La haine

Jean Claude Blanc

Est-ce ainsi que les Hommes vivent? actualité guère encourageante...

                           La Haine

 

La haine, avant tout, c'est ne plus s'aimer soi-même

De gerber sur ce monde, voyez où ça nous mène

A force d'être brimée, l'humanité dégaine

C'est l'autodestruction, on ne tient plus les rênes

Le sage résume tout, « il y a comme un problème… »

 

La haine résume tout, dans les quartiers trop blêmes

Les gosses et leurs aînés, en supportent les peines

Oubliés, méprisés par la cité blafarde

On marche où vont nos pas, dans la nuit au hasard

 

La haine, une émotion, cri du cœur en révolte

Quand la raison renonce, le verbiage l'emporte

Faut pas être grand clerc, pour voir, qu'on en a marre

Même les plus indignés, ne font le moindre écart

 

La haine, solution, pour plus broyer du noir

Se boucher les oreilles, ignorer les vantards

Ceux qui promettent la lune, ne sont que des roublards

Mais n'abusent personne, leurs fidèles se font rares

 

La haine, on la profère, seulement en silence

Aux regards enflammés, on perçoit les souffrances

Le pouvoir faux semblant, sur nous, peut plus agir

En rajoute une couche, croyant nous endormir

 

La haine synthétise, frustrations et regrets

On met dans même sac, les flics et les fripouilles

Jetant par-dessus bord, ce qui parait suspect

Les camés, culs bénis, les traitres et les andouilles

 

La haine, c'est un instinct, qu'est dur à réprimer

On existe que pour soi, pour survivre en secret

Chacun y fait sa soupe, propre solidarité

Encore plus résister, sur le dos des paumés

 

La haine, cette sournoise, ne se fait repérer

Suffit d'un accrochage, quelques mots déplacés

Soudain l'orage éclate, par un soleil d'été

On consume les outrages, en nous pourtant cachés

 

La haine, c'est un penchant, mais qui attend son heure

Cadeau empoisonné, cédé par le Seigneur

La pomme, on l'a mordue, ne restent que les pépins

On est tous condamnés, à toujours avoir faim

 

La haine, c'est le fond, de nos colères rentrées

Faut pas la taquiner, elle a de la réserve

La civilisation, en vain nous a dressés

Ne faut pas s'étonner, que nos neurones s'énervent

La haine, c'est la passion d'une gifle sans retour

Y'a pas contradiction entre elle et l'amour

Diffèrent les objectifs, selon les circonstances

A trop en faire joujou, le bonheur, on devance

 

De haine, n'en ai pas, des fois ça me démange

Mais arrêt sur image, je vois, ça sert à rien

Faut se montrer patient, et sage comme un ange

Sans cesse se répéter, ce qui compte c'est la fin

 

La haine, nous désarme, on devient son esclave

Face à l'adversité, on doit se montrer braves

Ne pas crier plus fort, ça ravive les éclats

De faire taire nos colères, la hargne s'apaisera

 

La haine, une expression, qui peut faire des dégâts

On saisit rarement, la portée des paroles

Se dégueuler l'ordure, c'est devenu commode

L'Homme sert de transition, entre la nature et l'âme

 

La haine, on l'encourage, depuis notre naissance

En adulant le beau, on définit le laid

Narcissique convaincu, savoure reconnaissance

Tandis que l'abruti, on le laisse de côté

 

La haine, c'est une brimade, qu'on adresse à notre Etre

Mais de cracher en l'air, nous retombe dessus

Celui qui dit, qui est, la vérité nous blesse

C'est l'interprétation, d'un gus bien déçu

 

Tellement, on est épris, du sens du paraitre

Dans ce monde moderne, au miroir déformant

Il faut jouer des coudes, pour tout envoyer paitre

Surtout les indigents, les gueux, les mécréants

 

La haine, ça arrange, les gens qui nous gouvernent

Diviser pour régner, connaissez le proverbe

Parfois, ça se termine, sur un champ de bataille

Drôle de fraternité, on n'est que du bétail

 

La haine rend sauvage, même les plus aguerris

On te tend un micro, tu dégoises sans répit

D'énormes grossièretés, pourtant c'est pas ton style

A croire, tu portes un toast, au bar de la marine

 

C'est pourquoi aujourd'hui, faut faire ami-ami

Avec notre conscience, sacrée philosophie

On n'a rien à gagner, s'offrir aux calomnies

Dans chaque Homme, y'a un cœur qui est vite meurtri

                           

 

La haine est un éclair, qui jaillit et rugit

Faut pas se faire de bile, ce n'est qu'une passade

Et après qu'est-ce qu'on fait, quand est estourbis

Il est encore temps, de trinquer, camarade

 

La haine, nous domine, on ne peut rien y faire

Mais elle a son pendant, affective jouissance

Peut-être juste équilibre, pour vivre en paix sur Terre

Car les deux conjugués, paraissent de connivence

 

La haine est un recours, quand on sait plus que faire

Evite les suicides, les remèdes de grand-mère

Pour s'épargner les coups, de l'Etat arbitraire

Laisses toi inspirer, par tes vers libertaires

 

Entre l'amour et la haine, il y a de l'espace

Mais comme la nature, a en horreur le vide

Ne faut pas t'attaquer, au premier venu qui passe

Ce monde est compliqué, tu dois être lucide

 

N'ai pas peur de la haine, c'est signe que t'es vivant

De termes peu châtiés, on en abuse souvent

Après tu le regrettes, si t'es intelligent

Ce sont les rancuniers, qui sont les plus méchants

 

Le môme désemparé, qu'est livré à lui-même

Va trainer ses baskets, quartier des émigrés

Et c'est pour lui la haine, faire tous les jours carême

Faut se mettre à sa place, sans cesse il est fliqué

 

Tous les mots ont leur sens, qu'on doit analyser

Psychos et sociologues, s'y penchent, sont inquiets

Pour l'instant, on rigole, de ces gosses illettrés

Pourraient nous en apprendre, sur l'avenir pas gai

 

La haine, nous enchaine, on peut plus s'en passer

Passe pas une semaine, qu'on constate les effets

On vole, on viole, on tue, accusant les fêlés

On ne sait plus que dire, pour s'en dépatouiller

 

On joue les vas-t-en guerre, fleur à la boutonnière

Au nom d'un Créateur, qui tarde à venir

La haine dans tout ça, est le bouc émissaire

D'une bande de flambeurs, qui veulent les poches s'emplir

 

La haine, c'est un slogan, pour éviter le pire

Une forme de dignité, pour taire nos soupirs

Peut-être un coup de gueule, histoire faire connaissance

Nouvelle façon de plaider, des pauvres leur innocence

JC Blanc           septembre 2021  (hommage à Gide)   

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