais j’ai déjà vu pas mal de toxs disparaitre dans cette espèce de squat. Merde ! Si elle y entre, elle ne ressortira pas de sitôt. Ces clodos peuvent rester des heures et des heures à l’intérieur. Je speede pour me rapprocher d’elle. Je dois l’empêcher d’entrer, sinon ma nuit est baisée.

Nan, c’est bon, elle tourne à gauche. Je ralentis. Putain, j’ai eu chaud ! Pourtant qu’est-ce qu’il caille. Hexagone de mes couilles ! Rien à foutre dans ce pays de merde, c’est pour ça qu’on se défonce tous. Ça devient dur là, presque envie de me flinguer. Des hurlements derrière moi. Je me retourne : nan, juste des chlagues en plein trip.

                                                          *

Elle tchatche avec une copine. Une blanche. C’est rare de voir des toubabs ici. Je me planque derrière une caisse et mate la scène. Il faut que je fume. J’allume une cigarette. Plus que deux. Minuit et demi, une rue déserte en plein Saint-Denis. C’est craignos, pour deux meufs. Les putes à cailloux et les junkies sont à côté de la plaque. Ils n’ont conscience que d’une chose : ils ont besoin de Ferreros.

Les deux nanas ont l’air nerveuses. Elles sont un peu loin de moi mais elles n’arrêtent pas de remuer. Elles font des grands gestes et je les entends parler fort. Par contre, je n’arrive pas à comprendre ce qu’elles baragouinent. Elles caltent, je les piste. Un mal de crane me prend d’un coup entre les deux yeux, un peu comme une sinusite. Il ne manquait plus que ça. Je commence à ressentir des douleurs physiques en plus d’avoir l’esprit torturé, ce n’est pas bon du tout.

J’éteins ma clope à moitié fumée et range le steak dans mon paquet. C’est vraiment la merde ! Je ne suis pas bien. Pas bien du tout même. Si je fais ça maintenant, j’ai peut-être encore le temps le prendre le dernier reureu. Nan nan, calmos ! Tranquille ! Pépère ! Le stress. Le down. La merde.

Elles prennent un petit chemin et s’assoient au pied d’une baraque. Ça va être l’heure de la défonce. Je pourrais faire ça maintenant mais nan. Pas tout de suite. Pourtant, j’ai envie d’en finir. La blanche éclate un black joint déjà roulé et le fait tourner à la renoi. Qu’est-ce que je fais ? Je pourrais doubler mes doses. Mais je n’ai jamais fait un truc pareil, ça me stresse. Le bruit d’une sirène de condés me ramène tout de suite à la réalité. Ce n’est pas le cas pour les deux chlaguettes qui continuent à se camer comme si de rien n’était.

                                                 *

J’attends. J’attends. Elles sont chtraïkes. J’aimerais bien être à leur place. Elles se sont levées et elles font n’importe quoi. Ça blablate, ça danse, ça déconne. J’entends quelqu’un tousser, pas loin de moi. Je scanne les alentours. Rien. Je ne fais plus un bruit. Si, j’entends bien quelqu’un cracher ses poumons. Ok, ça vient de cette caisse abandonnée. Putain, je n’ai pas envie de rester là.

Je sors le steak de mon paquet de clopes et l’éclate. Mon troisième œil me fait mal. Au loin, le dernier RER pour Paname me fuck d’un gros doigt. Loupé ! Nuit de merde dans la capitale du crack. Je pourrais dire que je suis soûlé mais c’est pire que ça. Je suis au fond du gouffre, entre mes maux physiques et mes souvenirs de la bonne époque.

Les cracktones se calment, continuent à discuter et se prennent dans les bras. Câlins et caresses de gueuches. Une seconde sirène de condés retentit, une troisième puis une quatrième. Bienvenue dans le Bronx hexagonal ! Je n’aimerais pas être keuf ici. Il a dû y avoir un braquo ou quelque chose comme ça.

Les putes à crack s’embrassent et partent chacune dans leur direction. Cool, je commençais à en avoir ras le cul, je suis à bout. Je m’enfonce dans l’allée pour suivre la gueuche, la black que je piste depuis plusieurs jours. Je croise sa copine blanche, encore dans sa foncedée. Je ne la regarde pas pour éviter d’être grillé mais en baissant la tête, mes yeux se posent sur ses mains et je dois dire que ça fout un choc. Les paluches sont gonflées et blessées. Je n’ai jamais vu des mains aussi moches. Dégueulasse !

Ma gueuche s’arrête de marcher et se retourne. Merde. Merde ! Je ne voulais pas me faire cramer. Elle m’attend en souriant et me mate, les yeux dans le pâté. Qu’est-ce qu’elle me veut, cette cracker à la con ? Putain, fait chier !

-Tu veux une pipe mon chéri ? elle me balance d’une voix enrouée, avec un accent de blédarde.

Je passe devant elle en maintenant la tête baissée, sans répondre.

-Tu veux du crack ? elle rajoute.

Je continue à jouer la sourde oreille et avance. Quelques clodos jonchent la ruelle, je ne peux pas faire ça maintenant. Je quitte le passage et tourne à droite en espérant qu’elle me suive. Pas de bol, elle tourne à gauche. Relou, putain ! J’avance sur quelques mètres pour faire genre puis repars dans la direction opposée, en gardant une plus grande distance avec la gueuche. Maintenant, je ne dois pas la perdre de vue.

Nuit de merde à Saint-Denis. Gros down !

                                                  *

On te raconte toujours plein de trucs sur le crack, par exemple que dès ta première prise, tu deviens direct accroc et qu’au bout de quelques mois de consommation, tu te transformes en gueuche prêt à tout pour te procurer de la came. Beaucoup de gens sont persuadés que c’est vrai mais ce sont des conneries. Aucune drogue ne te rend accroc dès la première prise. Et tous les toxs ne vivent pas dans un squat de merde. Tout ça, ce sont des à priori de gens qui parlent mais ne connaissent rien.

J’ai connu plein de toxs qui se levaient le matin pour aller taffer. Ce n’est qu’une question de milieu. Moi par exemple, jamais je n’en viendrai à finir comme un clodo dans la rue ou à vendre mes fesses. C’est plus dur pour les toxs sans ressource et sans famille, ou ceux qui sortent de zonzon sans perspective. Je suis issu de la classe moyenne voire aisée, les mecs comme moi ne se désocialisent pas. Jamais je ne ressemblerai à ces geuches dégueulasses et sales.

Une embrouille entre racailles me fait changer de trottoir. Je ne perds pas de vue la tox. Ma sinusite est de plus en plus douloureuse et le moral non plus n’est pas au top. Je reviens sur le trottoir de la gueuche après avoir passé la dispute de weshs. Un grand black avec des lockes me fait un signe de la main, je l’ignore et trace. Une fois que j’aurai fait ce que j’ai à faire, je trouve un petit coin pépère et je me planque jusqu’au matin. Le danger, la galère, le froid et la sinusite. Tout ça sans être sûr que ça va marcher. Ma nuit est horrible.

Un vieux rebeu mal fringué interpelle la gueuche. Je m’arrête de marcher et allume une cigarette. Plus qu’une seule. J’observe la scène qui se déroule sous mes yeux. Rien d’exceptionnel. Juste un vieux et une jeune camée. Ils tchatchent quelques secondes et caltent ensemble. Elle va lui vendre son cul.

                                                        *

On s’est bien fait niquer avec cette histoire de freebase. Arnaud, le cousin d’un pote, en avait ramené en nous expliquant que c’était de la coke purifiée. Il nous aurait présenté ça comme étant du crack, on l’aurait envoyé chier, après tous reportages qu’ils ont passé en boucle à la télé. Pourtant, c’est exactement la même merde, du kif-kif.

Les mecs sont quand même forts ! En fonction de leur client, ils vont te présenter ça différemment. Un moyen pas cher de flyer pour les pauvres, une coke améliorée pour nous. La carotte ! On s’est bien foutus de nos gueules. Une partie de mon groupe a plongé dedans, l’autre s’en est tenue à l’écart. J’ai fait partie du premier groupe, j’ai perdu mes autres potes, les vrais. Et ma meuf. Puis mes darons m’ont dégagé de la baraque quand j’ai revendu la bague de ma mère.

Plein down ! Je n’ai plus rien ni presque personne, à part des gars comme moi. Heureusement que j’ai un minimum d’éducation et que je ne suis pas trop con. Je saurai toujours où crécher, jamais je ne plongerai dans la misère. Quand il le faudra, je pourrai remonter la pente. Rien à voir avec les zombies  qui trainent dans le secteur.

La crackwhore et son client prennent un petit chemin dégueulasse, une décharge publique illégale. C’est un cul-de-sac, je ne les suis pas. Je vais attendre bien sagement. J’ouvre mon paquet de clopes. Plus qu’une. Putain, je croyais qu’il m’en restait deux. Je les observe s’éloigner, pousser une porte et disparaitre dans un bâtiment. J’ai bien envie d’aller voir ce que c’est mais je n’aime pas les culs-de-sac. Imagine il y a des types chelous, je n’ai aucun moyen de m’enfuir.

Fait chier ! Bon allez, vite-fait. Je m’enfonce dans le passage et me grouille pour jeter un œil. Je bloque ma respiration tellement que le passage pue la pisse acide. Dur, c’est vraiment crade ! J’arrive devant la porte métallique par laquelle les deux sont passés : un local à poubelle. Putain, ils font ça là-dedans. Envie de gerber. Je retourne à l’entrée du passage en attendant la gueuche.

                                                           *

Je tremble. Le froid ou le manque, voir les deux. La gueuche et son client quittent le local à poubelles et reviennent dans ma direction. Stress. Je calte un peu plus loin pour éviter de me faire griller. Envie de vomir, l’odeur de la pisse m’est restée en souvenir. Je les observe : ils parlent vite-fait puis le vieux rebeu tapote le cul de la gueuche avant de se barrer.

La toxico stagne, à l’angle de la rue et du cul-de-sac dégueulasse où elle fait ses passes. Elle a l’air de flyer, je me demande si elle s’est défoncée dans le local à poubelles. Possible, elle se remue et fait des grands gestes, seule dans son délire de chlaguette.

C’est peut-être le bon moment. Mon cœur s’emballe. Plus de bad, plus de down, je me concentre sur mon objectif. Ça craint, je n’ai jamais fait un truc pareil. Je pète ma dernière gainze et celle-ci, je la kiffe grave. Je me lance et avance vers la pute à crack. En me rapprochant d’elle, je ressens comme un dégoût. Elle est horrible. Je passe devant sans l’aborder, on dirait qu’elle ne me reconnait pas, elle qui m’accostait il n’y a même pas une demi-heure. Je pensais qu’elle allait me parler mais nan, elle reste dans son délire. Je reviens en arrière, tire une grosse taffe et l’interpelle :

-Excuse-moi ! Tu prends combien ?

-Dix euros, elle me répond le regard à l’ouest.

-Ok, on y va.

On reprend le petit passage, je m’empêche d’inspirer par le nez. Si je renifle, sûr que je vais gerber. J’évite aussi de regarder le décor, ça aussi ça peut me dégoûter. Je tremble dix fois plus que tout à l’heure, je suis en train de flipper. Je tire une dernière grosse taffe sur ma clope avant de la jeter par terre.

La gueuche ouvre la porte du local à poubelles, on entre, j’essaye de faire le vide dans mon esprit. Je ne dois pas regarder. Comment on peut baiser dans un endroit pareil ? Elle referme la porte derrière nous, on se retrouve presque dans le noir. Seule une petite lampe niquée éclaire un peu le local. Je suis face à la gueuche. Elle me fait peur, elle n’a plus rien d’humain. Je ne sais pas quoi lui dire et je continue de trembler comme un malade mental.

-Donne-moi l’argent d’abord ! Elle me fait.

Je sors mes pièces et lui file, elle ne compte pas et les range dans une poche. Je flippe.

-Bon alors, comment ça s’passe ? je lui demande, histoire de rompre ce silence qui m’angoisse à mort.

-Sors ta bite ! Je baise pas, je fais que des pipes !

Je tripote ma ceinture, elle s’agenouille, je lui balance un coup de genou dans la gueule.

                                                             *

Je ne lui laisse pas le temps de hurler, je me jette sur elle et l’assène de coups de poing dans la gueule. Je flippe tellement que je n’arrête pas de la cogner. Aucune envie qu’elle se réveille en alertant le quartier. Je la défonce totalement sans la regarder, et pourtant ça me dégoûte. Je finis par me stopper. Je ne vais pas la tuer, je ne suis pas un meurtrier.

Mon corps tremble comme un mec en crise d’épilepsie, je ne contrôle plus rien. Je jette un coup d’œil sur la gueuche puis détourne le regard direct. C’est affreux. Je ne dois pas rester là. Je fouille dans ses poches, récupère ma thune, des clopes et trois billets de dix. Je lui laisse le couteau et son youyou. Je ne trouve pas le freebase. Putain !

Je refouille bien, une deuxième fois. Je dois prendre mon temps même si je veux me barrer d’ici le plus vite possible. Que dalle, je ne trouve pas la galette. Je glisse ma main sous son haut, le contact avec sa peau me fout une nausée terrible. Envie de vomir ! Je fouine dans son soutif. Rien. Bordel de putain de merde ! Ce n’est pas possible, elle planque ça où ? Je palpe ses jambes, trois fois de haut en bas. Mais ce n’est pas possible, bordel ! Je vire ses pompes et checke l’intérieur. Putain de putain ! Nan… Ne me dis pas qu’elle fout ça là…

Je la déboutonne, lui baisse son jean puis sa culotte. Dégueulasse ! Elle n’est pas propre. Allez ! J’enfonce mes doigts dans sa chatte. Ça y est, je sens quelque chose. Je récupère un parachute et me casse tout de suite de là en laissant la gueuche, la tronche en vrac.

                                                 FIN

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