La jetée

arnaud-luphenz

Le val des sanglots enfanta une mer de sel. En son sein, les vagues tempêtaient, jalouses et impudentes. Possessives et aguicheuses.
Le ressac grimait la nausée de l’eau sans repos. Il ravalait la cité.

Au loin, l'incube poursuivait la femme écarlate. Elle épousait le ciel dressé tel un sémaphore passionné et rejoignait en hâte l'escadre des flammes en partance. Au crépuscule, la course se fit brasier.

A l'orée des traverses du port, un carillon- témoin prit de la voix et s'invita dans les murmures du soir. Le beffroi s'en donnait à cœur joie. Les horloges accéléraient la cadence et la sorcière des remparts fit un vœu voisin de l'abîme. Le boudoir des artifices vira au rouge. La rue devint fumée.

Un sort scella le destin du noir séraphin. L'océan s'agitait et une déferlante vint l'emporter dans son élan. Un cri s'échoua sur la rive. Un soupir s'éleva de l'empyrée.

La traque incendiaire ne s'évanouit pourtant pas. Car si la fleur du berceau s'épanouit, le démon en fut le bourreau. Le sourire en main: Dextre avait survécu. Le souffle éveillé fut l'espoir de la jetée.
Et seule une caravelle apatride s'échappa de l'écume. Là où des nuages spéculaires livrèrent une aube dorée...

Signaler ce texte