La jalousie...
arkhaam
Quand la lame à glissé sur ma gorge, je n'ai senti aucune douleur; un fin voile noir à déformé ma vue et mon cœur s'est emballé mais, curieusement, je n'ai pas eu mal. J'ai placé ma main autour de mon cou mais sans pression, je ne voulais pas empêcher le sang de sortir mais juste faire que ça n'aille pas trop vite et j'ai fixé le miroir. Ma vie s'échappait doucement entre mes doigts et ce qu'on dit dans les romans est vrai, c'est chaud et sirupeux, presque agréable. La tête commençait à me tourner, les pensées sont arrivées d'un coup, par centaines. Mais qu'est-ce que je foutais là, dans la salle de bain d'une chambre d'hôtel, seul et la gorge ouverte??
J'ai ouvert difficilement les yeux, le soleil entrait par un mince espace du volet mal fermé et venait se planter, directement, sur mon visage. Putain ce que je peux détester ça. Ma main à fouillé le reste du lit et quand elle n'a trouvé que le froissement du drap, la panique m'a pris. Elle n'était plus là et je ne l'avais même pas entendu se lever. Elle avait, réellement dû faire de sérieux efforts parce que j'ai le sommeil si léger que le simple souffle d'un mouvement peut me réveiller. Comment s'y était-elle pris? Une fois encore je me retrouvais là, stupide et seul à me faire envahir de questions et de pensées plus tordues les unes que les autres. Bien sur, les premières fois je m'en voulais de penser à mal, elle m'avait juré que rien n’entacherait notre amour et que, sur l'âme de sa pauvre sœur morte, je pouvais avoir toute confiance en elle. J'avais trente sept ans, j'étais pris d'un amour sans limites pour une femme et je découvrais, malgré moi, le sentiment de jalousie.
Toute ma vie j'avais détesté les gens jaloux, je refusais de croire que la confiance seule n'était pas suffisante à la bonne marche d'un couple et pourtant, j'ai précipité ma chute et j'ai conduit, moi-même, mon histoire d'amour sur les bords d'un précipice sans fin. Rien ne laissait penser que ce qui m'est arrivé allait m'arriver car j'ai toujours cru être quelqu'un d'exceptionnel, au-dessus des autres, dont le reste du monde devait s'inspirer, en gros un connard prétentieux et arrogant.
J'ai rencontré Eve chez des amis, la première fois que mes yeux se sont posés sur elle, je l'ai trouvé insipide et sans intérêt physique, il faut vous dire que je suis un de ces types dont les femmes raffolent, celui que l'on pense ne jamais avoir car il choisira forcément la plus belle. Et ce soir là, il y avait de nombreuses femmes qui faisaient partie des invités et, bien sur, j'étais bien décidé à ne pas rentrer seul.
C'est pour ça qu'Eve ne m'a pas le moins du monde accroché, du moins au début car
j'ai très vite remarqué qu'elle me fixait mais que dès que je me tournais vers elle, elle regardait ses pieds. Je crois que j'ai trouvé ça attendrissant et j'ai commencé une sorte de jeu, de toute façon il ne se passerait rien et puis je m'ennuyais, alors autant s'amuser. Nous avons échangé de nombreux regards puis j'ai commencé à la regarder différemment, il y avait en elle quelque chose d'attirant que je n'arrivais pas situer, était-ce son regard ou encore son sourire, ses mains étaient délicieusement fines et parfaitement manucurées et sa visible timidité rendait les expressions de son visage tout à fait charmantes. Huit mois plus tard, nous étions mariés.
J'ai mal, tout tourne et mon sang se répand sur le sol sans discontinuer, je suis près de perdre conscience, mes fringues sont imbibées, elles me collent à la peau, dans les romans ils ne disent pas comme c'est terrible de mourir....
J'ai bu un café et je me suis servi une vodka, je sentais la colère monter, la rage était en train de me prendre et je n'avais pas la moindre idée de l'endroit où elle se trouvait, pourtant elle était avec un autre homme, je le savais, je le sentais, le sentiment me rampait sous la peau et tout mon être criait en silence, transformant les hurlements muets en une douleur implacable qui parcourait chaque veine de mon pauvre corps. Je devais la trouver, la retrouver, la prendre et l'emmener loin, là où personne ne viendrait nous chercher, où nous serions ensemble sans plus jamais avoir peur, juste elle et moi, elle dont je ne savais me passer, elle que j'aurais tuer plutôt que la perdre. Je me suis servi un autre verre, plus grand et la chaleur de l'alcool qui s'engouffrait dans ma gorge m'a quelque peu apaisé, je me suis assis car la tête me tournait, il fallait que je pense, je devais réfléchir....