la lectrice

Ghyslaine Bobillier

Je le laisse se poser sur mes genoux

Le couvrant d’un regard doux

Ma main sur son dos cherche les indices

Qui nous ferons complices

Il s’ouvre ensuite à moi

Et mon cœur s’enivre d’émoi

Je le parcours en silence

Essayant  d’adapter mon souffle à sa cadence

Et parfois lasse

De m’échouer dans les crevasses

De ses profondes  circonvolutions

Je feigne l’abandon

Alors par un simple mot, une tournure

Il me convainc de poursuivre l’aventure

 Désormais  seules mes paupières

Indifférentes à mes prières

Telles des duègnes veilleront  mes nuits

Me séparant de lui

 Je sais que le lendemain

Lorsque je le chercherai de la main

Il me montrera son mécontentement

De l’avoir abandonné si longuement

Et comme un jeu puéril

M’imposera de retrouver en lui  le fil  

Qui nous conduira inéluctablement

Comme de vieux amants

Vers notre séparation

Je le refermerai alors avec attention

Le rangerai dans son rayonnage

Et m’empresserai de prendre un autre ouvrage

Signaler ce texte