La liaison
metis
Jack et Joan. Rentrer seule. Gâcher une robe sexy. Autant d'éléments qui la contrarient. Elle doit agir.
Elle n'en fera pas une rivale, elle est au-dessus. Sa place, au sommet, elle se l'est faite il y a fort longtemps, elle lui a coûté cher, elle y restera.
Choisissant dans l'historique de sa S-car une des destinations sauvegardées dans ses favoris, elle se retrouve en deux minutes devant le gigantesque portail sécurisé d'un imposant manoir londonien. Sa B-WATCH en guise de laisser-passer anime le capteur de lourdes grilles qui l'invitent majestueusement à entrer.
L'excitation grandit déjà en elle, empourprant ses joues, rehaussant un maquillage impeccable qui souligne subtilement ses traits parfaits.
Comme chaque fois, c'est lui qui vient lui ouvrir la porte. Elle est la seule pour qui il remplace le travail de ses dizaines de domestiques, révélant l'importance qu'il lui porte. Cette marque d'affection est toutefois la seule qu'ils s'autorisent mutuellement, ce qui lui donne ce goût si particulier.
C'est négligemment qu'elle lui jette son manteau dans les bras, sans un regard, d'un pas précis elle se rend vers le petit salon. L'ondulation de son bassin mêlé au croisement de ses talons aiguilles qui résonnent sur le marbre rendent sa démarche envoutante. Seul son corps, jouant de tous ses attraits, est une invitation envoyée à son attention.
« Comment vas-tu PRICE ? », alors qu'elle se verse un scotch qu'elle descend d'une traite.
Jack tend à sa domestique le manteau en vison cellulaire, produit en laboratoire à base d'ADN animal, et se dirige vers elle.
_ Est-ce que ça t'intéresse ?
_ Non, j'essayais d'être polie. Je ne suis pas là pour faire la conversation.
_ Me voilà rassuré. J'ai eu peur que les mondanités de ce soir t'es contaminée JONES.
_ Tu sais que tu n'as pas à t'inquiéter pour moi, je ne suis pas prête de changer.
Son visage se contracte, regrettant déjà les paroles qui venaient de s'échapper de sa bouche.
_ Inutile de me le rappeler, j'en ai déjà fait les frais. C'est quoi ? Tu fatigues JONES ? Ce n'est pas ton genre de perdre le contrôle.
Il marque un point. Elle se rapproche de lui, dénoue sa cravate et murmure :
_ Pourquoi ressasser le passé, nous sommes bien ainsi, tous les deux ?
_ Difficile de te contredire à cet instant.
_ Qu'est-ce qu'il fait chaud chez toi, s'exclame-t-elle, en passant sa main sur son front, décollant sa frange de sa peau humide d'un geste nonchalant. Jack PRICE, sans la quitter des yeux, avale une gorgée et la défie.
Elle l'attire vers elle, alors qu'elle recule vers le bureau ovale, elle se hisse sur le meuble de bois sculpté recouvert de cuir tendu, relève sa robe et l'encercle de ses jambes galbées. Ses talons lui entaillent les cuisses, décuplant le désir.
Dominateur, il la bascule sur le bureau, réitérant chaque semaine le même schéma de relation sauvage, dans la cuisine, la voiture, la salle de conférence de l'entreprise familiale, chaque mètre carré praticable à l'exception de la chambre à coucher. Trop intime, se défend Mila. Elle est capable de lui faire découvrir les pratiques les plus osées qui existent, mais retrouve toute sa pudeur dès qu'il s'agit de sentiments. Pour Jack, c'est ce qui la rend toujours plus irrésistible, une proie insaisissable qui se désintégrera à la seconde où elle se sentira enfermée.
L'acte fini, elle baisse sa robe, embrasse une dernière fois le torse brûlant et griffé de Jack et part sans se retourner. Satisfaite. « Il est à moi ».
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